le monde d'après c'est maintenant


 

   Une série de contributions, débutée au printemps 2020, sur " le monde d'après, c'est maintenant ", sous forme d’articles, analyses, idées, sous forme de tribunes d’opinion, sous forme d’entretiens, voire de chroniques de post-confinement, mais aussi possiblement sous forme de textes littéraires, poétiques, de gestes artistiques, de vidéos smartphone, capsule vidéos PowerPoint…

 

Il est trop tôt pour faire le bilan de la crise du Covid 19, mais pas pour commencer à « tirer des leçons », à analyser les premiers effets de cette crise pandémique et à songer utilement à « l’après ». Le Covid-19 n’est évidemment en rien « salutaire », mais il nous permet cependant de mesurer nos fragilités et celle de nos sociétés dont le caractère non safe et non durable éclate au grand jour. C’est un chaos humain dont la réponse génère un désastre humain.

 

Il interroge notre rapport à la mort. Il nous amène à repenser le progrès, le monde, à nous repenser nous-mêmes et dans notre rapport aux autres. Il plaide pour une réhabilitation de l’État dans sa fonction de stratège, délaissée au fil du temps, pour sa restauration en tant que garant de la protection et de la prospérité pour tous, pour sa transmutation en un État à la fois social et écologique.

 

La question, aujourd’hui, pas demain, n’est pas d’attendre que ça passe, de revenir à « la normale », elle est ni plus ni moins de se ménager un monde où les humains puissent se retrouver, où leurs désirs et leurs besoins les plus basiques, la nourriture, un toit, aux plus sociaux, aux plus «humains», le besoin de reconnaissance et d’affiliation, leur désir de participer à la vie et aux décisions de la Cité, soient entendus. Elle nous invite en ce XXI ième siècle à « faire commune ».

 

La question est de définir un espace où nous pourrions continuer de vivre, sans nous laisser accaparer par la peur, ni nous laisser distraire par la pensée magique ou les déconstructions hasardeuses, ni nous faire enfler par l’extension du domaine de la biopolitique, ni nous abandonner davantage à la tentation du repli tribal. Elle ne concerne pas que la stratégie de sortie progressive de l’actuelle crise sanitaire, elle commande de se préparer à la diversité des menaces : virales, dans toutes leurs formes, y compris cyber-attaques, etc. mais aussi d’anticiper le pire à venir pour amortir les conséquences des chaos dont nous savons la prévisibilité (crise climatique). La question convoque les enseignements de l’expérience vécue, mais aussi notre sens du défi et la puissance de l’imaginaire. Et notre ambition : s’agit-il de penser le « Jour d’après » ou le « monde d’après » ?

 

On ne va pas sortir de la crise. Autrement dit, il n’y a aura pas d’après. Mais un rappel permanent de nos vulnérabilités, de notre précarité, de la non-durabilité de nos sociétés, comme de la finitude du monde. On ne va passer d’un coup d’un monde écrasé par le désir d’accumulation à un mondé ré-enchanté qui ferait toute sa place à la confiance mutuelle, à l’émancipation et au sublime de la vie. Mais il n’est pas interdit d’y travailler. En faisant avec les paradoxes de la situation et en se défaisant de l’illusion de perspective.

 

"Il n'y a pas de lendemain qui chantent, il n'y a que des aujourd'hui qui bruissent" (Alain Damasio).

 


LA RESISTANCE HEROIQUE ET PEUT-ETRE ABSURDE D'UNE FEUILLE, par Jane Sautière, romancière


A l'heure où notre monde semble glisser dans les amères abominations que prédisait le Mahâbharata mis en scène par Peter Brook au Festival d'Avignon (1985), où nous revient également la leçon du film Tel Me Lies (1968) contre la guerre du Vietnam du même Brook, ressorti sur les écrans en 2012, il est désespérant de constater que l'Humanité a toujours autant besoin d'entendre des mensonges. La concordance des temps est frappante, et l'on ne peut que s'interroger avec le metteur en scène, dramaturge et cinéaste britannique sur la signification fondamentale du conflit. Y compris du conflit intérieur qui nous assaille. Comment traverser l'époque noire actuelle ? Et, plus largement, alors que la "mythologie privée" de celui qui fut tout à la fois un enchanteur et un théoricien du théâtre avec l'image de la feuille et de la tige questionne tout un chacun, comment surmonter ce "conflit essentiel" ? Ce grand voyageur du théâtre (décédé en 2022) a passé sa vie, nous confie-il dans son livre Oublier le Temps, à tenter de le résoudre : "quand faut-il s'accrocher à une conviction, et quand faut-il s'en libérer et lâcher prise ?"

La romancière Jane Sautière* nous fait partager un extrait inspirant de Threads of time (écrit dans sa version française avec la collaboration de Micheline Rozan et Jean-Claude Carrière), situé au tout début du livre.

 

«Au delà des références, ce qui m'a touché dans cet extrait, nous dit-elle, c'est qu'on peut tenir bon grâce à une feuille et perdre l'équilibre en la lâchant, contre toute raison ! »

 

* Le lundi 29 janvier, le Point Éphémère à Paris accueillait la soirée de rentrée 2024 des éditions Verticales au cours de laquelle ont été données des lectures de Jane Sautière, également d'Elitza Gueorguieva, Claire Fercak, Alexandre Labruffe et Marianne Rubinstein.


 

 

   "Les années passent. Je suis habillé pour la guerre. C'est un déguisement.

Ce personnage anonyme ne peut pas être moi. Mais nous sommes en guerre et un étudiant d'Oxford est tenu, en contrepartie de ses privilèges, de s'entraîner une fois par semaine pour devenir officier. La pensée de la guerre me terrifiait depuis l'enfance et comme cette échéance me semblait lointaine, je croyais depuis toujours que le moment venu, je pourrais me cacher sous mon lit jusqu'à l'armistice. Espérance vaine. Me voici qui défile avec de lourdes bottes et l'uniforme qui gratte.

   Aujourd'hui, c'est notre premier « parcours d'obstacles ». Au coup de sifflet, nous démarrons, les sergents nous crient des encouragements; et tous les enthousiastes chargent comme des fous, grimpant aux cordes à noeuds, sautant les barrières, avalant les échafaudages.

   Tire-au-flanc depuis l'école, je traîne en arrière, ignorant les railleries du sergent. Je me hisse laborieusement sur les hauts murs et, au lieu de sauter, je me laisse glisser en m'accrochant d'une main, avant de retomber prudemment sur le sol.       

   Quand arrive la rivière qu'il faut traverser sur un tronc d'arbre, il y a belle lurette que les autres sont passés et qu'ils ont disparu avec des cris de joies. «Qu'attendez-vous, Monsieur ? », rugit le sergent. Le ton est insultant mais, pour le jeune officier que je suis, «monsieur» est de rigueur. Je pose ma grande botte sur le tronc et attrape la branche d'un arbre au-dessus. Maintenant les deux pieds sont sur le tronc. «Alors, Monsieur, qu'attendez-vous ? »

   J'avance. «Lâchez la branche.» Je la lâche. Deux pas de plus. Je me redresse pour trouver l'équilibre et attraper une feuille. La feuille me donne du courage. Je fais un pas en avant ; pour l'équilibre, cela va : Je contrôle la situation. Le tronc avance sur l'eau. Le sergent m'encourage avec des signes d'approbation. Un autre pas. La main qui tient la feuille est à la hauteur de mon épaule. Un autre pas, et elle passe derrière mon épaule. L'équilibre est toujours bon. 

 

 

 

"Gris, triste, froid, mort.

La résistance héroïque et peut-être absurde d'une feuille" / Jane Sautière

 

J'ai confiance, mais mes bras sont complètement étirés. Je ne peux pas faire un autre pas, sauf à lâcher la feuille, et je ne peux pas la lâcher. « Lâchez la feuille », beugle le sergent. «Lâchez cette sacrée bon dieu de feuille ! » Je résiste. Il hurle. 

Je fais appel à toute ma volonté pour obliger mes doigts à lâcher prise, mais ils refusent. Mon bras est dans mon dos, je tente d'avancer. La feuille me donne confiance. Mon bras est tendu jusqu'à l'extrême, il me tire dans une direction, mes pieds vont dans l'autre. Un instant, je penche comme la tour de Pise ; puis je finis par lâcher la feuille et je tombe dans l'eau glaciale. 

   Encore et toujours, je reviens à cette image : la feuille et le tronc font partie intégrante de ma mythologie privée. Ils expriment le conflit essentiel que j'ai passé ma vie à tenter de résoudre : Quand faut-il s'accrocher à une conviction, et quand faut-il s'en libérer et lâcher prise ? "

 

Threads of Time, Peter Brook (Cornélia Bessie éditrice, 1998), "Oublier le temps" (Seuil, collection "Fiction & Cie", dirigée par Denis Roche, 2003)


Jane Sautière est romancière.

