CHRONIQUES TUTTI FRUTTI



Jean-Claude Ribaut, architecte écrivain, promeneur-chroniqueur gastronomique, au Monde pendant plus de vingt ans, est, comme le note Bernard Pivot, « grand lecteur, sa culture artistique et littéraire est impressionnante. Il ne l’étale pas. Il ne la convoque que lorsque les adresses sont des lieux de mémoire. Il embarque avec lui Baudelaire, Ernest Hemingway, Céline, Apollinaire, Tocqueville ou Pérec seulement quand il en a besoin. Comme une herbe du jardin ajoutée à la fois pour le goût et la beauté. » (...) « Autre mérite de Jean-Claude Ribaut : son écriture soignée, goûteuse, fluide, liée comme une sauce réussie ».

Sa première chronique gastronomique est parue en 1980 dans Le Moniteur des Travaux Publics, sous le pseudonyme Acratos (celui qui ne met pas d’eau dans son vin). Il collabore au journal Le Monde, au temps du magistère de La Reynière, puis aux côtés de Jean Pierre Quélin.

Architecte D.P.L.G. et élève titulaire de l’Ecole pratique des hautes études (E.P.H.E.), il a fait ses premières armes journalistiques à Combat et participé à la création d’un magazine d’architecture qu’il a dirigé jusqu’en 1996. Il a collaboré à diverses publications, participé à la réédition du Guide Gallimard des restaurants de Paris en 1995. Il a publié avec Bernard Nantet aux éditions Du May Le Jardin des Epices (1992), puis chez Hachette en 1998 Saveurs de Havanes, un hommage au cigare cubain avec Michel Creignou. En 2003 dans la collection Découvertes Gallimard Le Vin, une histoire de goût avec l’historien Anthony Rowley. Egalement 100% Pain chez Solar, autour des techniques du boulanger Eric Kayser (2003). Puis Lasserre (Editions Favre. 2007), avec les recettes du chef Jean-Louis Nomicos.

Il est aujourd'hui chroniqueur gastronomique à La Revue : pour l'intelligence du monde (mensuel édité par le groupe Jeune Afrique), SINE MENSUEL, Dandy magazine, Tentation (trimestriel), Plaisirs (magazine suisse bimestriel), Le Monde de l'épicerie fine, Le Monde des grands Cafés, et au Petit journal des Toques blanches lyonnaises, après avoir officié au journal Le Monde pendant plus de 20 ans.

Dernier ouvrage paru : Voyage d'un gourmet à Paris (Calmann-Lévy, 2014). Prix Jean Carmet 2015.

Dominique Painvin est spécialiste de la communication multimédia.

Ancien chargé de mission audio-visuelle à la Mairie de Paris.

Surnommé "Le Couteau suisse", cet ancien journaliste musical en radio & presse écrite spécialisée, reporter sur les grands festivals rock, pop, jazz français et européens, et chef d'édition dans les années 80 et 90, s’est aussi frotté au management culturel en oeuvrant pour la promotion du théâtre universitaire (programme "Fous de théâtre" avec la création d'un Salon de lecture et la production de spectacles universitaire dans le "In" du Festival d'Avignon) et celle du monde musical vers le monde universitaire, en collaboration avec les grands festivals (Francofolies de la Rochelle, Eurockéennes de Belfort, Transmusicales de Rennes, Paléo festival de Nyon, Printemps de Bourges, etc…), et les maisons de disques (labels indépendants, majors compagnies).

Carole Aurouet est docteur en littérature et civilisation françaises et latines, maître de conférences HDR à l’Université Gustave Eiffel en Etudes cinématographiques. Elle est membre de l’Institut de recherche en cinéma et audiovisuel. Elle fait partie du consortium du projet ANR Ciné08-19 (histoire du cinéma en France de 1908 à 1919) porté par Laurent Véray. Spécialiste de l’œuvre protéiforme de Jacques Prévert (théâtre, poésie, cinéma, collages), ses recherches sont aussi centrées sur les relations qu’entretiennent la littérature et le cinéma, et plus spécifiquement la poésie et le cinéma. D’autres poètes sont ainsi au centre de ses travaux : Guillaume Apollinaire, Pierre Albert-Birot, Antonin Artaud, Robert Desnos, Benjamin Péret, etc. Dans ce cadre, elle convoque la génétique scénaristique, pour mettre en exergue les sentiers de la création cinématographique, tant au niveau de l’attribution du travail des uns et des autres dans une entreprise collective qu’au niveau de la spatialisation de la pensée créatrice ou encore de la socialisation de l’écriture scénaristique. Au sein de l'école doctorale Arts & Médias de la Sorbonne nouvelle - Paris 3, elle dispense depuis 2019 un séminaire sur la critique génétique scénaristique. Carole a créé et dirige la merveilleuse collection « Le cinéma des poètes » (Nouvelles éditions Place).

Vianney Huguenot est journaliste, chroniqueur sur France Bleu Lorraine et France Bleu Alsace, auteur au Petit Fûté et anime une émission sur Mirabelle TV (ViaMirabelle), « Sur ma route » au cours de laquelle il nous fait partager son « sentiment géographique », également sur ViaVosges. C’est un déambulateur réjouissant : chroniqueur sur France Bleu Lorraine, France Bleu Alsace, Vosges Matin, L’Estrade et Mirabelle TV, Vianney nous fait découvrir les lieux insolites et secrets de la région Grand Est, nous fait passer la porte de bistrots attachants et des cafés-restaurants de village méconnus, nous fait surtout partager son amour des rencontres avec beaucoup de talent.  "Hexagone trotter ", il sillonne plus largement la France depuis plus de vingt ans et sait formidablement donner envie de mettre nos pas dans ses pas.

 

Il a écrit plusieurs ouvrages, notamment : « Les Vosges comme je les aime » (Vents d'Est, 2015), « Jules Ferry, un amoureux de la République » (Vents d'Est, 2014), « Jack Lang, dernière campagne. Éloge de la politique joyeuse » (Editions de l'aube, 2013), « Les Vosges par le cul de la bouteille » (Est livres, 2011, préfaces de Philippe Claudel et Claude Vanony), « La géographie, quelle histoire ! » (Editions Gérard-Louis, 2009, en collaboration avec Georges Roques, professeur d'université. Préfaces de Christian Pierret et Jean-Robert Pitte. Postface d'Yves Coppens), « Référendums locaux, consultations des électeurs, une avancée pour la démocratie ? » (Territorial éditions, 2005).

Vianney Huguenot - Le verbe est dans le fruit (Conseil en ...

leverbeestdanslefruit.com/vianney-huguenot

 

Timothy Adès est poète traducteur-britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec

Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Louise Labé, Robert Desnos, Jean Cassou, Georges Pérec, Alberto Arvelo Torrealba, du poète vénézuélien des Plaines, du mexicain Alfonso Reyes, de Bertold Brecht et de Sikelian. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e. "Ambassadeur" de la culture et de la littérature française. Il est le premier à avoir traduit les "Chantefables" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Dernier ouvrage parus : "Alfonso Reyes, Miracle of Mexico" (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant "(Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, his poems with my version.

 

Timothy Adès | rhyming translator-poet

www.timothyades.com

MON REVE FAMILIER, par Paul Verlaine / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


Portrait de Paul Verlaine à 23 ans par Frédéric Bazille, 1867

 

   Paul VERLAINE publie son premier recueil, les Poèmes saturniens, en 1866. Il a 22 ans.

Ce sonnet bien connu est extrait de la première section « Melancholia » et ‘représente la femme sous une forme idéalisée’.

J’ai pu le réciter devant trois femmes idéales : brune, blonde, et rousse : y comprise Patricia McCarthy* qui publie chez AGENDA mes Chantefables de Desnos, mon Amadis de Cassou et le grand volume anglo-français (Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant).

 

T.A

 

 *Patricia McCarthy lauréate du concours national de poésie 2012 est née à Cornwall, et a grandi principalement en Irlande. Après des études au Trinity College de Dublin, elle a vécu à Washington D.C., Paris, Bangladesh, Népal et Mexique. Elle vit maintenant dans l’East Sussex, où elle a enseigné pendant quinze. Son œuvre a remporté plusieurs prix. Ses collections récentes comprennent Rodin’s Shadow (Clutag Press/Agenda Editions, 2012), Horses Between Our Legs (Agenda Editions, 2014 – livre choisi de l’année dans The Independent), Letters to Akhmatova (Agenda Editions, 2016). Rockabye (Worple Press, 2018), Trodden Before (High Window Press, 2018). Shot Silks (Waterloo Press) et Hand in Hand (London Magazine Editions), 2021...

 

Timothy Adès  a déclamé Mon rêve familier à Petersfield ville du Hampshire, en Angleterre, dans le cadre du South Downs Poetry Festival lorsque les poètes invités étaient Jessica Mookherjee, Patricia McCarthy, Jane Lovell.

 

 

Mon rêve familier

 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

 

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent

Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

 

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.

Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore

Comme ceux des aimés que la Vie exila.

 

Son regard est pareil au regard des statues,

Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

 

 

 

Léo Ferré : https://www.youtube.com/watch?v=HotHx2A-mk0

Jean Topart : https://www.youtube.com/watch?v=97G7SeKeoVg

Robert Hirsch : https://youtu.be/BNd79dy5KuA

 

My familiar Dream

 

I often have this strange and striking dream:

Some woman, whom I love, and who loves me;

Loves me and understands; not utterly

Different each time, not utterly the same.

 

She understands me, she alone, and clears

My clouded heart, uncomplicated now

For her alone; my damp and pallid brow

She, she alone, can freshen, with her tears.

 

Her hair: brown, blonde or auburn? I don’t know.

Her name resembles music sweet and low,

Like names of loved ones Life has sent away;

 

Her gaze is like a statue’s, and her tone

Of voice is distant, calm, and grave: you’d say,

Like those dear voices that are hushed and gone.

 

Copyright © Timothy Adès

 

Publié dans Cantalao 1.1, 2013, revue dévouée à Neruda

(Neftalí Reyes) qui s’est donné le prénom Pablo.

 



1- Poèmes saturniens, par Paul Verlaine (Paris : A. Lemerre, 1866);  édition originale. - La couv. porte pour date : "1867".