Elle est l’autrice, aux Éditions Verticales, d’une œuvre, « qui examine ce qui nous attache aux autres et à nous-même. Des lieux les plus insolites et les moins hospitaliers à l’univers domestique; des contacts les plus fugitifs aux liens les plus marquants, chacun de ses ouvrages inventorie ce qui permet de vivre et d’habiter le monde. Leur motif est la

rencontre ; leur raison d’être, le désir et la nécessité d’« être là ». 

Autrice notamment de Corps Flottants (Ed. Verticales, août 2022), Mort d'un cheval dans les bras de sa mère (Ed. Verticales, Gallimard, 2018), Stations (entre les lignes) (Éd. Verticales, 2015 et Dressing (Éd. Verticales, 2013), ses quatre derniers ouvrages.

Egalement, avec Maïté Snauwaert, de COMMENT VIVRE, un "essai-conversation" (Éditions Figura, collection « Photons », n° 3, 2022), suivi de De la terre des pleurs un grand vent s’éleva, un inédit de Jane Sautière.

Jane Sautière a aussi publié des nouvelles et des articles dans diverses revues et co-signé également « Zones d'ombres » avec Jean-Marie Dutey (Gallimard, «Série Noire», 1998).

Ancienne éducatrice pénitentiaire, Jane Sautière est très engagée sur le plan social auprès des migrants et des sans-papiers.

Elle a obtenu  avec Corps Flottants  le Grand Prix SGDL (Société des gens de Lettres) 2023 de la fiction.

Dernière contribution : https://www.pourunerepubliqueecologique.org/2022/05/21/comment-vivre-par-jane-sauti%C3%A8re-%C3%A9crivain/

 

 

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PROPOSITION 10 du PRé : PROMOUVOIR UNE JUSTICE ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE


LES 10 PROPOSITIONS ECOLOGIQUES ET SOCIALES DU PRé


 

   Si l’on veut mener à bien la transition énergétique & écologique, on ne pourra pas faire l’économie de développer de nouvelles normes de justice environnementale, même si en même temps on sait, depuis le mouvement de contestation de 2018, que cela ne pourra se faire qu’en développant en parallèle la justice sociale sans laquelle l’objectif de la transition ne pourra même pas être approché.

Ce serait vraiment une erreur de continuer d'isoler la question environnementale, de faire comme s'il y avait un consensus assuré - renforcé par le sentiment que peut donner les résultats de la CCC - sans la relier à la question sociale et aux inégalités, sans compenser les effets sociaux des mesures environnementales prises.

 

1 mesure concrète : Une première chose pourrait être faite, susceptible de réparer l’effet désastreux donné par le début du quinquennat avec des mesures qui ont été vécues comme un alourdissement de la facture énergétique pour les plus pauvres et les classes moyennes et des baisses d’impôts pour les plus riches, c’est de réformer l’IFI. Car aujourd’hui, l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière) ne touche pas des biens spéculatifs et improductifs tels que les placements financiers et les liquidités ; ni les yachts, avions privés, automobiles de collections, objets précieux et bien spéculatifs (même s’il ne s’agit pas de taxer l’art dans son ensemble, certains tableaux de collection qui peuvent amener à spéculation). Il peut donc être opportun de faire un vrai bilan de l’IFI et faire en sorte qu’il y ait une réorientation, plutôt que de créer un énième ISF qui pourrait décourager l’investissement.

Il est sans doute possible de reformater l’IFI de façon à en faire un véritable impôt sur la fortune improductive et donc de remplir totalement l’objectif recherché. Il y a des trous dans la raquette qu’il convient de combler.

 

1 autre mesure (qui permettrait en outre d’élargir l’accès à la justice) : étendre la possibilité des actions de groupes au-delà des situations où il existe des préjudices individuels. Ces actions de groupes doivent permettre de prendre en compte le dommage à l’environnement et la mise en danger future avec comme objectif la réparation du dommage. En droit français, un état des lieux montre qu’il existe d’importantes techniques permettant à certains sujets de droit déterminés par la loi de défendre des intérêts non personnels. Cela permet d’ouvrir un procès alors que le litige ne concerne pas l’intérêt propre du demandeur. Il s’agirait ici de réfléchir à une action popularis, c’est-à-dire le droit pour chaque membre d’une collectivité d’intenter une action pour la défense d’un intérêt public, encadrée pour éviter les abus.

 

Si l’on en croit Pascal, « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. ». Dans un monde dominé par la finance, il faut donc pouvoir – comme aux Etats-Unis – rendre effective les décisions de justice.

 

Les sanctions pécuniaires doivent être une source de réflexion pour ne pas dire de crainte et d’éducation pour les entreprises.

Dans le dossier AZF, TOTAL a été condamnée à payer une amende de 225.000 €, tout juste une piqure de moustique. Pourquoi ne pas introduire en droit français les « dommages et intérêts punitifs » et confier la gestion des fonds ainsi recueillis à une agence nationale chargé de la protection de l’environnement et de l’éducation populaire tout en permettant de financer des actions locales ?


Le monde d’après, c’est maintenant

 

Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc.

Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.

 

Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.

 

10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.

 

10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une « social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au déréglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même.

 

Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux ayant trait au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés. Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine. Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.

 

Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.

Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.

En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe.

Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.

Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe.

Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …

 

L’Europe reste le bon niveau pour déployer un Green new Deal, un Pacte vert, comme pour exercer une vigilance écologique et prendre les mesures de protection nécessaires face aux états qui ne s’inscriraient pas dans les Accords de Paris : USA, BRIC (Brésil…), U.K (post Brexit)… afin de ne pas entrer en contradictions, voire entraver les démarches et productions « vertueuses » des états membres.

 

Et si c’était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d’accumulation de la richesse et l’interventionnisme de l’Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ?

Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l’on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.

Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.

«Faire commune», il n’y a sans doute pas plus urgent aujourd’hui pour faire face collectivement à l’urgence climatique, comme à la montée des périls ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.

 

Pour tous renseignements, questions, suggestions et soutien :dominique-leveque@pourunerepubliqueecologique.org

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PROPOSITION 9 du PRé : REPENSER NOTRE MANIERE DE SE DEPLACER


LES 10 PROPOSITIONS ECOLOGIQUES ET SOCIALES DU PRé


 

   Nous devons nous poser les questions suivantes : notre façon de nous déplacer est-elle adaptée ?

Tous nos déplacements sont-ils vraiment indispensables ?

Les logiques de polarisation des activités économiques et de délocalisation des chaînes de production d'industries stratégiques sont-elles toujours acceptables ?

L’enjeu est de développer les mobilités au service des Hommes, de l’emploi et des territoires, de promouvoir des moyens de déplacements plus durables pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles et proposer des moyens de transport accessibles à tous en termes de coût. Les transports, comme la construction et la réhabilitation des logements, font partie des infrastructures où des investissements supplémentaires sont possibles et nécessaires.

 

1 mesure concrète : Réengager l’État et engager les régions dans le maillage ferroviaire du territoire, pour lutter contre le dérèglement climatique et les fractures territoriales et combler la suppression des lignes aériennes intérieures ne concourant pas à la maîtrise de l’empreinte carbone et concurrençant les alternatives plus soutenables au plan environnemental, comme le train. Dès lors que les facteurs prix et temps seraient concurrentiels et acceptables.

 


Le monde d’après, c’est maintenant

 

Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc.

Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.

 

Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.

 

10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.

 

10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une «  social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au déréglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même.

 

Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux ayant trait au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés. Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine. Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.

 

Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.

 

Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.

En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe.

Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.

Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe.

Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …

 

L’Europe reste le bon niveau pour déployer un Green new Deal, un Pacte vert, comme pour exercer une vigilance écologique et prendre les mesures de protection nécessaires face aux états qui ne s’inscriraient pas dans les Accords de Paris : USA, BRIC (Brésil…), U.K (post Brexit)… afin de ne pas entrer en contradictions, voire entraver les démarches et productions « vertueuses » des états membres.

 

Et si c’était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d’accumulation de la richesse et l’interventionnisme de l’Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ?

Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l’on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.

Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.

«Faire commune», il n’y a sans doute pas plus urgent aujourd’hui pour faire face collectivement à l’urgence climatique, comme à la montée des périls ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.

 

Pour tous renseignements, questions, suggestions et soutien :

dominique-leveque@pourunerepubliqueecologique.org

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PROPOSITION 8 du PRé : UNE PARTICIPATION CITOYENNE RENOUVELEE


LES 10 PROPOSITIONS ECOLOGIQUES ET SOCIALES DU PRé


 

   Notre modèle démocratique tire la langue et doit être régénéré. L’approfondissement de la crise climatique ne manquera pas d’apporter de nouvelles tensions et fera miroiter des modes de gouvernance autoritaire et populiste.

De ce point de vue, le « mouvement » des Gilets jaunes - aussi critique l'on a pu être à son endroit - né de la perception de décisions environnementales prises sans la moindre considération de l’état social de la nation, nous a dit quelque chose de la fatigue de l'organisation politique et économique de la société. Comme par ailleurs de l'insuffisance d'exprimer une opinion sur une injustice en l'adressant à l'Etat sans s'organiser.