Recueil de 38 poèmes : PROLOGUE. MÉLANCHOLIA (I. Résignation; II. Nevermore; III. Après trois ans; IV. Vœu; V. Lassitude; VI. Mon rêve familier; VII. A une femme; VIII. L’angoisse / EAUX-FORTES (I. Croquis parisien; II Cauchemar; III. Marine; IV. Effet de nuit; V. Grotesques / PAYSAGES TRISTES (I. Soleils couchants; II. Crépuscule du soir mystique; III. Promenade sentimentale; IV. Nuit du Walpurgis classique; V. Chanson d’automne; VI. L’Heure du berger; VII. Le Rossignol / CAPRICES (I. Femme et chatte; II. Jésuitisme; III. La Chanson des Ingénues; IV. Une grande dame; V. Monsieur Prudhomme).

INITIUM / ÇAVITRI / SUB URBE / SÉRÉNADE / UN DAHLIA / NEVERMORE / IL BACIO / DANS LES BOIS / NOCTURNE PARISIEN / MARCO / CÉSAR BORGIA / LA MORT DE PHILIPPE II. ÉPILOGUE

2- Prologue des Poèmes Saturniens par Verlaine

3- Revue "AGENDA", Numéro spécial anglo-français Vol 53, publié en janvier 2020. C'est une longue tradition d’Agenda que de publier et de promouvoir d’importants poètes du monde entier. Au sommaire de ce N° : William Bedford on Elizabeth Ridout : Summon / David Pollard : Broken Voices / Jordi Doce : We were not there / Rachel Mann: A Kingdom of Love / Martyn Crucefix on Rilke in Paris, translated by Will Stone / Duino Elegies, translated by / Elizabeth Ridout on Birnam Wood / El Bosque de Birnam by José Manuel Cardona, translated from the Spanish by Hélène Cardona / Anne-Marie Fyfe: No Far Shore : Charting Unknown Waters / Marilyn Hacker: Blazons : New and Selected Poems, 2000-2018 / Alfonso Reyes : Miracle of Mexico, translated by Timothy Adès / Patricia McCarthy on Jean Atkin : How Time Is In Fields / Janet Montefiore : Disposing of the Clothes and other poems / Robert Hamberger : Blue Wallpaper / W S Milne on Mimi Khalvati : Afterwardness / Naomi Foyle : Adamantine / M.C. Caseley on Gallop : Selected Poems (Carcanet, 2019) by Alison Brackenbury. Interview de Marie-Claire Bancquart par Christina Cook.


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

 

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EXERCICE, par Guillaume Apollinaire / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

 

 

   Voici aujourd'hui 'Exercice ', « Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916) » extrait du recueil Calligrammes, section « Obus couleur de Lune » de Guillaume Apollinaire (1880-1918). 

Apollinaire est blessé dans la Grande Guerre : mais ce qui le tue en 1918, c’est la grippe. 

La guerre, la famine, la pestilence, la mort : ça continue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Portrait de Guillaume Apollinaire, 1910, par Jean Metzinger (1883–1956)

 

 

Exercice

 

Vers un village de l’arrière

S’en allaient quatre bombardiers

Ils étaient couverts de poussière

Depuis la tête jusqu’aux pieds

 

Ils regardaient la vaste plaine

En parlant entre eux du passé

Et ne se retournaient qu’à peine

Quand un obus avait toussé

 

Tous quatre de la classe seize

Parlaient d’antan non d’avenir

Ainsi se prolongeait l’ascèse

Qui les exerçait à mourir

 

 

Drill

 

Four men were making their way to the rear

Each of the four was a bombardier

Back to a village, they’d been stood down

Covered in dust from toe to crown.

 

They looked at the plain and it was vast

And they were talking about the past.

They talked about the past so well

They hardly turned round at the crump of a shell.

 

Not for them was the future, this class of ’16.

Their talk of the past and how it had been

Was the working out of a discipline

That ground them down till it grubbed them in.

 

 Copyright © Timothy Adès

 


 

1- Calligrammes, dessins de Pablo PIcasso, Edité par Mercure de France, 1918. 7 sections composent  ce recueil : Ondes, Etendards, Case d'Armons, Lueurs des tirs, Obus couleur de lune ( d'où est extrait le présent poème), La tête étoilée.

2- Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916, belle édition illustrée (Gallimard, 1er janvier 1930), première parution en 1925 (illustrations de Giorgio De Chirico); nouvelle édition en 1930. 

3- Obus couleur de lune, Musée de la Tour Nivelle, à Courlay, dans les Deux-Sèvres.

4- Guillaume Apollinaire au centre, pendant la guerre 1914-1918. © Albert Harlingue/Roger-Viollet.

5- Photographie d'Apollinaire blessé : Incorporé en avril 1915, il avait reçu un éclat d’obus à la tête le 17 mars 1916. Il sera terrassé deux ans plus tard par la grippe dite " espagnole", chez lui, au 202 boulevard Saint-Germain, deux jours avant l’armistice (Rene Dazy/Bridgeman images).

6- "La muse inspirant le poète", Marie Laurencin, Guillaume Apollinaire, tableau du Douanier Rousseau, vers 1909

7- Apocalypse selon Saint Jean - Les quatre cavaliers, Gravure sur bois de fil sur papier vergé à la forme filigrané, par Albrecht DÜRER- Nuremberg, entre 1498 ; et 1511 (Musée de Reims).

8- Monument de Picasso à Apollinaire Square Laurent Prache, Paris 6e.


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

 

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AU MARCHE DE SAINT-PAUL J'IRAI, par Germain Nouveau / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

  

 

   Voici Germain NOUVEAU (1851-1920) : et son poème que j’ai connu à travers la belle musique d’Isabelle Aboulker, que Julia Kogan chante sur ces deux disques, aussi bien en français qu’en anglais. Symboliste, ami de Verlaine et de Rimbaud, l'auteur des Valentines et de La Doctrine de l'amour aurait reçu de Verlaine le texte des ‘Illuminations’ de Rimbaud, dont j’ai traduit les éléments qu’a choisis Benjamin Britten, et que chantera Julia.

« Germain Nouveau eut une grande influence sur les surréalistes, au point que Louis Aragon disait de lui: ‘Pas un petit poète, mais un grand poète. Pas un épigone de Rimbaud : mais son égal.’ »

 

 

Au marché de Saint-Paul j'irai

 

Au marché de Saint-Paul j'irai,

Ma petite et je te vendrai.

Je vendrai tes yeux effrontés

Cent beaux écus fort bien comptés.

 

Et je vendrai tes doigts rusés,

Ces oiseaux mal apprivoisés,

Et ta lèvre qui toujours ment

Quatre-vingts doublons seulement.

 

Je vendrai tes bras fins et longs

Et les roses de tes talons,

De tes genoux et de tes seins

Vingt mille francs napolitains.

 

 

Je vendrai le jour de Saint-Paul.

Et la raie autour de ton col

Et les jolis plis de ta chair

Un million, ce n'est pas cher.

 

Et ton chignon tordu, pareil

A l'or flambant dans le soleil,

Et tes baisers je les vendrai

Aux enchères que je tiendrai.

 

Aux enchérisseurs les plus forts

Je vendrai ton âme et ton corps,

Et ton cœur, s'il est recherché,

Sera par-dessus le marché.

 

 

 

Musique d’Isabelle ABOULKER : Julia KOGAN chante…

En français : https://www.youtube.com/watch?v=DtRCu-7DfUk

 

I am off to the market-day

 

I am off to the market-day

I’ll be bargaining you away

I’ll be selling your shameless eyes

One hundred pounds, good merchandise

 

Next I shall sell your fingers sly

Those untamed birds that love to fly

And your lip that brazenly lies

For eighty roubles, what a prize

 

And I shall sell your fine long arms

And your heels with their rosy charms

And your soft breasts, your lovely knees

For sovereigns from the Sicilies.

 

 

It’s market day and I shall float

The pretty furrow at your throat

And every lovely fleshy fold

One million: it’s fairly sold.

 

Your twist of hair that’s tightly rolled

And flashes in the sun like gold,

Your kisses too will all be sold

In the auction that I will hold

 

Highest bidders will take control

When I sell you, body and soul.

And your heart, if some folk enquire?

Held back: its worth is much, much higher.

 

Copyright © Timothy Adès

 

Music by Isabelle ABOULKER : Julia KOGAN sings…

In English : https://www.youtube.com/watch?v=vxnkXXypnik


Germain Nouveau vers 1890 / Petite ville natale de Pourrières (Var) / Maison natale de Germain Nouveau à Pourrières / Merveilleux Album d'Isabelle Aboulker et Julia Kagan, 2 CD, édité au Royaume-Uni (First Hand Records – FHR66, 2018) / Julia Kagan et Isabelle Aboulker en studio, 2019

 Pour en savoir un peu plus sur Germain Nouveau : https://youtu.be/sKX1tJ2DSss


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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BRITISH INDIA, par Henry Levet / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


Le Palais de Kapurthala

 

   Anglais, je me souviens du couronnement de 1953, à la télé. Quand je naquis en 1941, le roi d’Angleterre était Empereur de l’Inde. Rudyard Kipling, à qui Henry Jean-Marie LEVET (1874-1906) dédicace le poème que je vous propose aujourd'hui, était le grand poète et romancier de cet Empire : son ‘Recessional’ l’a averti contre l’orgueil…

Kapurthala : un grand noble, très distingué, francophile.

 

N.B: 120° F = 49° C.

 

A propos d'Henry LEVET, voir svp mon article sur le blog du PRé du 24 avril de 2022 :

https://www.pourunerepubliqueecologique.org/2022/04/24/outwards-par-henry-j-m-levet-timothy-ad%C3%A8s/

 

British India

 

À Rudyard Kipling

Les bureaux ferment à quatre heures à Calcutta;

Dans le park du palais s’émeut le tennis ground;

Dans Eden Garden grince la musique épicée des Cipayes;

Les équipages brillants se saluent sur le Red Road...

 

Sur son trône d’or, étincelant de rubis et d’émeraudes,

S.A. le Maharadjah de Kapurthala

Regrette Liane de Pougy et Cléo de Mérode

Dont les photographies dédicacées sont là...

 

— Bénarès, accroupie, rêve le long du fleuve;

Le Brahmane, candide, lassé des épreuves,

Repose vivant dans l’abstraction parfumée...