Il reste que les citoyens doivent être mieux associés aujourd'hui et pas seulement consultés aux décisions qui concernent les grands choix pour l’avenir et l’exemple de la Convention Citoyenne pour le climat a bien montré la capacité des citoyens, quel que soit leur origine, à travailler ensemble et à émettre des propositions solides.

Il est temps de prendre conscience que la démocratie n’est pas seulement représentative, délégataire. Il est urgent d’innover, sauf à désenchanter encore plus les citoyens, notamment les plus jeunes, face aux nouvelles exigences et aux nouvelles formes démocratiques, y compris sur l’Europe et la régulation mondiale.

 

Une évolution vers une démocratie coopérative, conjuguant démocratie représentative, démocratie sociale et démocratie délibérative citoyenne pourrait être une visée permettant de trouver une nouvelle vitalité démocratique. Un retour en quelque sorte vers le principe démocratie, c’est-à-dire l’expression égale et inconditionnelle de chacun.

 

Une initiative pourrait être prise pour que la Convention citoyenne pour le climat ne soit pas réduite à un simple exercice de style : pourquoi les collectivités territoriales ne s’empareraient-elles pas des propositions de la CCC pour les soumettre à la sagacité de leurs habitants via des Etats généraux pour le climat décentralisés ?

Cela permettrait d’élargir la thématique à l’ensemble des Français, de renforcer l’opportunité de telle ou telle proposition, de parachever l’exercice délibératif que fut la CCC et de conforter l’Assemblée nationale dans les choix qu’elle aura à faire.

Cette initiative ferait oeuvre utile : elle contribuerait à comprendre que les questions dites « écologiques » ne sont pas extérieures aux questions dites « sociales » mais au contraire intérieures. Elle pourrait aider à réactiver la société civile, à la libérer de l'Etat. Et d'un autre côté, elle pousserait l’Etat à apprendre de la situation actuelle, à être plus réceptif à un changement de paradigme - ce à quoi il n’est pas naturellement disposé - bref à se réformer.

 

1 mesure concrète : Moderniser le CESE et le transformer en chambre de la société civile. Une partie de ses membres pourrait l’être par tirage au sort. Nous aurions là une évolution majeure : l'introduction du citoyen dans la fabrication de la Loi. Et un atout non moins majeur : la possibilité de vérifier en temps réel « l’assentiment » du peuple à « la société ». Contribuer à produire un langage commun et, à tout le moins, être à même sinon d’exprimer, du moins d'expliciter les désaccords qui traversent la société.

 

Cette Chambre pourrait être également chargée d'évaluer les pétitions envoyées par des citoyens. Cette modernisation et cette évolution du CESE pourrait être une suite politique logique aux travaux de la Convention citoyenne pour le Climat qui a démontré qu’elle était capable de produire un travail de qualité et a surtout mis en évidence le désir de participation de nos concitoyens aux processus de délibérations démocratiques.

 

Une piste plus audacieuse encore, même si pas réellement novatrice, serait de faire fusionner le CESE et le Sénat, pour en faire une nouvelle Chambre des Territoires, de la démocratie sociale et de la société civile. Cette chambre aiderait la démocratie représentative à trancher des intérêts contradictoires que les décideurs publics ont parfois du mal à faire confrontés qu’ils sont au court-termisme, et pourrait faire office dans le même temps de « pôle de contrôle parlementaire ».

 

Cette chambre ferait un rapport public annuel qui examinerait les impacts d’une loi ou d’une mesure dans le futur. Il lui reviendrait de se poser une question : cette mesure est-elle bonne pour les générations futures ?

 


Le monde d’après, c’est maintenant

 

Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc.

Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.

 

Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.

 

10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.

 

10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une «  social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au déréglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même.

 

Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux ayant trait au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés. Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine. Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.

 

Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.

 

Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.

En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe.

Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.

Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe.

Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …

 

L’Europe reste le bon niveau pour déployer un Green new Deal, un Pacte vert, comme pour exercer une vigilance écologique et prendre les mesures de protection nécessaires face aux états qui ne s’inscriraient pas dans les Accords de Paris : USA, BRIC (Brésil…), U.K (post Brexit)… afin de ne pas entrer en contradictions, voire entraver les démarches et productions « vertueuses » des états membres.

 

Et si c’était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d’accumulation de la richesse et l’interventionnisme de l’Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ?

Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l’on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.

Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.

«Faire commune», il n’y a sans doute pas plus urgent aujourd’hui pour faire face collectivement à l’urgence climatique, comme à la montée des périls ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.

 

Pour tous renseignements, questions, suggestions et soutien :

dominique-leveque@pourunerepubliqueecologique.org

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PROPOSITION 7 DU PRé : UNE PUBLICITE RESPONSABLE


10 PROPOSITIONS écologiques et sociales présentées par le PRé


 

   On ne pourra pas consommer mieux et moins, sans gaspiller, sans le recours à une publicité responsable.

On ne pourra pas réussir la transition vers un nouveau modèle de développement sans remettre en cause notre modèle publicitaire, hyper consumériste et énergivore, sans le transformer en un levier de la transition écologique, en un levier économique, mais aussi social.

Non seulement celui-ci fournit en permanence une incitation à consommer, mais surtout il nous place dans une idéologie du bonheur par la consommation. L’hyper consommation implique une pression constante sur les matières premières, entraîne un amoncellement de déchets et contribue à cette frustration sociale basée sur l’envie envers les catégories les plus favorisées, les seules représentées dans les campagnes publicitaires. Est-il raisonnable et réaliste de s’en remettre à la seule autorégulation du secteur ?

 

1 mesure concrète : une première disposition pourrait consister à rendre obligatoire la réalisation par les entreprises du secteur de la publicité de bilans carbone de leurs actions de communication. Une mesure qui ne serait pas exclusive de l’utilité d’élaborer “une charte climatique pour la publicité audiovisuelle » ou de mettre en place concomitamment des procédures de co-régulation, comme l’évoque le rapport Libaert & Guibert (1) sur « Publicité et transition écologique » remis en juin dernier à la ministre de la Transition écologique. Des engagements doivent être pris par la profession pour tendre vers la neutralité carbone, mais aussi pour s'interdire certaines pratiques - par exemple la communication par voie aérienne ou pour des produits dont la disparition est programmée, l’affichage automatique la nuit… - comme pour s'engager dans des expérimentations, par exemple un dispositif d’opt-in obligatoire pour les imprimés publicitaires.

 

Les professionnels doivent aussi prendre des initiatives structurelles pour intégrer les enjeux écologiques. Un fonds de soutien à la publicité responsable pourrait être ainsi créé, qui serait alimenté par une contribution de 1 % sur les investissements publicitaires, d’un rendement d’environ 150 millions d'euros, et qui permettrait aux entreprises de taille moyenne, associations, start-up, coopératives, d’obtenir un abondement financier afin de faire connaître leurs produits ou actions écoresponsables.

 

Un “Grenelle citoyen de la publicité et de la transition écologique” pourrait être un moment opportun dans le passage à une publicité plus responsable. A défaut, Il faudra aider le secteur à lever les freins et les réticences en son sein, le cas échéant par la force de la loi.  Il serait symptomatique que le secteur soit le seul à être exonéré de sa contribution et de ses obligations en matière de transition énergétique & écologique.

 

 

(1) Thierry Libaert, conseiller scientifique du PRé et membre de son conseil est également l’auteur du rapport Pour une consommation plus durable, en phase avec les enjeux européens (commandé en juin 2018 par le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, et remis en janvier 2019.

Dernier ouvrage paru : " Comment mobiliser (enfin) pour la planète " (Ed le Pommier, collec Essais, manifestes, 16 septembre 2020).


Le monde d’après, c’est maintenant

 

Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc.

Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.

 

Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.

 

10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.

 

10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une «  social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au déréglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même.

 

Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux ayant trait au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés. Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine. Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.

 

Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.

 

Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.

En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe.

Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.

Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe.

Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …

 

L’Europe reste le bon niveau pour déployer un Green new Deal, un Pacte vert, comme pour exercer une vigilance écologique et prendre les mesures de protection nécessaires face aux états qui ne s’inscriraient pas dans les Accords de Paris : USA, BRIC (Brésil…), U.K (post Brexit)… afin de ne pas entrer en contradictions, voire entraver les démarches et productions « vertueuses » des états membres.

 

Et si c’était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d’accumulation de la richesse et l’interventionnisme de l’Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ?

Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l’on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.

Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.

«Faire commune», il n’y a sans doute pas plus urgent aujourd’hui pour faire face collectivement à l’urgence climatique, comme à la montée des périls ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.

 

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PROPOSITION 6 du PRé : Pour une éco-socio conditionnalité des aides publiques


10 PROPOSITIONS écologiques et sociales présentées par le PRé


 

   La crise du Covid19 aura fortement impacté un grand nombre de secteurs économiques et la tentation portée par de puissants lobbys d’entreprises aura été de soutenir un redémarrage le plus rapide possible.

L’aide apportée au secteur aérien aura été un révélateur du dilemme posé, soit on relance quel qu’en soient les conséquences environnementales, soit on en profite pour poser de nouvelles bases.