 

— A Lahore, par 120 degrés Fahrenheit,

Les docteurs Grant et Perry font un match de cricket, —

Les railways rampent dans la jungle ensoleillée.

 

 

British India

 

To Rudyard Kipling

 

At four, Calcutta’s offices are shut.

Excitement at the Palace tennis-court.

In Eden Gardens, spice of sepoy band.

On the Red Road, smart landaus meet and greet.

 

Enthroned in rubies, emeralds, and gold,

The Maharajah of Kapurthala

Thinks ruefully of Pougy and Mérode,

Whose inscribed portrait photographs he holds.

 

Benares dreams, crouched at the riverside;

The Brahmin, candid, weary of his tests,

Lives in his perfumed abstract thoughts, and rests.

 

Lahore is at one-twenty Fahrenheit.

Cricket, Perry’s XI versus Grant’s.

Through sun-drenched jungles, railway-lines advance.

 

Copyright © Timothy Adès

 



Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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LES ENFANTS QUI S'AIMENT, par Jacques Prévert / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


By Carole Aurouet*

 

   Un poème du merveilleux Jacques PRÉVERT (1900-1977). Il détestait l’école ! Quand même, il y a une École Jacques Prévert à Londres que je connais, dans l’arrondissement Hammersmith… Voici deux livres de ses poèmes traduits en anglais, l’un par l’amie Sarah LAWSON, l’autre, bilingue, de Lawrence FERLINGHETTI, beatnik qui nous a quitté récemment à plus de cent ans.

 

*Carole Aurouet, docteure en littérature et civilisation françaises et latines, est maîtresse de conférences HDR à l'Université Gustave Eiffel, membre du Laboratoire LISAA (Littératures, SAvoirs et Arts) est spécialiste, entre autres, de Prévert. Elle fut une exceptionnelle contributrice du PRé pendant la Covid et les périodes de confinement avec les séries " Chaque jour un sourire contagieux" et "Le Cinéma de Carole".

 

Les enfants qui s'aiment

 

Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout

Contre les portes de la nuit

Et les passants qui passent les désignent du doigt

Mais les enfants qui s'aiment

Ne sont là pour personne

Et c'est seulement leur ombre

Qui tremble dans la nuit

Excitant la rage des passants

Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie

Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne

Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit

Bien plus haut que le jour

Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.

 

(Spectacle)

 

Children in love

 

Children in love are embracing

Standing at the gates of night

Passers-by pass, point a finger,

But the children in love

Aren’t there for anyone

And it’s only their shadow

That shakes in the night

Exciting the fury of passers-by

Their fury, hate, laughter and envy

Children in love aren’t there for anyone

They’re somewhere else, much further than night

Much higher than day

In the dazzling brightness of their first love.

 

Copyright © Timothy Adès

 


Ce poème, comme bien d’autres de Prévert, a donné une chanson atemporelle, sur la musique de Joseph Kosma…

 

Juliette Gréco : https://www.youtube.com/watch?v=jaCE_A2DmVE

Raymond Voyat : https://www.youtube.com/watch?v=NJT7181m6Po

Yves Montand : https://www.youtube.com/watch?v=efcdCNPqd1g

Fabien Loris, extrait de "les enfants qui s'aiment" / film Les Portes de la Nuit de Marcel Carné / 1946 :

https://www.youtube.com/watch?v=MMWb-jLBvyE

Cora Vaucaire : https://youtu.be/eprbeZ6Gn5Y

Catherine Sauvage : https://youtu.be/7FyzaXHiHoY

Mouloudji / Yves Simon : https://youtu.be/tu2NG-JcKJc

 

Antonio Stangherlin (Instrumental) : https://www.youtube.com/watch?v=2rIazXgplTw

1-Partition Yves Montand "Les Enfants qui s'aiment" du film de Marcel CARNE Les Portes de la nuit . Paroles : Jacques PREVERT, musique: Joseph Kosma.

2-Fac-similé de la planche scénaristique réalisé par Jacques Prévert pour les Enfants du paradis [1943] (Edition des Saints Pères, Collection Cinémathèque française © Fatras/Succession Jacques Prévert)

3-Jacques Prévert - Selected poems, par Sarah Lawson (Ed. Hearing Eye, 2006). Cette nouvelle traduction en anglais  et l’introduction de l'auteure contextualise la vie de Prévert et les notes de Sarah Lawson expliquent aux lecteurs anglo-saxons certaines des références et les jeux de mots du poète. Sarah Lawson est une Londonienne née aux États-Unis. Elle écrit de la poésie, des essais et traduit des oeuvres françaises, espagnoles et néerlandaises. Sa traduction du Trésor de la Cité des Dames de Christine de Pise fut la première traduction de cet ouvrage en anglais depuis sa rédaction en 1405.

4-Paroles, Selected Poems, Jacques Prévert, traduits par Lawrence Ferlinghetti (Ed. City Lights Books, 2001. Lawrence Ferlinghetti, poète, libraire et éditeur, fut l’une des figures de ce mouvement littéraire et artistique né dans les années 1950 appelée la "Beat Generation". Editeur notamment de Charles Bukowski et Paul Bowles. L'auteur de “A Coney Island of the Mind” (1958), un recueil de poésies vendu à plus d’1 million d’exemplaires, est mort à San Francisco le lundi 22 février à l’âge de 101 ans.

5-La Miette à Saint Paul de Vence. C'est en 1941 que Jacques Prévert découvre Saint-Paul de Vence, attiré sur la Côte d'Azur par ses activités de scénariste pour le cinéma, à une époque où les studios de la Victorine à Nice ont une énorme activité. Il pose ses valises à « La Résidence » (actuel « Café de la Place ») qui à l'époque était une auberge de village, avant de traverser la place et de prendre ses quartiers à la Colombe d'Or. A la fin de la guerre, Jacques Prévert et sa femme Janine louent la « Miette », une petite maison située au coeur du village, avant de s'installer à la propriété « L'Ormeau » à la sortie du village jusqu'au milieu des années 1950.

6- Jacques Prévert à Saint Paul de Vence avec son ami cuisinier(photo- Jacques-Gomot)

6-Coffret Inventaire Jacques Prévert, 20 chansons et 38 poèmes, produit par Jacques Canetti en 2007, avec 2 vidéos exclusives de l’’auteur et un livret avec des photos et des documents inédits.


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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ROSEMONDE par Guillaume Apollinaire / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

  Voici un poème d'APOLLINAIRE (1880-1918) extrait du recueil Alcools publié la première fois en 1913 : ‘ Rosemonde’. Ce poème est dédicacé à André Derain, peintre ami du poète.

Je vous en propose deux commentaires… je reste muet.

 

Joyeuses Pâques à toutes et à tous !

 

 

 

 

"Apollinaire et ses amis", 1909, par Marie Laurençin (MNAM-Centre Pompidou, Paris)

 

https://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_1970_num_7_1_5504

https://www.etudier.com/dissertations/Rosemonde-Guillaume-Apollinaire/380243.html

 

Rosemonde

 

Longtemps au pied du perron de

La maison où entra la dame

Que j'avais suivie pendant deux

Bonnes heures à Amsterdam

Mes doigts jetèrent des baisers

 

Mais le canal était désert

Le quai aussi et nul ne vit

Comment mes baisers retrouvèrent

Celle à qui j'ai donné ma vie

Un jour pendant plus de deux heures

 

Je la surnommai Rosemonde

Voulant pouvoir me rappeler

Sa bouche fleurie en Hollande

Puis lentement je m'en allai

Pour quêter la Rose du Monde

 

 

 

Rosamund

 

For many minutes I assailed

The entrance of a lady’s home,

One that for two good hours I’d trailed

About the streets of Amsterdam,

Whom with blown kisses I regaled.

 

Deserted were canal and quay:

I’d given her two hours that day

And there was nobody to see

Whether my kisses made their way

To one who’d had two hours of me.

 

My name for her was Rosamund

I had the hope I might recall

Her lips that bloomed in Nederland.

Slowly I sought where, if at all,

The Rosa Mundi might be found.

 

Copyright © Timothy Adès

 
 

"Rosemonde" sur une partition de Francis Poulenc, avec Bruno LAPLANTE, baryton et Marc DURAND, piano, Enregistrement du 13

novembre 1979 : https://www.youtube.com/watch?v=TVRTkxAhzsA

 

Deux poèmes d’Alcools (« Rosemonde » et « Mai »), Mathieu Dijker : https://www.youtube.com/watch?v=oboDO8M4YMY

 

1- Edition originale du livre "Alcools" datée de 1913 de Guillaume Apollinaire lors d'une vente aux enchères à Brest en novembre 2001. Ouvrage illustré, en frontispice, d'un portrait d'Apollinaire par Pablo Picasso

2- Eau-forte pour Alcools, 1934, portrait d'Apollinaire par Louis Marcoussis (Gallica / BnF)

3- Portrait de Guillaume Apollinaire par Maurice de Vlaminck (1876-1958)

4- Portrait de Guillaume Apollinaire couché, vers 1910 (photo b/w) par le photographe français (XXe siècle); photographie en noir et blanc; collection privée; archives Charmet

5- Portrait de Guillaume Apollinaire , 1910, par Jean Metzinger (1883–1956)

6- Alcools, Coffret contenant le fac-similé d'Alcools aquarellé par Louis Marcoussis, 40 gravures et une étude par Jean-Marc Chatelain,

Illustrations de Louis Marcoussis (Coédition Gallimard / Bibliothèque nationale de France, octobre 2018)


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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Rrose Sélavy, par Robert Desnos / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


Marcel Duchamp en Rrose Sélavy, 1921, photographies par Man Ray, pour étiquette "Belle haleine, eau de voilette"

 

 

   Je vous présente ‘Rrose Sélavy’ par Robert DESNOS. C’est le personnage que Marcel Duchamp s’invente pour lui-même : son altera ego. On y comprend : Éros, c’est la vie – ou bien : Arrosez la vie.

 

Duchamp compose pour elle six phrases farfelues ; Robert Desnos lui en donne deux cents, plutôt belles et complexes.

Vous en trouverez cent cinquante dans son recueil Corps et Biens (paru la première fois en 1920) ; elles y figurent toutes dans Robert DESNOS, Œuvres (Édition de Marie-Claire Dumas, 1999) ou dans mon grand livre bilingue Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant (2017) : en voici les dernières, 151-199, publiées dans la revue Littérature, 2e série, n° 7 (décembre 1922).

- Les mots, y dit Breton, ont fini de jouer. Les mots font l'amour. Et dans le Journal littéraire (5 juillet 1924) il dira : « Le surréalisme est à l’ordre du jour et Desnos est son prophète. » Suivra le désaccord.

L’image de Duchamp / Sélavy se retrouve dans les doctes écrits de ma femme Dawn, historienne de l’art *.

 

*Dawn Adès est professeur émérite d’histoire et de théorie de l’art à l’Université d’Essex, spécialiste notamment de Dada, du mouvement surréaliste et de l’art en Amérique du Sud. Elle a été responsable de certaines des expositions les plus importantes à Londres et à l’étranger au cours des trente dernières années, y compris « Dada et Surréalisme Reviewed », « Art in Latin America » et « Francis Bacon ». Elle a organisé la remarquable exposition  pour célébrer le centenaire de Salvador Dali présentée à Venise et Philadelphie en 2004. Elle a publié des œuvres standards sur le photomontage, Dada, le Surréalisme, également sur les artistes femmes, les muralistes mexicains...

Elle a été élue membre de la British Academy en 1996.

 

DÉFINITIONS DE LA POÉSIE POUR :


181 Paul Éluard: Affres de l’amour dans quelle nuit ai-je

savouré votre fruit âpre ?
182 André Breton: Le plus beau titre des hommes, c’est de
jeter à la hotte (hopp !) les pitres coiffés de mitres.
183 Robert Desnos : Corps d’amour, quel jour me pendrai-je
à la corde d’amour?
184 Jacques Baron : Les corps des femmes comme des
camées le corps des forts comme des camées de femmes.
185 Simone Breton : Daniel de Foe inventez un simoun fou
pour Simone.
186 123 appelle immédiatement le chiffre 1234 pour les
esprits épris de lucidité. Esaü est mort, manque d’eau.
187 C’est encore infiniment plus commode que de regarder
la poitrine, encornée de seins clairvoyants en cornée, des étoiles non encore nées.
188 Pleurs ébahis, pelures des abbayes, vous trompez les
abeilles.
189 Où est la Parysi’s est la paralysie.
190 Rails d’émail, vous passez comme des rois sur nos émois.
191 Que secrète la glande secrète du périnée de l’aigle des
Andes ou des Pyrénées?
192 Les miracles de Rrose Sélavy sont des aveux mauves
comme les éclairs.
193 Télémaque, tel est camée.
194 Qu’importe au repos de nos oiseaux sur les roseaux le
loir, aux yeux comme de l’or, qui dort ?
195 Quand Man Ray is coming away...: on pourra voir un
Far West war festin.
196 Dans les stalles de glace râle Tristan Tzara.
197 Amour aux mains hostiles, quel malin déroba les
hosties ?
198 Les malheurs des concitoyens n’influent pas sur la
chaleur des cons mitoyens ?
199 Amour ! homard dans les fjords froids.

DEFINITION OF POETRY FOR :


181 Paul Éluard : Love’s throes, in what late hours did I

browse your sloes ?
182 André Breton : And no better matter than to drop the
mitred nutters (whoops!) into a hopper.
183 Robert Desnos : Love’s limbs, how soon shall I limber
love’s noose ?
184 Jacques Baron : Female torsos just like cameos tough
male torsos like female cameos.
185 Simone Breton : Daniel Defoe, devise a daffy simoon
for Simone.
186 123 calls up at once the number 1234 for spirits smitten
with lucidity. Esau died for lack of water.
187 It’s far handier than to look at the chest, horned with
breasts clairvoyant in cornea, of stars not yet born
here.
188 Bemused apple-peels of abbeys, your boo-hoos
bamboozle bees.
189 Where La Parysi’s is, there is paralysis.
190 Enamelled rails, you sail like untrammelled royals
above our travails.
191 What is secreted by the Andean or Pyrenean eagle’s
secret perineal gland ?
192 Rrose Sélavy’s miracles are vows mauve as éclairs.
193 O Telemachus, tell me cameos.
194 To our birds at rest on reeds, what good is the dormant
dormouse whose eyes are as gold ?
195 When Man Ray is coming away, we’ll see a Far West
war-fest.
196 In a sub-zero cattle-stall, Tristan Tzara rattles his last.
197 Love in the fingers of foes, what rogue rifled the
wafers?
198 Does the public fate of a community affect the pubic
heat of common property?
199 Love ! Lobster in frozen fjords.

 

Copyright © Timothy Adès

 


Télécharger
Rrose Sélavy publiée dans la Revue Littérature du 1er décembre 1922
Figurent également au sommaire : "La Mare aux mitrailleuses" de Benjamin Péret, "Le Grand Tore" de Louis Aragon, "Et suivant votre cas" de Paul Eluard et Max Ernst, "Dactylocoque" de Francis Picabia, "Les Mots sans ride" et "Rêve" d'André Breton
Breton-Andre_Litterature_1922_New-no.7-1
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1- Envoi autographe du recueil Corps et biens ( NRF, Librairie Gallimard, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1930) signé de Robert Desnos à Janine et Raymond Queneau : ". devant qui j'ai repassé le conseil de révision", enrichi d'un dessin représentant un petit éléphant de la trompe duquel s'élève le nom de Robert Desnos

2- Robert DESNOS, Œuvres, Édition de Marie-Claire Dumas (Collection Quarto, Gallimard, 1999)

3- Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant, 527 p,  translated and introduced by Timothy Adès (Arc Publications, 2017)

4- Writings on Art and Anti-Art, par Dawn Adès, Edited by Doro Globus, 604 p (Riding House, 2015). Ce livre rassemble ses plus importants essais, abordant des thèmes fondamentaux de l’histoire de l’art moderne et de l’avant-garde. Organisé thématiquement, il représente l’étendue des intérêts critiques et curatoriaux de Dawn Adès, allant de la conception d’affiches avant-gardistes à la représentation de la femme au Mexique, mais avec un fondement global dans l’abstraction, l’identité et l’influence des nouveaux médias


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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UNE NUIT QU'ON ENTENDAIT LA MER SANS LA VOIR, par Victor Hugo / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


John Martin, Christ Stilleth The Tempest, 1852

  

Une nuit qu’on entendait la mer sans la voir ’ : c’est Victor HUGO dans son recueil Les Voix Intérieures (1837) dédié à son père.

 

Selon MISTER CORAIL, Le magazine de l’homme et de la mer (1) : 

« Une nuit qu’on entendait la mer sans la voir, rien n’est luxe, calme et volupté. Dans une atmosphère sombre, les éléments se déchaînent et le ciel noir ne contraste guère avec la mer en furie. En pleine tempête, seul le divin semble encore pouvoir venir en aide aux nochers imprudents, aux marins perdus. Cette nuit, le vent dans la voile déchire la toile… comme avec les dents !

 

« Vingt-quatrième poème du recueil Les voix intérieures publié en 1837, Une nuit qu’on entendait la mer sans la voir a des allures de fin du monde. Dans un registre apocalyptique assumé, Victor Hugo nous livre, au moyen de vers brefs et pentasyllabiques, un univers aussi brutal qu’incommensurable. Une pièce démontée dans laquelle le poète déleste sans états-d’âme sa soif d’épique et de grand. »

 

Tina Kover et Charlotte Coombe, les rédactrices en chef de TRANSLATORS ALOUD - The Voice of Translated Literature  -  dont le projet consiste à offrir leur espace de partage de la littérature pour mettre en lumière les traducteurs lisant à partir de leur propre travail, ont choisi ma vidéo pour célébrer la Journée Mondiale de la poésie, The World Poetry Day (2). ‘Une voix d’or,’ dit-on.

Un grand honneur ! Je parle en anglais, puis en français.

https://www.youtube.com/watch?v=GX3Mtojirb4

 

(1) Créé en 2008 à Punaauia, sur la côte ouest de Tahiti, en Polynésie française, “Miss & Mister Corail” fut jusqu’en 2016 un jeu d’aventure se déroulant chaque année sur son site internet. Le site se reconvertit par la suite en magazine web consacré à l’homme et à la mer. Il est actuellement installé à Sète, dans l’Hérault.

(2) La Journée mondiale de la poésie a été adoptée pour la première fois par l'UNESCO en 1999, lors de sa 30e conférence générale à Paris.

La déclaration originale de l'UNESCO indique que la journée a été créée pour "donner une nouvelle reconnaissance et un nouvel élan aux mouvements poétiques nationaux, régionaux et internationaux". Elle a lieu chaque année le 21 mars.

 

 

Une nuit qu’on entendait la mer sans la voir

 

Quels sont ces bruits sourds?

Ecoutez vers l’onde

Cette voix profonde

Qui pleure toujours

Et qui toujours gronde,

Quoiqu’un son plus clair

Parfois l’interrompe…

— Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

Comme il pleut ce soir !

N’est–ce pas, mon hôte ?

Là–bas, à la côte,

Le ciel est bien noir,

La mer est bien haute !

On dirait l’hiver;

Parfois on s’y trompe…

— Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

Oh ! marins perdus !

Au loin, dans cette ombre

Sur la nef qui sombre,

Que de bras tendus

Vers la terre sombre !

Pas d’ancre de fer

Que le flot ne rompe.

— Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

Nochers imprudents !

Le vent dans la voile

Déchire la toile

Comme avec les dents !

Là–haut pas d’étoile !

L’un lutte avec l’air,

L’autre est à la pompe.

— Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

C’est toi, c’est ton feu

Que le nocher rêve,

Quand le flot s’élève,

Chandelier que Dieu

Pose sur la grève,

Phare au rouge éclair

Que la brume estompe !

— Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

Juillet 1836

 

A night the sea was heard, and not seen

 

What’s this rough sound ?

Hark, hark at the waves,

his voice profound

that endlessly grieves

nor ceases to scold,

and yet shall be drowned

by one louder, at last:

The sea–tempests wield

their trumpet–blast.

 

How it rains tonight !

Does it not, my guest ?

All down the coast,

the sky without light

and the sea storm–tossed !