Alors que le choc est devant nous, il convient certes de l’amortir mais tout en assortissant le plan de relance – dont il ne faudra pas oublier d’évaluer les résultats - de réelles contreparties. Tout en évitant le dévoiement de certaines récentes mesures d’adaptation des droits des entreprises en période de Covid par certains dirigeants qui seraient tentés d’y trouver le moyen d’effacer les dettes, de réduire la masse salariale, voire de se porter candidat à la reprise de leur entreprise après la mise en redressement  judiciaire.

 

1 mesure concrète : Les clauses environnementales dans la passation des marchés publics doivent être renforcées et le verdissement des conditions d’éligibilité au crédit impôt recherche affirmé. C’est ainsi que nous proposons que toute aide publique a une entreprise ou secteur ne pourra plus se réaliser qu’à la condition de respecter un cahier des charges strict valorisant les conditions écologiques et sociales (dont le souci de l’égalité notamment salariale hommes-femmes ne doit pas être remisé, mais au contraire renforcé) du domaine ou de passer vers un modèle décarbonné. Le seul argument économique ou financier ne sera plus suffisant. L’inscription de clauses environnementales est recommandée dans les marchés publics mais très rarement appliquée faute de formation des « acheteurs publics » et du caractère réglementairement obligatoire de ces normes, ce qui pourrait être le cas dans certains domaines (ex : rendre obligatoire l’utilisation de produit phytosanitaire d'origine naturelle dans la gestion des espaces verts, idem dans les marchés du nettoyage et propreté,…).

 


 

Le monde d’après, c’est maintenant

 

Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc.

Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.

 

Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.

 

10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.

 

10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une «  social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au déréglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même.

 

Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux ayant trait au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés. Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine. Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.

 

Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.

 

Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.

En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe.

Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.

Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe.

Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …

 

L’Europe reste le bon niveau pour déployer un Green new Deal, un Pacte vert, comme pour exercer une vigilance écologique et prendre les mesures de protection nécessaires face aux états qui ne s’inscriraient pas dans les Accords de Paris : USA, BRIC (Brésil…), U.K (post Brexit)… afin de ne pas entrer en contradictions, voire entraver les démarches et productions « vertueuses » des états membres.

 

Et si c’était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d’accumulation de la richesse et l’interventionnisme de l’Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ?

Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l’on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.

Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.

«Faire commune», il n’y a sans doute pas plus urgent aujourd’hui pour faire face collectivement à l’urgence climatique, comme à la montée des périls ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.

 

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PROPOSITION 5, 10 Propositions écologiques et sociales présentées par le PRé

PROPOSITION 5 : PROMOUVOIR UNE AGRICULTURE VERTUEUSE POUR UN MIEUX ETRE DES CONSOMMATEURS ET DES PRODUCTEURS


 

  Les grands bouleversements climatiques et économiques que nous connaissons imposent de repenser notre modèle de production et de consommation alimentaires, pour gagner en lucidité prospective collective. Nos paysans sont pris en étau entre une pression commerciale de plus en forte des grands distributeurs et une agriculture intensive fortement consommatrice en pesticides. Pour éviter cet appauvrissement des agriculteurs et limiter les ravages d’un modèle agricole qui détruit la biodiversité et contribue grandement aux émissions de GES, il est nécessaire de repenser le modèle actuel de production pour le rendre plus respectueux des hommes et de la planète. Et passer à une agro-écologie pour créer des emplois durables, développer notre résilience alimentaire et préserver la biodiversité.

 

Il convient de le repenser aussi en regard de la question de la résilience alimentaire des territoires et de la sécurité nationale qu’on ne peut plus méconnaître, tel que pointé très justement par le Sénat. Et le GIEC, qui en août 2019, s’est penché sur la question de la sécurité alimentaire dans son rapport spécial consacré aux terres émergées. Ce rapport souligne notamment que le changement climatique a une incidence sur les quatre piliers de la sécurité alimentaire, à savoir la disponibilité des produits agricoles, l’accès à la nourriture, l’utilisation qui en est faite et la stabilité de l’approvisionnement.

Dans ce cadre, réviser la Politique agricole commune pour constituer un cadre cohérent de la transition écologique dans le domaine agricole n’est plus une option.

 

1 mesure concrète : Il faut œuvrer en faveur d’une certaine souveraineté alimentaire, qui ne nous laisse pas dépendants en cas de crise, comme avec la Covid-19 et son cortège de confinements de par le monde et d’arrêt des échanges commerciaux. La proposition de résolution n° 588 du Sénat est de ce point de vue intéressante, qui entend alerter sur notre vulnérabilité alimentaire et sécuritaire en cas d’événements de force majeure et propose de mettre en place une stratégie de « territorialisation » des productions alimentaires, d’établir une cartographie des flux de production et de développer une culture de la gestion du risque.

Un projet de loi de sauvegarde du foncier agricole pourrait être envisagé, ainsi qu’une révision de la loi de programmation militaire, afin d’intégrer la notion de résilience alimentaire des territoires dans la loi du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile.

 

En parallèle, comme pour les marchés de fourniture qui pourraient être réservés aux biens éco-conçus ou du réemploi, les pouvoirs publics peuvent largement orienter l’offre en matière de produits agricoles. Ainsi ne faut-il plus hésiter à utiliser le levier de la commande publique pour accélérer la transformation écologique en valorisant les produits issus de circuits courts, locaux, durables et à faible coût environnemental avec une empreinte carbone maîtrisée.


Le monde d’après, c’est maintenant

 

   Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc. Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.

 

   Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.

 

   10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.

 

   10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une « social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au dérèglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même. Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux relatifs au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés.

Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine.

Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.

Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.

 

   Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.

En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe. Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.

Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe. Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …

 

   Et si c'était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d'accumulation de la richesse et l'interventionnisme de l'Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ? Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l'on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.

Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.

"Faire commune ", il n'y a sans doute pas plus urgent aujourd'hui pour faire face à l'urgence climatique, à la montée de périls en tous genres ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.

 

Pour tous renseignements, questions, suggestions d'amélioration des propositions et soutiens :

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PROTEGER LE MODELE REPUBLICAIN DES LIBERTES INDIVIDUELLES, par le PRé


 

 

Quel sera le contenu du discours du Président Macron demain vendredi 2 octobre dont on nous dit qu'il devrait être centré sur les enjeux du projet de loi contre les "séparatismes" ?

 

Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, se dit de son côté prêt à soutenir, dans Le Monde de ce jour, la démarche du chef de l’Etat contre le communautarisme qu’on a laissé s’installer dans certains territoires, à condition qu’elle s’inscrive dans une « politique volontariste et républicaine ».

 

Qu'en disent les autres  acteurs politiques et sociaux ?

 

Que pouvons-nous attendre de l'intervention présidentielle ? Qu'y a t-il à en espérer  ?

 

 

 

Numéro (dit "des survivants") de Charlie Hebdo n°1178 "Tout est pardonné", 14 janvier 2015

 

Après la republication - depuis la semaine dernière - de deux Notes du PRé sur des sujets malheureusement d'actualité ( "Où est Charlie dans la France d'aujourd'hui ?", "La Laïcité répudiée ?"), en voici une autre : " Protéger le modèle républicain des libertés individuelles" (datant de novembre 2019), qui donne le sentiment du PRé dans un débat qui ne date pas d'aujourd'hui et peut aider à se repérer dans un contexte politiquement brouillé et périlleux.

Qui n'observe pas, en France comme ailleurs dans le monde, une extension des domaines d’un confusionnisme rhétorique et idéologique au sein des espaces publics, dans le sens de la confusion entre des thèmes d’extrême droite, de droite, de gauche classique et de gauche "radicale", voire de l'écologisme total, favorisant des bricolages idéologiques ultra-conservateurs, quand ce n'est pas une extrême droitisation ? Sur fond de prégnance plus large d’identitarismes, entendus comme la réduction des individus et des collectivités humaines à une identité principale et close.

Le résultat d’une désagrégation relative des repères politiques antérieurement stabilisés autour du clivage gauche/droite et du développement de passerelles discursives entre les courants politiques.

 

« Winter is coming » (Cf.  la série TV Game of Thrones !). L’hiver arrive, avec un risque de glaciation idéologique et politique.

Quand les séductions du « politiquement incorrect » se substituent à la visée de vérité, au souci de la justice et/ou la quête d’émancipation, en débordant de l’extrême droite vers la droite et les gauches. Quand les mises en récit conspirationnistes gangrènent la critique sociale structurelle, etc. ... Il  y a de quoi être inquiét et particulièrement vigilant. 

Le moment de marquer à la culotte la représentation nationale.