’Tis winter, we railed,

yet we falsely guessed…

The sea–tempests wield

their trumpet–blast.

 

O sailors lost !

From the raft of doom

in the distant gloom,

what cries are cast

to the shores that loom !

Anchor–chains yield

to the surging crest.

The sea–tempests wield

their trumpet–blast.

 

O helmsmen, fools !

The storm in your sails

with furious tooth

rips up your cloth!

The stars are concealed !

Jack pumps and bales,

Jem looks to the mast

… The sea–tempests wield

their trumpet–blast.

 

It is you, your blaze

that the helmsman craves

in the towering waves,

you lamp on the strand

that the Lord displays,

red rescuing brand

that is doused in mist!

The sea–tempests wield

their trumpet–blast.

 

Copyright © Timothy Adès




1- Portrait de Victor Hugo, 1829, par Charles Etienne Pierre Motte (1785-1836) (BnF) / 2- Manuscrit autographe ayant servi pour l'impression chez Pierre-Eugène Renduel, libraire-éditeur (BnF, Département des Manuscrits. NAF 13361) / 3- Les Voix intérieures, par le dessinateur Gustave Fraipont (Bruxelles, 09–05–1849 - Paris, 29–04–1923), Maison de Victor Hugo - Hauteville House / 4- Victor HUGO, Les Chants du crépuscule - Les Voix intérieures - Les Rayons et les Ombres (Gallimard Poésie, 2002)


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais. Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

 

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IL PLEURE DANS MON COEUR, Paul Verlaine / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

   Je vous ai choisi ‘ Il pleure dans mon cœur ’, poème on ne peut plus fameux de VERLAINE (1844-1896), poème mélancolique de circonstance si j’en crois la concordance météo de ce dimanche, en France, notamment à Paris, et pareillement à Londres !

 La Commune de Paris pour laquelle Verlaine avait pris fait et cause est écrasée au terme d'une semaine sanglante. Verlaine quitte Paris en juillet 1872 et part avec Rimbaud par crainte de la répression versaillaise, après avoir fui une

 

 

Verlaine et Rimbaud, extrait du Coin de table, huile peinte par Henri Fantin-Latour, 1872.

 

première fois dans le Nord de la France avec Mathilde (en 1871), puis être revenu dans la Capitale en septembre de la même année.

 

Ce poème est la parfaite illustration de l’idée de l’art poétique selon Verlaine, basée sur la sonorité et la musicalité dont ses premiers poèmes donnaient déjà un aperçu (cf. ‘ Mon Rêve familier ’, in recueil Poèmes saturniens, 1866). Un nouveau langage poétique marqué ici par un lyrisme impersonnel comme avec d’autres poèmes (cf. ‘ Le ciel est par-dessus le toit ’, in recueil Sagesse, 1881) qui marque un tournant capital dans la poésie française.

 

Il pleure dans mon cœur ’ est extrait du recueil Romances sans paroles (1874) qui regroupe des poèmes écrits lors du voyage qu'il effectue avec Rimbaud en 1872 et 1873. Ce poème est le troisième de la première partie « Ariettes oubliées » - une ariette désignant en musique une mélodie - (les trois autres parties du recueil étant « Paysages belges », « Birds in the nigh » et « Aquarelles »).

 

Ce poème de quatre quatrains est précédé d’une citation de RIMBAUD: « Il pleut doucement sur la ville ».

Empreint d’une tristesse absolue et d’une certaine agressivité, le poème est cependant contrebalancé par une douceur et une langueur. Mélancolique, il l’est assurément dans le premier quatrain, en correspondance avec le paysage, il se fait en même temps mélodique quand le chant de la pluie berce le poète tout comme sa propre mélancolie, jouant sur la musique des mots. Si la tristesse persiste dans le dernier quatrain, mêlée à la sensation d'impuissance, renforcée par le sentiment de ne point en connaître la cause, de n’avoir pour le moins aucune certitude à ce sujet, l’envoûtement poétique et musical demeure.

 

Arnaud Bernadet,  professeur associé au Département de langue et littérature françaises de l'université McGill (Montréal),  dit du recueil Romances sans paroles dans la présentation et l'étude qu'il en faite (in Verlaine, Romances sans paroles) que « Ce "petit bouquin", qu'il rédige pendant sa liaison tumultueuse avec Rimbaud et qu'il présente comme une "série d'impressions vagues", est hanté par la tentation du silence. Que peut la parole face à la réalité, dont le sens est fuyant ? Comment dire les sentiments d'un moi erratique et opaque à lui-même ? Et surtout, comment les dire autrement, après le romantisme, qui les a exaltés, et le Parnasse, qui s'en est méfié ? En s'emparant d'un genre désuet, la romance, Verlaine réinvente le beau à partir du banal, renoue avec l'oralité au coeur de l'écrit, et fait du chant l'utopie de la parole poétique.» ( Éd. Flammarion, 2018, coll. « GF », deuxième édition revue).

 

 

Il pleure dans mon cœur

 

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur ?

 

Ô bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits !

Pour un cœur qui s’ennuie

Ô le bruit de la pluie !

 

Il pleure sans raison

Dans ce cœur qui s’écœure.

Quoi ! nulle trahison ?…

Ce deuil est sans raison.

 

C’est bien la pire peine

De ne savoir pourquoi

Sans amour et sans haine,

Mon cœur a tant de peine.

 

 

Tears fall in my heart

 

Tears fall in my heart

Like rain on the town;

What lassitude hurts

And pierces my heart ?

 

Sweet sound of the rain

On the roofs and the ground !

For a heart in dull pain

The sound of the rain !

 

Tears fall without reason

Distressing my heart.

What ! Is there not treason ?...

This grief has no reason.

 

Of pain the worst part

Is not knowing why

Without love or hate

Such pain in my heart.

 

Copyright © Timothy Adès

 


Sur YouTube :

Sandrine Piau, Jos van Immersel : https://youtu.be/4V5XqoSED2w

Christa Pfeiffer, soparano, Brent Smith, piano, sur une composition de Claude Debussy : https://www.youtube.com/watch?v=vFO-yKSdFhQ

Sabine Devielle, Alexandre Tharaud Piano : https://youtu.be/ZfxYMS77nEI

Véronique Dietschy, Philippe Cassard, piano : https://youtu.be/yGpdfZ-ZuMI

Suzanne Danco : https://youtu.be/hbQ7nr1UTFE

Marc robine : https://youtu.be/ea9gw_E6gxY

Z. KODÁLY, op. 11 n. 3. A. Ballista, piano : https://youtu.be/ZuRrrLaW4hE

 

1- Autoportrait de Verlaine en uniforme de Garde national du 160e bataillon, nuit du 15 octobre 1870 / 2- La "Commune de Paris", affiche de l'imprimerie Emile Levy, 1883 / 3- Photographie de Verlaine, 1972, par Etienne Carjat, membre comme lui et Rimbaud du Club des Vilains bonshommes / 4- Photographie de Rimbaud, 1971, par Etienne Carjat / 5- Manuscrit de Il pleure dans mon coeur, 1873 / 6- Romances sans paroles, Verlaine, édition originale ( Sens, typographie de Maurice l'Hermitte, 1874), Gallica / BnF / 7- Portrait-frontispice de Verlaine dessiné par André Des Gachons parue dans la seconde édition de Romances sans paroles (1887), Léon Vanier libraire éditeur / 8- Dédicace du recueil Romances sans paroles (édition de 1887) à Anatole France par Verlaine(Gallica) / 9- Portrait de Verlaine, Hôp Broussais, août 1889 par Frédéric-Auguste Cazals (in « Paul Verlaine, ses portraits » / préf. de J.-K. Huysmans ; lettres de Félicien Rops, Ernest Delahaye, H.-A. Cornuty; éd. F. Clerget, Paris, 1896), BnF, département Réserve des livres rares, RES FOL-LN9-221 (2) / 10- Portrait de Verlaine par par Ernest Pignon-Ernest (Musée Verlaine à Juniville, Ardennes)


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais. Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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Je payai le pêcheur qui passa son chemin, par Victor Hugo / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


  

   Voici « Je Payai Le Pêcheur Qui Passa Son Chemin », un poème de Victor HUGO extrait du recueil Les Contemplations publié en 1856 après un silence de vingt-six ans.

Ma traduction vient d’être également publiée dans la revue politique anglaise The Spectator dont la création remonte à 1711, dans son numéro du 2 mars, quelle joie, quelle honneur !

 

La date : Jersey, grève d’Azette, juillet 1855.

 

 

 

 

Photo d'Hugo à Jersey par Charles Hugo,

Entre 1853 et 1855 (Maison de Victor Hugo - Hauteville House)

 

Mon ami jersiais Philip Stevens est docte en tout ce qui concerne Hugo en l’Ile de Jersey.

Il cite Léon Cellier qui établit son édition Garnier des Contemplations.

Les Hugo seraient bien gentils avec les animaux. Sa fille Adèle, ayant sorti un homard vivant de la corbeille de sa mère, l’aurait remis dans la mer : et voilà la base de ce beau drame moral. Et voici le livre qui n’omet aucun détail du séjour hugolien, avant qu’il fût obligé de quitter Jersey pour Guernesey : https://shop.societe-jersiaise.org/index.php?route=product/product&path=4&product_id=655&limit=25

 

 

 

Je Payai Le Pêcheur Qui Passa Son Chemin…

 

Je payai le pêcheur qui passa son chemin,
Et je pris cette bête horrible dans ma main ;
C’était un être obscur comme l’onde en apporte,
Qui, plus grand, serait hydre, et, plus petit, cloporte ;
Sans forme comme l’ombre, et, comme Dieu, sans nom.
Il ouvrait une bouche affreuse ; un noir moignon
Sortait de son écaille ; il tâchait de me mordre ;
Dieu, dans l’immensité formidable de l’ordre,
Donne une place sombre à ces spectres hideux.
Il tâchait de me mordre, et nous luttions tous deux ;
Ses dents cherchaient mes doigts qu’effrayait leur approche ;
L’homme qui me l’avait vendu tourna la roche ;
Comme il disparaissait, le crabe me mordit ;
Je lui dis : Vis ! et sois béni, pauvre maudit !
Et je le rejetai dans la vague profonde,
Afin qu’il allât dire à l’océan qui gronde,
Et qui sert au soleil de vase baptismal,
Que l’homme rend le bien au monstre pour le mal.