DL


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PROTEGER LE MODELE REPUBLICAIN DES LIBERTES INDIVIDUELLES
Note du PRé présentée par Dominique Lévèque au nom du groupe de travail "Qu'est-ce que la République ?"
13-11-2019
Notre tradition républicaine est un atout précieux pour préserver l’unité de la France dans ces nouveaux défis, notamment ceux de la « diversité », tant les facteurs de dispersion, dans un monde ouvert où l'argent, la finance, les néo-féodalismes, les égoïsmes, les groupes tribaux et les communautarismes triomphent, peuvent contribuer à sa dislocation. Encore faudrait-il que cette tradition puisse être revivifiée par un projet collectif pour pallier à son manque cruel actuel, rendant au pays une confiance en lui-même qui l’a quitté. Encore faut-il que face à la progression d’une radicalisation des esprits et des mœurs que l’on peut observer à la périphérie des métropoles, mais aussi en banlieues, en France et en Europe, on accepte de regarder cette réalité en face. Comme celle qui fait que la France est multi ethnique et multi confe
Protéger le modèle républicain des liber
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PROPOSITION 4, 10 Propositions écologiques et sociales présentées par le PRé


PROPOSITION 4 : RENFORCER LA QUALITE DE VIE A TRAVERS UN URBANISME RENOUVELE


 

   La pandémie de la Covid 19 interroge la forme de développement urbain et métropolitain (logements trop petits, forte densité urbaine, bétonisation excessive, manque d’espace vert, etc.)

 

L’automobile a favorisé l’éclatement de la ville avec des conséquences encore plus importantes sur les villes moyennes que dans les métropoles. L’enjeu écologique est de réunir le centre et la périphérie. Redonner à chaque ville son unité.

 

La pensée fonctionnaliste a fait disparaitre la notion de bien commun, support de lien social qu’il est opportun de mettre en avant dans tous les projets. L’espace de la ville est défini par la qualité des relations que les bâtiments entretiennent avec la rue, l’activité, le déjà là. Si le vélo est redevenu la petite reine, il faut que le piéton devienne le roi d’un paysage dans lequel le végétal et le minéral trouvent un équilibre rompu par « le tout technique ». Redonner au plaisir d’être ensemble ses titres de noblesse.

 

La limitation de l’étalement urbain doit être associée à une volonté, celle de mettre une limite, c’est d’elle que partira l’esprit de la reconquête d’une urbanité perdue. C’est elle qui permettra de relier les morceaux du puzzle.

 

La mixité opposée au mono-fonctionnalisme doit redevenir la règle et le zonage limité aux activités industrielles polluantes et dangereuses.

 

L’adaptabilité des nouvelles constructions passe par l’imposition de la hauteur libre des rez-de-chaussée qui ne pourra pas être inférieure à 4m pour permettre les continuités actives urbaines, et les reconversions.

 

1 (première) mesure : Les efforts des collectivités locales en matière environnementale se concentrent fortement sur des projets valorisant l’image de la ville au travers de réalisations exemplaires : éco-quartiers, zones paysagères, etc.

Les actions doivent se poursuivre mais être réorientées vers les zones les moins favorisées, les plus pauvres, celles où le besoin des parcs et jardins est le plus important (disposer d’un espace vert à moins d’un quart d’heure de chez soi peut devenir un objectif).

Tout en s'attaquant à la question des centres des villes moyennes qui devront pouvoir accueillir de grands appartements à des coûts accessibles en cherchant le moyen de limiter, le prix de vente des mètres carrés dépassant les normes en vigueur, au coût marginal et en bénéficiant d’un abattement fiscal. Ceci pour permettre aux familles de disposer d’une vraie alternative par rapport au pavillon périphérique. L’écologie urbaine resserre ses mailles en offrant la possibilité de choisir.


Le monde d’après, c’est maintenant

 

   Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc. Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.

 

   Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.

 

   10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.

 

   10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une « social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au dérèglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même. Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux relatifs au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés.

Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine.

Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.

Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.

 

   Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.

En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe. Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.

Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe. Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …

 

   Et si c'était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d'accumulation de la richesse et l'interventionnisme de l'Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ? Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l'on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.

Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.

"Faire commune ", il n'y a sans doute pas plus urgent aujourd'hui pour faire face à l'urgence climatique, à la montée de périls en tous genres ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.

 

Pour tous renseignements, questions, suggestions d'amélioration des propositions et soutiens :

dominique-leveque@pourunerepubliqueecologique.org

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POESIE PAR TEMPS DE VACILLEMENTS, par Laurent Doucet

 

Ciel bleu Ou gris Presque sans avion

Air frais Et silence d'oiseaux

A peine dérangé par quelques bruits de moteurs

L'après sera-t-il comme l'avant Ou le retour forcément pire du pendant Ou autre chose

La mise à distance physique A ralenti la course à l'abyme

Un temps

De manière spectaculaire mais crédible

Grâce à l'infiniment petit

Qui semble nous protéger du pire

Par bénéfice secondaire

Et malgré les milliers de victimes

Mais qui ne sont pas les millions De la peste Et de la grippe dite espagnole

 

Ce virus sait beaucoup de choses sur notre organisme

Corps parlant

Muet et aveugle

Peut-être nous lance-t-il un appel

Avant les grandes catastrophes de notre culte de Baal

Historiquement cyclique

Et exponentiel

 

Saurons-nous l'entendre

Ou serons-nous dressés par le chien robot de Singapour

La dictature écolo-numérique qui vient

 

Il y a 100 ans Sigmund Freud écrivait Au-delà du principe de plaisir

Il y a 100 ans était publié le premier texte surréaliste en écriture automatique

Les Champs Magnétiques :

« Prisonniers des gouttes d'eau, nous ne sommes plus que des animaux perpétuels.

Nous courons dans les villes sans bruits (...) »

 

 

Laurent Doucet, Printemps – été 2020


 

Poète, professeur de Lettres, Histoire et Géographie, Laurent Doucet préside l'association La rose impossible (créée en 2014) qui gère la Maison André Breton (MAB) à Saint-Cirq-Lapopie, le village où le fondateur du Surréalisme passa ses étés de 1951 à 1966. Un village en Quercy, dans le Lot, que le poète écrivain avait décrit, dans le livre d'or de la commune, comme une « rose impossible dans la nuit ».

Fondateur du festival Poésie Jour & Nuit  en Limousin; co-directeur, avec Marie Virolle, de la revue A Littérature-Action, Laurent Doucet est l’auteur, avec le photographe Philippe Fontalba, de A Coney Island in my eyes, en édition bilingue - traduction anglaise : Kevin Harrigan, sous la supervision de Dan Wood - (éditions Black-out, Février 2020), un ouvrage sur l’envers de la célèbre plage de New York, un des lieux mythiques de la pop-culture américaine, « entre freak show et surréalisme ».

Dédié à Lawrence Ferlinghetti (qui a eu 100 ans en 2019), poète américain, et à son œuvre la plus connue, A Coney Island of the Mind (publiée en 1958), cet ouvrage se présente comme un carnet de voyage et nous embarque dans une enquête à la fois sociale, politique et poétique, en nous montrant les dessous de cette partie méconnue de Brooklyn, à quelques stations de métro de la capitale mondiale de la finance, de Manhattan et de Wall Street, également l’énergie remarquable des déshérités et des laissés-pour compte de l’Amérique de Trump pour résister à la dureté du quotidien.

 

Principales publications :

L’Afrique en héritage, co-auteur, récits réunis par Martine Mathieu-Job et Leïla Sebbar (Ed Bleu autour, 2020)

Neige et Magma – Carnet d'un voyage en Sicile - poésie bilingue français - italien et photographies d'Olivier Orus - (Ed Marsa, 2018)

Conjonction d'Insubordination - entretiens avec les poètes Christian Viguié et Laurent Albarracin (Ed La Passe du Vent, 2017)

Au Sud de l'Occident - South of the West - poésie bilingue français – anglais - (Ed La Passe du Vent, 2015, troisième réédition 2018). Plusieurs de ses textes sont sortis en revue et ont été traduits en turc, grec, roumain, espagnol, arabe et japonais. Sa poésie se nourrit de son envie du monde et de l'incessant tour qu’il y fait, de l'Afrique à Moscou, et de la Chine à New-York, traversant l'Europe et la Méditerranée…

 

laroseimpossible@laposte.net

https://www.facebook.com/maison.Breton/

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LA PLANETE BRULE, par Thierry Libaert, universitaire, conseiller scientifique du PRé et membre de son conseil


Mais les pompiers sont à pied d'œuvre. Peut-on se rassurer ?

Thierry Libaert : " Cela fait plus de 30 ans que nous essayons de convaincre de la nécessaire transition écologique, de la lutte contre l'emballement climatique, et pourtant rien ne bouge, ou si peu.

Et si on essayait sereinement de se poser la question de nos obstacles, de revoir nos manières de communiquer ? "

La planète brûle. Heureusement, les pompiers sont à pied d’œuvre. Immédiatement, prévenus, les soldats du feu de la caserne la plus proche sont sur les lieux.