I paid the Fisherman

 

I paid the fisherman as he passed by,
took in my hand this vile monstrosity,
a creature murky as its watery haunt,
an outsize weevil, or a hydra’s runt;
shapeless as shade, and nameless as the Lord.
A maw that gaped, and a black stump that bored
out through the scales… It snapped at me. God grants
a place in his colossal ordinance
to these revolting spooks, a world obscured.
It snapped at me… We came to blows, we sparred,
my fingers fearful of the teeth’s attack:
the vendor slipped away behind a rock,
vanishing, as it bit me. ‘Go!’ I cried:
‘Bless you, damned creature!’ – threw it on the tide,
into the depths, to tell the great curmudgeon,
the sun’s baptismal font, the boundless ocean:
Man does to Beast a good for an evil action.

 

Copyright © Timothy Adès

 


Victor Hugo in Jersey, par Philip Stevens (Phillimore & Co. January 1, 2002) / Adèle Hugo / Les Contemplations, Manuscrit autographe (BnF, département des Manuscrits, NAF 13363) © Bibliothèque nationale de France / Les Contemplations, Victor Hugo, Tome II "Aujourd'hui" 1843-1856, Livre cinquième : En marche). (Paris, Michel Levy Frères - J Hetzel-Pagnere, 1856) / Victor Hugo


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais. Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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LE RELAIS, Gérard de Nerval / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

   Revenons à Gérard Labrunie, soit Gérard de Nerval (1808-1855).

On le traite de "dérangé", à cause de sa triste fin ; on le traite de "sinistre", d'occulte, à cause d’une œuvre en prose.

Mais dans sa poésie, ce n’est pas du tout le cas.

Voici qu’il est charmant et relaxe…

Avec le poème "Le Relais", tiré du recueil Odelettes (1853).

 

 

Le voyage en France ou Le départ de la diligence

Dessin de George Cruikshank (1818).

 

                      Le Relais

 

En voyage, on s’arrête, on descend de voiture;

Puis entre deux maisons on passe à l’aventure,

Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,

L’œil fatigué de voir et le corps engourdi.

 

Et voici tout à coup, silencieuse et verte,

Une vallée humide et de lilas couverte,

Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, -

Et la route et le bruit sont bien vite oubliés!

 

On se couche dans l’herbe et l’on s’écoute vivre,

De l’odeur du foin vert à loisir on s’enivre.

Et sans penser à rien on regarde les cieux.

Hélas! une voix crie: « En voiture, messieurs! »

 

https://www.youtube.com/watch?v=b1DAovuE3UI

https://desyeuxdansledos.fr/poeme-et-chant-le-relais-gerard-de-nerval/

 

Stagecoach Relay

 

Break in the journey. Step to ground.

Gap between houses: let’s look round!  

By horses, whip-cracks, roads oppressed:                  

Limbs deadened, eyes in need of rest.

 

Suddenly, peace; green calm, as well:

A lilac-glade, a dewy dell,

A brook with poplars overhead:

No road, no racket: this instead.

 

Sprawled in the grass! Our senses thrive,

As draughts of new-mown hay revive.

We gaze, unburdened, at the skies...

“Sirs, to the coach!” some fellow cries.

 

 Copyright © Timothy Adès

 


1- Caricature de Nerval par Nadar, 1852, in Le Journal pour rire) / 2- Timbre poste 1955 à l'occasion du centenaire de la mort de l’écrivain Gérard Labrunie dit de Gérard de Nerval (1808-1855), né à Paris. Dessinateur et graveur : Pierre Munier (d'après une œuvre du sculpteur Jeman Duseigneur (visible au square de la tour Saint-Jacques Paris 4) / 3- Diligence XIX ° siècle / 4- Diligence Paris-Meaux (Musée Compiègne) / 5- Illustration d'Aurélia,  Nouvelle de Nerval (il y est question de la mort de la bien-aimée) dont l'écriture a été interrompu par son suicide en 1855. Club international de bibliophilie / Leonor Fini (1908-1996), illustrateur, Monaco, 1960 -BnF, Réserve des livres rares, RES G-Y2-389 © Bibliothèque nationale de France)


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais. Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

 

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MICHELIN : LE SHERIFF DU VILLAGE GAULOIS, par Jean-Claude Ribaut, chroniqueur gastronomique


Notre ami Jean-Claude Ribaut remet le couvert à l'occasion de la sortie du Guide Michelin !

Dangereux récidiviste, il avait déjà commis en 2011 un livre détonnant intitulé ROUGE DE HONTE , biographie non autorisée de Bibendum (illustrations de Desclozeaux), un portrait tendre et (déjà) grinçant du fameux Guide.


   Dans les années Naegelen, au siècle passé, la publication du Guide Michelin obeissait à un rituel obscur mais bon-enfant. Les journalistes, accrédités ou non, se présentaient vers 7h 30 avenue de Breteuil (7ème) au siège parisien de l’entreprise clermontoise.
Une ou deux attachées de presse nous remettaient le dossier des nouveaux étoilés.
On pouvait obtenir sur le champ un bref entretien avec le patron, Bernard Naegelen, peu disert, mais plutôt bienveillant avec ses ouailles – les chefs – avec qui il entretenait une relation loyale. D’abord, seuls les promus figuraient sur la liste.
Il fallait comparer avec le guide de l’année précédente. Quelques intrépides essayaient d’avoir des tuyaux et parfois y parvenaient, grâce à des fuites obtenues, disaient-ils, chez l’imprimeur.
C’était un petit jeu, chacun était dans son rôle. Et Michelin fanfaronnait, annonçant la production de 883.000 exemplaires en l’an 2000 !
Aujourd’hui, tout a changé !
Le tirage du guide ne dépasse pas 30 000 exemplaires (Edistat). Et 8 jours avant la parution de l’édition 2023 à Strasbourg l’actuel patron du guide, Gwenael Pouellenec, communique non sur les promotions nouvelles, mais sur les déclassements : Savoy et Coutenceau. C’est dans l’air du temps : abattre les statues, jouer au shériff dans le village gaulois.
Je ne conteste pas la décision, elle appartient à l’éditeur, mais la manière inélégante, inquisitoriale, dénuée de toute justification.

Le Monde : La vraie vie des inspecteurs du guide Michelin

https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/03/03/resto-boulot-dodo_1313757_3238.html

 


Jean-Claude Ribaut, architecte D.P.L.G, écrivain, a officié au journal Le MONDE  comme chroniqueur gastronomique pendant 25 ans (1989-2012), souvent en connivence graphique avec Desclozeaux, après avoir fait ses premières armes journalistiques à Combat puis participé à la création d’un magazine d’architecture qu’il a dirigé jusqu’en 1996. Sa première chronique gastronomique est parue en 1980, sous le pseudonyme d'Acratos (celui qui ne met pas d’eau dans son vin) dans le Moniteur des Travaux Publics. Il collabore à plusieurs revues et magazines : Atabula (plateforme d’information et d’opinion numérique sur la gastronomie en France et à l’étranger); Chroniques d'architecture; Dandy magazine;

l'Encyclopædia Universalis; Global Magazine; LaRevue : pour l'intelligence du monde; Le Monde de l'épicerie fine; Le Monde des grands Cafés; le Petit journal des Toques blanches lyonnaises; Plaisirs (magazine suisse bimestriel); SINE Mensuel; Tentation (trimestriel), etc.

 

JC Ribaut vu par (Jean-Pierre) Desclozeaux

Membre fondateur de la Mission Française du Patrimoine & des Cultures Alimentaires (M.F.P.C.A – "Le Repas gastronomique des Français") depuis 2007, Jean-Claude Ribaut est aussi membre fondateur de La Liste, classement qui répertorie les meilleurs restaurants à travers 180 pays (créée par Philippe Faure, ancien diplomate, qui fut président d'Atout France, l'agence de développement touristique de la France, et plusieurs journalistes et critiques gastronomiques ) depuis 2015.

Jean-Claude Ribaut est membre du conseil scientifique du PRé et co-anime la rubrique "Tutti Frutti".

 

Dernier ouvrage paru : "Voyage d'un gourmet à Paris" (Calmann-Lévy, 2014). Prix Jean Carmet 2015.

 

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LES FEMMES OUBLIEES DE L'HISTOIRE, avec Vianney Huguenot, chroniqueur radio et TV


[Les femmes oubliées de l'Histoire], deux émissions spéciales de "Sur ma route" , le magazine emblématique de l'ami Vianney Huguenot sur Moselle TV (avec France Bleue), autour de neuf invités, demain samedi 4 mars et le samedi 11 mars à 14h00.


   En compagnie de Vianney Huguenot à Rombas, Moyeuvre-Grande, Ancy-Dornot, Woippy et dans les studios de Moselle TV, avec ses neuf invités pour évoquer la figure de femmes lorraines pionnières au cours de deux émissions spéciales de Sur ma route : Frédérique Neau-Dufour, agrégée et docteure en histoire, auteure d'un livre sur Yvonne de Gaulle et d'un autre sur Geneviève de Gaulle Anthonioz ; Martine Gérardin, journaliste et petite fille du préfet de la Libération en Moselle, Marcel Rebourset ; Pierre Brasme, historien et président honoraire de l'Académie nationale de Metz, auteur de "Femmes d'exception en Lorraine" ; Lionel Fournier, maire de Rombas, ville natale de Marie Hackin, Compagnon de la Libération ;  Anne Devaux et Jean-Christophe Dietrich, professeurs d'Histoire-Géographie de la Cité scolaire Julie Victoire Daubié de Rombas, ; Yvette Carcereri, centenaire, qui fut "passeuse" pendant la Seconde Guerre mondiale ; Philippe Wilmouth, historien, évoquant le cas des "Malgré-elles" ; et Gaétan Avanzato, biographe, narrant  les parcours des soeurs résistantes Suzanne et Hélène Thiam.

 

N.B : ce matin Vianney Huguenot officiait sur France Bleue pour évoquer notamment le cinéaste Jean-Pierre Mocky et la Lorraine

En replay : https://www.francebleu.fr/emissions/les-rencontres-de-vianney-huguenot/sud-lorraine

 

1-L'historienne Frédérique Neau-Dufour, professeur agrégé d'histoire et écrivain, spécialiste de l'univers concentrationnaire souligne les causes multiples de l'oubli des femmes dans les récits historiques, ainsi que les violences particulières infligées aux femmes pendant les guerres.

Membre du conseil d’administration du Souvenir français, membre du conseil scientifique de la Fondation Charles de Gaulle, membre du conseil scientifique de la Fondation de la France libre, présidente du conseil scientifique sur le monument aux victimes alsaciennes et mosellanes de la Seconde Guerre mondiale ; ancienne directrice du Centre européen du résistant déporté - Ancien camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin)

2-Marie Hackin, "Ria", archéologue de profession, documentariste, participe à la création du Corps féminin de la France libre dans lequel elle sert comme sous-lieutenant. Compagnon de la Libération & Croix de guerre 1939/45

3-Michel Mangenot, proviseur à Rombas à la Cité scolaire Julie Victoire Daubié (réunissant un collège, une section d'enseignement général et technologique, une section d'enseignement professionnel et de la formation continue, du niveau 6ème au BTS) avec Anne Devaux et Jean-Christophe Dietrich

professeurs d'Histoire et leur collègue documentaliste.

4-Suzanne Thiam (1917-2000), Résistante, à l’origine avec sa soeur Hélène de filières de passeurs, d’évasion au bénéfice de prisonniers de guerre français et alliés (aviateurs britanniques et américains, également de nombreux prisonniers soviétiques) dont un certain François Mitterrand; membre du conseil municipal de Metz de 1945 à 1971. Officier de la Légion d’Honneur.

5-Yvette Carcereri, autre figure de la Résistance, « passeuse » pendant la Seconde Guerre mondiale, entourée de l’historien Philippe Wilmouth, François Vogel et Vianney Huguenot, à "Froidcul" (lieu-dit de la commune de Moyeuvre-Grande en Moselle). Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.

6-L'historienne Frédérique Neau-Dufour avec Vianney Huguenot dans les studios de Moselle TV

7-Yvette Carcereri (1ère à gauche sur la photo), "Malgré-elle" pendant la Seconde Guerre mondiale, enrôlée dans une usine d'armement allemande.

8-Gaétan Avanzato, professeur d’histoire-géographie, biographe de Raymond Mondon (juge d’instruction entré dans la Résistance, arrêté par la Gestapo en juin 1944 ; s’enfuit et rejoint à Paris le MNPGD, Mouvement National des Prisonniers de Guerre et des Déportés, où il rencontre François Mitterrand. À la Libération il est nommé directeur de cabinet du préfet de la Moselle, puis procureur à Bar le Duc. Maire de Metz à 33 ans, conseiller général, jusqu’à sa mort en décembre 1970 ; élu député en 1946), évoque les résistantes Suzanne et Hélène Thiam.

9-Lionel Fournier, maire de Rombas à propos de Marie Hackin, née dans cette ville en 1905

10-L'ancien avocat Marcel Rebourset nommé Préfet de Moselle par de Gaulle en 1944, bataille dans l'immédiat après-guerre contre les règlements de comptes (les femmes tondues, etc.). Sa petite-fille Martine Gérardin raconte à Vianney Huguenot…

11-Pierre Brasme, professeur, vice-président de l'Académie d'histoire, fondateur de la Société d'histoire de Woippy et auteur de nombreux livres, évoque l'histoire de la Résistante Marthe Cohn : « espionne » envoyée en Allemagne, il lui est décerné la Croix de guerre en 1945, plus tard la Médaille militaire, reçue Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur et Médaille de reconnaissance de la Nation.

12-Femmes d'exception en Lorraine, par Pierre Brasme (Papillon Rouge, oct. 2018)

13-Yvonne de Gaulle, par Frédérique Neau-Dufour (Fayard, mai 2010)

14-Julie Victoire Daubié (1824-1874), née à Bains-les-Bains (Vosges), journaliste, militante des droits des femmes, première femme bachelière ès lettres en France (1861).


Vianney Huguenot est journaliste,  enseignant, formateur. Chroniqueur sur France Bleu Lorraine et France Bleu Alsace, il y anime une émission ("Les rencontres de Vianney Huguenot" ) dans laquelle il nous fait découvrir les lieux insolites et secrets de la région Grand Est. Il anime également " Sur ma route " une émission co-produite par la chaîne de télévision mosellane ViàMoselle TV (anciennement Mirabelle TV) et la TV locale ViaVosges au cours de laquelle, à travers les souvenirs d’enfance et le regard de personnalités, il donne à voir la région Grand Est et nous fait partager son sentiment géographique. Collaborateur de plusieurs journaux, magazines et revues, Vianney Huguenot est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages, entre autres : « Les Vosges comme je les aime » (Vents d'Est, 2015), « Jules Ferry, un amoureux de la République » (Vents d'Est, 2014), « Jack Lang, dernière campagne. Éloge de la politique joyeuse » (Editions de l'aube, 2013), « Les Vosges par le cul de la bouteille » (Est livres, 2011, préfaces de Philippe Claudel et Claude Vanony).

Vianney Huguenot co-anime la rubrique Tutti Frutti du PRé.

 

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LE BONHEUR, par Maurice Carême / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


   Je reviens avec plaisir au grand belge Maurice CARÊME (1899-1978) dont il faut rappeler avec l'écrivain, secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique Jacques de Decker, que l'instituteur et "Prince des poètes " (Grand prix international de poésie en 1968) "a écrit une œuvre importante par son volume, sa diversité méconnue, dans une conception de la poésie et de la place de l’écrivain dans la société qui lui était très personnel. Il était convaincu qu’il fallait entrer en poésie le plus tôt possible. Il a su conserver toute sa vie la vertu de l'émerveillement, une constante vigilance, et une curiosité "

Voici donc LE BONHEUR, petit poème de grand charme…

 

(Évitons en passant cet autre poème, ci-bas : il est souvent attribué à Carême, à Ste-Térèse, à St-Exupéry... mais non ! Il est de Daniel Quertain.)

 

Le bonheur, c’est tout petit,

Si petit que parfois on ne le voit pas,

Alors on cherche, on cherche partout…

 

 

 

Le Bonheur

 

C’était le bonheur

Qui courait dans l’herbe.

Nous l’avons tous pris

Pour une souris,

Une souris verte

Qui courait dans l’herbe.

 

 

Nous avons eu peur

Et, avec des cris,

Nous avons tous fui

En perdant nos fleurs;

Nous avons tous fui

Devant le bonheur.

 

 

Et chacun depuis

Cherche dans son coeur

Cette souris verte

Qui courait dans l’herbe,

Cette souris verte qui trottine ailleurs.

 

 

Happiness

 

Happiness !

It ran in the grass.

We thought: it’s a mouse,

We’ve seen a green

Mouse run in the grass.

 

 

 

We were so scared !

With cries of dread

Away we hared.

Our flowers were shed

In our distress:

We ran, we fled

From happiness.

 

Since then, we’ve been

So keen to possess

That mouse, bright green

That ran in the grass,

Now bowling, strolling, somewhere else.

 

 Copyright © Timothy Adès


Présentation de Pigeon vole, Maurice Carême (Editions Bourrelier, 1960)

Pigeon vole, Maurice Carême (Hachette Jeunesse, 1988)

Maurice Carême à la Pointe du Raz

Promenade Maurice Carême à Paris sur l’ île de la Cité


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais. Lauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

 

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NOUS DORMIRONS ENSEMBLE, par Louis Aragon / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


https://i0.wp.com/larencontrepoetique.com/wp-content/uploads/2017/02/img_0047.jpg?fit=500%2C534&ssl=1https://www.facebook.com/christophe.leguevaques/posts/pfbid0246CxJnQ8bZYzMJ6SurDH3YSJxi6u52cpYC2vsw2ZFCSqtSuPBwWxN8jbgjowV1G8l

Egon Schiele, Spleeping Couple, 1909, crayon sur papier, 30 x 32 cm, Collection privée

  

   Le jour de la St-Valentin, j’ai trouvé ce beau poème de Louis ARAGON (1897-1982) extrait du recueil ‘Le Fou d'Elsa’ *(1963), long poème en vers et en prose, en forme de chant d'amour autant que de quête passionnée de l'avenir. Et ce qui m’étonne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Fou_d%27Elsa– toute cette histoire de la grande civilisation des trois fois, et tout ce que ça signifie pour Aragon...

 T.A

 

*Elsa Triolet (1896-1970), "Ella Yourievna Kagan" (puis Triolet de son premier mari André), femme de lettres, traductrice, auteure d'une trentaine d'ouvrages, résistante française, est née à Moscou en 1896, dans une famille d'artistes francophile. Diplômée d’architecture, passionnée de langues vivantes et de piano, belle sœur du poète soviétique Vladimir Maïakovski,  la jeune moscovite quitte la Russie et s'installe à Paris en 1917; elle  voyage à Londres, Berlin, Moscou, avant de revenir à Paris en 1924. Plusieurs de ses ouvrages paraissent en Russie (À Tahiti, 1925, Fraise-des-Bois, 1926, Camouflage, 1928); à Paris, elle fréquente le cercle des écrivains surréalistes où elle rencontre Louis Aragon en 1928 qui a rédigé l'été d'avant le pamphlet du Traité du style, en réaction à l'exécution, aux États-Unis, de Sacco et de Vanzetti : il sera son compagnon jusqu'à la fin de ses jours.

Elsa devient la muse du poète, qui écrira pour elle Les yeux d'Elsa. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le couple rejoint la Résistance. C'est au cours de cette période qu'Elsa Triolet compose ses œuvres les plus célèbres; elle collabore au quotidien Le Soir avant de publier son premier roman en langue française : Bonsoir Thérèse (Éditions de minuit, 1938) et d'obtenir le prix Goncourt 1945 (au  titre de l'année 1944) avec Chroniques de la Résistance , composée d'une série de nouvelles groupées sous le titre Le premier accroc coûte 200 francs (Denoël, 1945), publiées clandestinement sous l'Occupation, faisant d'elle la première femme de l'histoire du Goncourt à être distinguée. L'auteure de La Dignité des femmes (in «Lettres françaises», mars 1948), meurt en 1970, peu après avoir publié Le rossignol se tait à l'aube.