 

Les préparatifs sont enclenchés. Les lances à eaux sont braquées sur l’incendie, la grande échelle a été déployée sans que l’on sache encore très bien quelle sera son utilité. Avant le démarrage des opérations d’extinction, le capitaine des sapeurs-pompiers réunit ses hommes pour un rapide briefing ; il faut faire vite car le feu menace de s’étendre et de devenir incontrôlable. « Messieurs, avant toute chose, il est important de savoir si cet incendie a été causé par l’homme ou s’il est d’origine naturelle. » Les pompiers, à ces propos, sont abasourdis tant le péril semble imminent. Ils comprennent mal l’utilité de cette question. Alors qu’ils s’apprêtent à réagir, une autre voix se fait entendre. « De mon côté, je m’interroge : cet incendie n’a pas l’air totalement négatif et peut procurer de nombreux avantages aux habitants de cette planète. »

 

L’étonnement est complet. Rompus aux missions les plus périlleuses et sachant pertinemment que chaque minute compte, les pompiers s’interrogent sur l’utilité d’éteindre un incendie. Revêtu d’une blouse blanche, ce qui détone un peu parmi les nombreux uniformes noirs, le responsable scientifique de la lutte contre les incendies interroge les soldats du feu : « Messieurs, pourquoi ne pas croire en l’intelligence de l’homme et en son ingéniosité ? Vous voilà prêts à balancer des tonnes d’eau sur les flammes et à gaspiller un liquide si précieux. Il suffirait de temporiser un peu et, dans quelques années, la science trouvera nécessairement un moyen plus efficace et moins coûteux pour éteindre cet incendie. »

 

Un jeune apprenti pompier hausse la voix. « Collègues, êtes-vous devenus fous ? Vous savez qu’il nous faut agir immédiatement, le péril croît, nous sommes ceux qui sauvent. » Sur ce, il se saisit d’une lance, ouvre l’arrivée d’eau et s’avance vers les flammes.

 

Le lieutenant ferme aussitôt le robinet et s’adresse à la jeune recrue : « Ton dévouement t’honore et je ne peux que t’en féliciter.

Mais apprends à refreiner tes impulsions. En éteignant cet incendie, tu risques d’attenter à d’importants intérêts économiques auxquels tu n’as peut-être pas pensé. »

 

La situation vire à l’absurde. Une nouvelle voix s’élève. « Nous ne pouvons pas éteindre cet incendie en ordre dispersé, pour projeter de l’eau sur les flammes, chacun d’entre nous devrait disposer de quotas. »

 

Présents en masse, les nombreux badauds qui s’étaient agglutinés ne comprennent rien aux atermoiements des pompiers.

Une nouvelle dispute apparut toutefois et les pompiers se rangèrent en deux camps ; ceux qui pensaient préférable d’éteindre le feu par le haut et ceux qui jugèrent plus efficace d’orienter les lances directement vers les racines des flammes.

 

Une sonnerie téléphonique se fit alors entendre. Le capitaine des pompiers décroche, puis après une courte conversation prévient aussitôt ses hommes : « Les ordres sont formels. Notre rôle n’est pas d’éteindre cet incendie, mais de faire en sorte qu’il ne s’étende pas à plus de 20 % de sa surface actuelle d’ici 2050. »

 

N’y tenant plus, les badauds de plus en plus nombreux commencent à houspiller les pompiers pour leur incapacité à agir. Particulièrement excédée, une personne présente depuis l’apparition des premières flammes interpelle les autres spectateurs.

« Mesdames, Messieurs, nous assistons à un double échec. Ce n’est pas que les pompiers ne réussissent pas à éteindre l’incendie, c’est surtout qu’ils ne parviennent pas à se mettre d’accord sur l’objectif même de son extinction. Il nous faut agir nous-mêmes : que chacun d’entre nous récupère des seaux. Cet incendie, nous l’éteindrons nous-mêmes. »

 

Chacun approuva et se prépara à agir, il fallait reprendre le contrôle de la situation trop longtemps déléguée à des soi-disants experts de la lutte contre les incendies.

 

Couvrant le brouhaha ambiant, quelqu’un cria sa question : « Les seaux, de quelle couleur ? »

 

 

N.B : cette (nouvelle) fable - à peine - dystopique que nous offre Thierry Libaert constitue l'avant-propos de son dernier livre à paraître demain :

Comment mobiliser (enfin) pour la planète (Ed Le Pommier, collec Essais, manifestes) chez l'éditeur du regretté Michel Serres.

 


Thierry Libaert, universitaire, membre du conseil scientifique et du conseil des membres du PRé est Pt de l’Académie des Controverses et de la Communication Sensible (ACCS) et membre du CA de l’Institut des futurs souhaitables.

Auteur d'un récent rapport sur « Publicité et transition écologique » remis en juin dernier à la ministre de la Transition écologique et solidaire.

Dernier ouvrage paru : La communication de crise (Dunod, février 2020, 5eme édition d'un livre paru en 2001).

 

A paraître demain 16 septembre 2020  : Comment mobiliser (enfin) pour la planète (Ed le Pommier, collec Essais, manifestes)

D'année en année, la lutte contre le dérèglement climatique est passée de considérations géopolitiques générales, d'objectifs globaux jamais atteints, à la responsabilisation de chacun, à des écogestes du quotidien qui nous ont rendus plus acteurs de la mobilisation. Pourtant, rien ne change. Pire : l'idée de développement durable a laissé place à celle d'effondrement ! Si le tableau s'est assombri, c'est que nous avons pris conscience que rien ne serait réellement possible si nous ne changions pas notre imaginaire, nos perceptions, nos croyances.

Les leviers de cette transformation ? Thierry Libaert, fin connaisseur de l'intérieur des politiques de l'environnement en France, les a identifiés, et il nous en fait part, non en théoricien abstrait, mais en praticien soucieux d'efficacité. Pour lui, fini le temps des injonctions qui ne servent qu'à valoriser leurs auteurs. C'est tout un modèle qu'il faut réinventer, à commencer par notre façon d'en parler...

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SUR LA ROUTE, avec Vianney Huguenot

Qui ne se souvient pas (parmi les quadra+) des J7, estafettes et tubes, d'épiciers, boulangers ou bouchers, sillonnant les campagnes et déboulant au village au son d'un gros klaxon ?

Le métier reprend aujourd'hui des couleurs, pour le plaisir d'une clientèle variée : les militants des circuits courts, les nostalgiques du commerce local, les esprits pratiques, tenants du « c'est tout près et pas forcément plus cher », les désolés de la voiture, « ceux qui n'ont pas envie de faire des bornes pour un sac de farine ou une bouteille de vinaigre », les habituels, les occasionnels...
J'ai rencontré Laetitia Carciofi Graines d'essentiel, depuis huit mois sur les routes de Meurthe-et-Moselle avec son épicerie itinérante. Elle est originaire de Reillon, un village pionnier du bio, dès 1968.

Une rencontre à lire dans le numéro estival du Magazine Bonnes Terres :
https://fr.calameo.com/read/005051579fe8aa9c05259

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N.B : Pour les amis du PRé qui seraient vosgiens ce week-end, j'en profite pour signaler  une journée de solidarité pour aider un camarade artisan (fabricant d'articles de cuir) dans la mouise avec le covid. Son nom est Mitch, d'où le nom de la petite fête : Solidar'Mitch. Elle se déroulera à Lusse (Vosges), aux Trois Maisons, ce samedi 25 juillet de 14h à 23h. Les organisateurs ont greffé par la suite d'autres activités dans l'après-midi : petit marché solidaire, friperie, atelier de réparation de vélos, concert, hommage au camarade Cow-Boy (18h)...

Ma pomme fera un tour de piste de 16h à 18h pour dédicacer ses livres (je parle comme Alain Delon) : j'en ai 11 au compteur (certains sont épuisés, comme moi), sur des sujets variés, de Vichy à la géographie, de Jules Ferry à Jack Lang, des Vosges qu'on déguste par le cul de la bouteille à celles qu'on décapsule avec les dents, des techniques de rédaction aux relations presse (ces deux derniers sont des ouvrages quasi préhistoriques, ce serait de l'escroquerie de les proposer à la vente, je crois même que je traite dans le dernier de la bonne utilisation du... fax). Les autres se boivent encore très bien, je crois. On se dit tout : je n'aime pas l'exercice de la dédicace, mais une fois tous les quatre ans, ça me botte (la dernière séance était à Plombières-les-Bains, 2016, dans un garage... grand souvenir)


Vianney Huguenot est journaliste, chroniqueur sur France Bleu Lorraine et France Bleu Alsace. Il anime également une émission sur Mirabelle TV (ViaMirabelle), « Sur ma route » au cours de laquelle il nous fait partager son « sentiment géographique », également sur ViaVosges.

Il a écrit plusieurs ouvrages, notamment : « Les Vosges comme je les aime » (Vents d'Est 2015), « Jules Ferry, un amoureux de la République » (Vents d'Est 2014), « Jack Lang, dernière campagne. Éloge de la politique joyeuse » (Editions de l'aube 2013), « Les Vosges par le cul de la bouteille » (Est livres 2011, préfaces de Philippe Claudel et Claude Vanony).

Vianney Huguenot est un ami du PRé, un de ses précieux contributeurs; il co-anime la rubrique Tutti Frutti.

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LE BON, LA BRUTE ET L'APHORISME, par Thierry Faggianelli

Mots-valisme, méthonymisme, anaphorisme, homophonismes, contrepétismes et oxymorons


Thierry Faggianelli :  " SI L'APHORISME REND FORT, LE CONFORMISME REND CON "

 

Voici un recueil d'aphorismes mitonné par notre ami Thierry Faggianelli

(un hors-série "J'attends le numéro 1", 9 juillet 2020).


Revue de presse (factice) :
" Un concentré d'esprit juvénile dans un corps adulte " ,Okapi;

" Diurétique si l'on aime rire...", The Lancet;

" Quelques jolis traits...", l'Arbalétrier;

" Une puissance alternative d'au moins 100 mégalowatts ", Engie;

" De la finesse qui se perd", Gros Plan, etc.

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LA VILLE DU QUART D'HEURE ET LES NOUVEAUX REMPARTS DU TEMPS, par Jean Naem

Jean Naem : "  LE QUART D'HEURE EST L'ENNEMI DE LA CIVILISATION. C'EST LE DERNIER, LE MAUVAIS, LE SALE QUART D'HEURE ".

Jean Naem, est un spécialiste de l’habitat social et de l’immobilier d’intérêt général, local et environnemental. Il est directeur «Habitat Collectif » chez Océa Smart Building (expertise en pilotage de la performance immobilière et environnementale)


 

 

On a beaucoup commenté souvent de manière sarcastique la nomination à la ville de Paris, d’un adjoint au quart d’heure.

Carlos Moreno*, insatiable inventeur de la ville de demain porte cette idée. Elle pénètre en profondeur l’urbanisme des grandes villes occidentales.

 

 

 

earlymetrics.com

 

Sur le fond, le projet est enthousiasmant, chacun sait que le temps contraint n’est plus le temps de travail mais le temps de la mobilité. Que cette mobilité coûte très cher à la population d’abord, à la collectivité et à l’environnement ensuite. Les transports sont le cauchemar des temps modernes. Le bus brûle, la ligne 13 oppresse, la Zac Rive Gauche transforme l’achat d’un paquet de couches pour un jeune couple en une séquence involontaire marathonienne.

 

Pour gagner du temps, les urbains font travailler les autres, les livreurs, les fabricants de téléphones intelligents, les commerces de nuit et du dimanche. Ramener à un quart d’heure du domicile, le travail, la culture, l’éducation des enfants, la santé, les courses, les activités sportives, c’est effectivement un challenge qui vaut bien un adjoint et son équipe !
Après ce tableau idyllique d’un avenir piétonnier radieux comme la cité totale de Le Corbusier, j’ai le regret d’écrire que je déteste cette utopie.

La ville les 15 minutes, c’est la ville d’une bourgeoisie qui se cache derrière les remparts du temps. À moi le quart d’heure, aux autres, banlieusards, provinciaux, travailleurs de la journée, soignants de la nuit, fonctionnaires de jour, cuisiniers sans-papiers, migrants en CADA, étudiants en résidences, très vieux en EHPAD, taxis, ubers, la ville des quatre heures de transports.
On connaissait la ville des inclus, les Venise, Londres, Amsterdam, Paris d’Haussmann des marchands affairés, des théâtres, des banquiers, des politiques… On vit chaque jour avec dans la tête à peu de Jérusalem, de Rome, de Bagdad, de Tombouctou, de Katmandou, de Moscou ou La Havane…

 

On connaissait les nouveaux inclus des villes de ports, immigrants brûlants d’espoir à New York, Rio, Shanghai. Enfin, on connaît les cités de l’intelligence : Bologne, Heidelberg, Louvain, Montpellier, Los Angeles… Des villes ouvertes, des villes du passé, de l’avenir et du rêve. Ces villes sont des villes éternelles, le temps n’existe pas. Très souvent, la moitié de leurs habitants ne sont pas nés sur place, ils sont même en bref séjour, en transit spirituel, touristique, pour le business, pour une raison élevée ou sensuelle. C’est là que la ville du quart d’heure heurte à Paris la légende de cette ville. Une heure de marche à Paris, ce n’est pas un quart d’heure de scooter à Levallois.

 

Dans ces villes, le temps c’est autre chose. Je pense à Marius dans le film de Pagnol, Marseille c’est trop court, il rêve d’un temps long. Le temps chronométré, c’est le temps que vous n’avez pas. Le paradoxe premier du pari de la ville du quart d’heure, c’est qu’à ralentir le pas, les urbains vont rendre la planète hystérique. Car hélas, dans les deux tiers du monde, on « subit », le temps des occidentaux. Je connais les embouteillages monstres des grandes métropoles du tiers-monde, les mobilités dangereuses dans toute l’Afrique.

 

Il y a les enfants du magnifique film Les chemins de l’école qui mettent des heures ou des jours à rejoindre l’école. Je pense à ces enfants croisés par milliers sur les routes de la province du Natal, marchant pieds nus pendant des heures et des heures. N’allons pas très loin, en banlieue, le cauchemar est matinal : des trains toujours en retard, des bouchons à l’entrée de Paris, des desserts de bus aléatoires y compris dans des zones économiques dynamiques comme Vélizy inaccessible en transport rapide. Songeons aux victimes du catastrophique aménagement en zone qui déplace chaque jour aux quatre points cardinaux 80 % de la population de l’Île-de-France.
En attendant le grand huit, l’égoïsme des villes centre est manifeste. Il suffit de se référer aux décalages électoraux récents entre les communes des métropoles et la capitale régionale.

 

La ville quart d’heure, c’est la ville qui bannit son accès aux camionnettes diesel des artisans, livraisons de victuailles, pourtant vital à tous. C’est aussi cette ville, qui transforme ses gares dans de curieuses fonctionnalités urbaines qui servent à tout sauf à faciliter la vie des voyageurs : esplanade gigantesque, accès taxis improbables, omniprésence de boutiques franchisées à l’utilité sociale incertaine. Le sommet est atteint avec des pianos installés quasiment en lieu et place du service handicapé comme c’est le cas à la Gare de Lyon. La ville du quart d’heure, on l’a compris n’est pas celle des exclus, banlieusards, livreurs, plombiers, infirmières, handicapés…

 

Les octrois sont déjà là, la police veille et procède à la sélection faciale des exclus un peu trop téméraires qui tentent de s’infiltrer. La ville quart d’heure, devient la ville de la demi-heure du contrôle de ticket ou d’identité et aux plus récalcitrants, la cité des 48 heures de garde à vue. La caricature est osée, mais je vous propose d’observer les flux de population de la Défense. Tôt le matin, sortent du RER les bronzés des cols bleus, agents de maintenance nettoyage des tours de verre et acier, serveurs des restaurants, agents d’accueil des sièges d’entreprise. Un peu plus tard de la ligne un du métro, débarquent les employés, hommes et femmes en costume gris de laine fine, armée uniforme du tertiaire. Invisible enfin, les boss, qui accèdent avec leurs propres voitures de fonction à leur bureau par les parkings souterrains. Pour les uns, c’est la ville deux heures, les autres celle d’une heure collée serrée, les derniers la demi-heure au volant à écouter les infos.

 

À Johannesburg, pendant l’apartheid, les ouvriers noirs devaient quitter la ville après le travail. C’était une aliénation, dans nos grandes villes c’est une contrainte volontaire, mais…Car la ville du quart d’heure, qui n’est pas celle des exclus, ni celle des inclus (la cité idéale ouverte et créatrice), c’est la ville des reclus. De ceux qui s’inquiètent, dans les grandes métropoles régionales, de la prolongation d’une ligne de tramway, de l’arrivée d’une gare TGV.

 

Ces projets scandaleux amènent les indésirables. De ceux qui à Paris, piétonnisent leurs rues et pétitionnent dès qu'une activité ou un commerce susceptible de vivre après 20 heures se manifeste. C’est la ville des braves gens, qui n’aiment pas trop les logements sociaux, la proximité des familles, le bruit des écoles, le cri des enfants dans les parcs. Reclus dans leur footing matinal le casque sur les oreilles, le temps est devenu un rempart bien plus solide que les murailles de Philippe Auguste ou les fortifs de Vauban.

 

Derrière le slogan juste de se réapproprier la ville, il y a l’idée de ne pas la partager. Comme au temps des vikings, les barbares finissent par forcer le partage ou tout saccager. Les quartiers chics de Paris sont devenus le défouloir des gilets jaunes de la Picardie périurbaine et des cités de Seine-et-Marne.
A l’intérieur, les bourgeois urbains ne voient rien, les murs sont trop hauts, et leurs vélos peu empathiques. Je fais hélas partie des gens que la santé rend désormais mortelle toute tentative de monter sur un vélo. J’ai été horripilé pendant les municipales par l’imagerie officielle quasi soviétique de tous ces candidats perchés sur des vélos, empanachés d’une écharpe verte de préférence.