 

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/3-juillet-1945-elsa-triolet-recoit-le-prix-goncourt

 

Nous dormirons ensemble.

 

Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble. 

We shall Sleep Together

 

Sunday or Monday, old day or new day, midnight or noonday

In hell or paradise, loves find loves that they resemble

We shall sleep together, I told you yesterday

 

Yesterday and tomorrow, you are my only way

My heart’s put in your hands, with your heart, how they amble!

For the whole of human time we shall sleep together

 

What’s been shall be, my love: our sheet above us is the sky

I’ve closed my arms around you, so much love for you I tremble

As long as it shall be your wish, we shall sleep together.

 

 Copyright © Timothy Adès


1- Photographie de groupe dadaiste (1920, Paris) : de gauche à droite, dernier rang : Louis Aragon, Theodore Fraenkel, Paul Eluard, Clément Pansaers, Emmanuel Fay. Deuxième rang : Paul Dermée, Philippe Soupault, Georges Ribemont-Dessaignes. Premier rang : Tristan Tzara, Celine Arnauld, Francis Picabia, André Breton.Aragon , vers 1925 photographié par Man Ray
2- Elsa Triolet
3- Aragon, 1929
4- Elsa Triolet, par Gisèle Freund (© RMN /Fonds MCC/IMEC / Gisèle Freund - Complices Fil)
5- Le Premier accroc coûte deux cent francs, Elsa Triolet (Gallimard, 1945)

6- Les Fantômes armés, par Elsa Triolet (Les Lettres françaises, 21 mars 1947)

7- "La Drôme en armes" : journal d'information française, 15 août 1944, Journal illégal publié en 1944 et 1945 par Elsa Triolet entièrement rédigé de sa main (Gallica)

8- Aragon et Elsa Triolet, années 60, par William Klein

9- Fou d'Elsa, Aragon


Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables" de Robert Desnos en anglais. Lauréat des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Administrateur du magazine "Agenda Poetry".

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

 

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LA RONDE, par Paul Fort / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

 

  Or j’ai découvert Paul FORT (1872-1960) : mémorialiste et dramaturge, homme du théâtre (co-créateur en 1889, avec Lugné-Poë, de la publication "Théâtre d’Art" qu’il dirigera et qui révèlera des auteurs comme August Strinberg et Henrik Ibsen) ; co-fondateur avec Paul Valéry de la revue Vers et prose en 1905 qui éditera Apollinaire, Max Jacob, Pierre Louÿs...

Elu ‘Prince des Poètes’ en 1912, il serait le vrai héritier de Verlaine. Combien j’apprends, chers lecteurs, en faisant ces recherches ! Voici son poème le plus fameux, « La Ronde » … (extrait du recueil Ballades françaises dont le premier volume paru en 1897 et le dernier en 1958).

 

 

 

 

            Portrait Collage de Paul Fort, par Gino Severini, 1913 - 1914

 

 

 

Si toutes les filles du monde voulaient se donner la main,

Tout autour de la mer, elles pourraient faire une ronde.

 

Si tous les gars du monde voulaient bien être marins,

Ils feraient avec leurs barques, un joli pont sur l’onde.

 

Alors on pourrait faire une ronde tout autour du monde,

Si tous les gens du monde voulaient se donner la main.



 

If all the world’s lasses

Joined up hand in hand

They could dance round the sea

In a ring on dry land.

 

If all the world’s lads

Would sail out on the sea,

A bridge over water

Their vessels would be.

 

And so we could make

A ring round every land

If all of the people

Joined up hand in hand.

 

 Copyright © Timothy Adès

 


Et voici Les Compagnons De La Chanson : les paroles sont de Marcel Achard et Georges-Eugene Van Parys…

Si Tous les Gars Du Monde :

Si tous les gars du monde décidaient d'être copains
Et partageaient un beau matin leurs espoirs et leurs chagrins
Si tous les gars du monde devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main, le bonheur serait pour demain

 

Ne parlez pas de différence
Ne dîtes pas qu'il est trop blond
Ou qu'il est noir comme du charbon
Ni même qu'il n'est pas né en France
Aimez-les n'importe comment
Même si leur gueule doit vos surprendre
L'amour c'est comme au régiment
Il n'faut pas chercher à comprendre

Si tous les gars du monde décidaient d'être copains
Et partageaient un beau matin leurs espoirs et leurs chagrins
Si tous les gars du monde devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main, le bonheur serait pour demain

J'ai mes ennuis et vous les vôtres
Mais moi je compte sur les gars
Les copains qu'on ne connaît pas
Peuvent nous consoler des autres
Tous les espoirs nous sont permis
Le bonheur c'est une habitude
Avec 200 millions d'amis
On ne craint pas la solitude

Si tous les gars du monde décidaient d'être copains
Et partageaient un beau matin, leurs espoirs et leurs chagrins
Si tous les gars du monde devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main, le bonheur serait pour demain

Si tous les gars du monde devenaient des copains

 

https://www.youtube.com/watch?v=QRwinIdlvbI

If all the world’s lads would be friends with each other

And share one fine morning their hopes and their sorrow

If all the world’s lads would be friends with each other

And walk hand in hand, we’d be happy tomorrow.

 

 

 

Do not mention difference

Don’t say: he’s too blond, too pale

Don’t say: he’s as black as coal

Don’t say: wasn’t born in France
Like him, no impediment,

Though he has afunny face!

Just like in the regiment.

Being puzzled has no place.

 

I’ve my problems, just like you,

I know guys that we can trust:

All the mates we never knew

Cheer us up about the rest.

All our dreams have happy ends:

Live a life of happiness!

With 200 million friends

We’ve no risk of loneliness.

 

Copyright © Timothy Adès



Timothy Adès est un poète traducteur-britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables" de Robert Desnos en anglais. Lauréat des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature et administrateur du magazine "Agenda Poetry"

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

 

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LA FEVE, par Maurice Donnay / Timothy


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

 

   Je vous propose de revenir à Maurice DONNAY (1859-1945) avec son poème La Fève. 

Un peu tard pour la "Fête des Rois" : mais il me fallait perfectionner ma version anglaise.

Nous autres anglo-saxons n’avons pas cette belle coutume ; pour nous, le 6 janvier n’est que le jour de sortir l’arbre et d’enlever les cartes et les parures festales.

 

 

 

 

Fèves de la fin du 19°

 

 

Maurice Donnay : dramaturge, poète ; Académie française, 1907 ; Grand Officier de la Légion d'honneur 1935 ; Membre du Comité de la Société des gens de lettre 1944.

Le rôle de Lysistrata, tentatrice, d’après Aristophane, lui est créé par Gabrielle Réjane ; dans ‘L’autre danger’ il profitait de l’art de Cécile Sorel.

 

La Fève

 

Tu nous dindonneras encor plus d'une fois,

Chère âme, et près des tiens nos moyens sont infimes.

Je me souviens toujours d'un dîner que nous fîmes,

Un beau soir, dans Auteuil, à la porte du Bois

 

Et tu faisais de l'œil à ton voisin de face,

Et tu faisais du pied à tes deux amoureux

A gauche, à droite, et ton amant était heureux,

Car tu lui souriais tout de même avec grâce.

 

Ah ! tu n'es pas la femme aux sentiments étroits

Qu'une fidélité trop exclusive gêne.

Entre tous, Pierre, Jean, Jacques, Alphonse, Eugène,

 

Tu partages ton cœur comme un gâteau des Rois.

Et, si grand est ton art, aimable fille d’Ève,

Que chacun se croit seul à posséder la fève.

 

 

 

 

 

 

Twelfth Night: the Bean

 

You’ll stitch us up again, and more than once,

Dear soul: compared to you, we haven’t got the means.

I can’t forget that dinner one fine night: we were

Out in Auteuil, just where you get into the Bois.

 

To the sitting-opposite guy, you gave the eye,

Played footy-foot with the two who fancied you,

To left and right; your lover was in clover,

As you anyway gave him a smile with lovely style.

 

You’re not a woman prone to narrow sentiments,

Whom high fidelity might inconvenience.

Between all these, John, Peter, James, Eugene, Alphonse,

 

You share your heart out like a Twelfth Night frangipane.

And so great is your art, delightful feminine,

That each one thinks himself sole owner of the bean.

 

 Copyright © Timothy Adès

 

 


Dernier poème de Maurice Donnay présenté et traduit par Timothy Adès :

https://www.pourunerepubliqueecologique.org/2022/03/13/lettre-d-amour-par-maurice-donnay-timothy-ad%C3%A8s/

 

La comédienne et directrice de théâtre Réjane (1856-1920), photographiée par Ateliers Nadard, dans "Lystratata", pièce en 4 actes de Maurice Donnay, (dans une adaptation très libre de la pièce d'Aristophane) donnée au Théâtre du Vaudeville à Paris, 06-05-1896 (Gallica / BnF) / La comédienne Cécile Sorel (1873-1966) qui a joué dans "l'Autre danger", comédie en quatre actes de Maurice Donnay créée à la Comédie française le 22-12-1902, photographiée par Leopold Emil Reutlinger (Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris) / Restaurant Le Village d'Auteuil à Paris


Timothy Adès est un poète traducteur-britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables" de Robert Desnos en anglais. Lauréat des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Membre de la Royal Society of Literature et administrateur du magazine "Agenda Poetry"

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Au gré des envies et des propositions des uns et des autres. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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MEMOIRE LONGUE par Jean Cassou / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

   Je reviens à Jean CASSOU (1897-1986), héros de la Résistance, créateur du Musée National d’Art Moderne, qui serait néanmoins ‘le grand méconnu’.

Blessé en 1944, longtemps inconscient, de Gaulle lui accroche la Croix de la Libération.

C’est avec lui et ses 33 Sonnets composés au secret (composés de tête en prison) que j’ai commencé ma carrière de poète-traducteur rimant.

 

 

 

Le poème du jour se trouve dans mon deuxième recueil de Cassou, The Madness of Amadis and Other Poems, édition bilingue chez Agenda Editions, ainsi que dans la belle édition suisse de chez Erker, elle aussi bilingue mais à textes français et allemand.

 

De quoi s’agit-il dans ces vers ? Je les ai traduits, je ne peux pas vous le dire !