 

Le vélo va tous nous mettre dans le chronomètre du quart d’heure ! Avec l’aide sans doute des sportifs de Deliveroo ! Notre communauté de non vélocipédiste est nombreuse. Elle est constituée des handicapés, des enfants (parce que leur faire faire du vélo dans Paris pas terrible…), des vieux, des plâtrés provisoires, livreurs de piano, médecins de nuit. La Covid nous a détourné des urnes, on ne ratera pas la prochaine séance ! Le vélo à toutes les sauces de la mobilité et de l’urbanisme, c’est la transition environnementale et humaine à 10 balles.
Il n’y a pas besoin de connaître par cœur le professeur Charcot et son deuxième principe de la thermodynamique pour comprendre qu’il n’y a pas d’ordre ni énergie son mouvement. On ne va pas supprimer les trains, les avions, les bateaux pour vivre en autarcie avec des navets issus des semences de Pierre Rabhi plantées sur le balcon.

 

La ville d’une heure, d’un mois d’un an, sera heureuse, respectueuse de la planète, si nous investissons

massivement dans un urbanisme puissant, intelligent de très haute qualité. Idem sur la voiture : vive l’automobile symbole de liberté ! Elle doit ré-embellir les rues comme il y a 50 ans. Elle peut pratiquement ne rien consommer, elle peut et doit être lente, sûre. Vive les low riders !

Le temps dans une limousine ou dans une méhari n’existe plus.
Vive les trains de nuit, les couchettes, les avions électriques, les voiliers.
 

Le quart d’heure est l’ennemi de la civilisation. C’est le dernier, le mauvais, le sale quart d’heure. Je ne vais pas me

faire que des copains. Mais comme pour Jéricho, les cités qui ont gardé leurs remparts ont connu un sort funeste ou décadent : Troie, Carcassonne, Aigues-Mortes, Samara… Autour d’elles, le désert, il ne reste que leurs murs et le temps qui balaie les rues abandonnées pour l’éternité.

 

Dernières publications de Jean Naem sur le site du PRé : "Amabam amare" (14-04-2020) et "Le vertige du vide" (26-11-2019)

 

*Carlos Moreno, universitaire, professeur associé à l'IAE de Paris, co-fondateur et directeur scientifique de la chaire ETI « Entrepreneuriat, Territoire, Innovation » à l’Univ Panthéon-Sorbonne, spécialisé dans l’étude des systèmes complexes et dans le développement des processus d’innovation, est le promoteur du concept de "La ville du quart d'heure " repris par Anne Hidalgo qui en a fait un axe central de son second mandat qui avait également annoncé en janvier dernier la création d’une académie du climat qui s’installerait dans la future ex-mairie du 4° arrondissement de Paris.

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UN MAL QUI REPAND LA TERREUR, par Thierry Libaert

 

Tutti Frutti

Chroniques et rendez-vous culturels, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Parfois même humeuristiques sic !

Animés par Jean-Claude Ribaut et Dominique Painvin. Et depuis l'apparition du Covid-19 également par Vianney Huguenot et Timothy Adès, ainsi qu' une participation exceptionnelle de Carole Aurouet.

Aujourd'hui, avec ce "Un mal qui répand la terreur", Thierry Libaert nous livre une face cachée de ses (nombreux) talents...

 

Cor à gidouille à dix-huit tours ayant appartenu à Boris Vian

Archives Cohérie Boris Vian, cliché Michel Urtado

Ce cor de chasse (trompe d'Orléans à dix-huit tours) a été baptisé « cor à gidouille » par Boris Vian, à qui ces spirales évoquaient la gidouille chère aux pataphysiciens. Vian en jouait parfois lors des rencontres pataphysiques.


Un mal qui répand la terreur

 

Un mal qui répand la terreur

Mal que le ciel en sa fureur

Le dérèglement climatique,

Puisqu’il faut l’appeler par son nom

Capable d’enrichir en un jour l’Achéron

Sema partout des scènes de panique.

Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés.

On n’en voyait point d’occupé

A chercher la sortie d’une mourante vie

Nul mets n’excitait leur envie.

Le lion tint conseil et dit : mes chers amis

Une plainte a été déposée contre nous

En sa sagesse l’ONU a permis

Qu’un dialogue ait lieu entre nous

L’histoire nous apprend qu’en pareil cas

Une solution puisse être trouvée sans fracas

L’effondrement tant annoncé est arrivé

Il convient d’établir les responsabilités.

Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence

Les dégâts dont chacun pourrait être la cause.

Pour ma part, à mon peuple je ne pouvais faire offense

La croissance devait se poursuivre sans pause.

Un dirigeant politique doit être fiable,

Et le mode de vie de mon peuple n’est pas négociable.

Il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi

Car on doit souhaiter selon toute justice

Que le plus coupable périsse.

Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi

Pour ma part et le monde des entreprises

L’impératif de compétitivité était de mise

Il fallait empêcher toute entrave à la concurrence

Les contraintes écologiques étaient un obstacle, je pense.

 

Un baudet climatosceptique prit alors la parole

Les informations n’étaient pas claires, nous avions un rôle

Il ne fallait pas ôter l’espoir, cela aurait été trop dur

Et à l’heure du grand embrasement, de quoi sommes-nous si sûrs ?

Le corbeau, ayant laissé choir son fromage,

Représentait les consommateurs à travers les âges

Nos déplacements, notre alimentation, notre habitation

Cela en termes de CO2 a causé beaucoup d’émissions

Mais nous recevions tellement d’incitations

A toujours accroître nos consommations.

Le singe toujours malin et dirigeant publicitaire

Devant tant d’inepties ne peut plus se taire

Les entreprises nous demandent de vendre et les citoyens de consommer

De la société nous ne sommes que le reflet.

Une vache, qui ne représentait qu’elle-même, vint à son tour

En un pré de moines passant, j’ai souvenance

Que la faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense

Pour me rassasier, je broutais sur les prés et aux alentours.

Notre organisme fait que nous relâchons ensuite un peu de méthane

Oh très peu, notre estomac de ruminant ne fait pas de nous des pyromanes.

A ces mots, on cria haro sur le bovin

Un loup quelque peu clerc prouva par sa harangue

Qu’un tel crime ne pouvait rester vain

Emettre du méthane, quel crime abominable

Les pets à répétition furent jugés un cas pendable.

Devant le tribunal des générations futures

Les prises de responsabilité ne seront toujours pas mures.



Thierry Libaert, universitaire, membre du conseil scientifique et du conseil des membres du PRé est Pt de l’Académie des Controverses et de la Communication Sensible (ACCS) et membre du CA de l’Institut des futurs souhaitables.

Auteur d'un récent rapport sur « Publicité et transition écologique » remis en juin dernier à la ministre de la Transition écologique et solidaire.

Dernier ouvrage paru : La communication de crise (Dunod, février 2020, 5eme édition d'un livre paru en 2001).

 

A paraître (16 sept 2020) : Comment mobiliser (enfin) pour la planète (Ed du Pommier, collec Essais, manifestes)

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COVID-19: REVELATEUR DU SOFT POWER DE LA CHINE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, par Arnaud Houénou, politiste, Université d'Abomey-Calavi (Bénin)


Arnaud Houénou : " la crise impose de repenser le progrès, le monde, la mondialisation et l’interdépendance à l’aune des valeurs et des intérêts des Etats africains. Au regard de cette nouvelle donne gécopolitique, l’Afrique se doit de réinventer un nouveau paradigme de développement qui puisse lui permettre de limiter ses dépendances de l’Occident et de la Chine "

 

Que l’Afrique soit vue par Pékin comme une promesse d’Eldorado, soucieuse de trouver des débouchés commerciaux pour sortir de son marché saturé, en faire à l’occasion son nouvel atelier, en profitant d’une main-d’œuvre inépuisable et bon marché (payée en moyenne au quart des salaires chinois), soucieuse également de s’approvisionner en matières premières à la faveur de contrats (assez) avantageux, n’est pas vraiment une nouvelle. Ce que l’on sait peut-être moins, ce sont les ressorts utilisés en Afrique pour accélérer sa stratégie d’influence mondiale.

 

Le phénomène de la présence chinoise en Afrique n’est en réalité pas nouveau : elle remonte au XVème siècle et est devenue une politique sous l’ère Mao. Elle s’accélère depuis ces dernières années s’inscrivant dans une vraie stratégie à long terme d’affirmation de sa puissance, permettant d’asseoir le poids de la Chine en Afrique, tant au niveau économique que politique, mais aussi militaire. 45 des 54 pays que compte le continent, sont membres du club des « nouvelles routes de la soie », alors qu’ils n’étaient que deux à en faire partie lors de son lancement en 2013.

Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire de l’Afrique qui est devenue un fournisseur important en pétrole, cuivre, aluminium, uranium, platine, argent, diamants, plomb, bois bruts et terres agricoles, par le biais de prêts contre l’exploitation de ressources par des compagnies chinoises.

Elle a su développer en parallèle une forte diplomatie d’influence avec l’implantation de 54 Instituts Confucius.

Pour autant la position de la Chine est loin d’être pour l’instant hégémonique avec ses 15% de parts de marché en regard des 36% pour l’Europe (dont 6% pour le France), 7% pour les USA, 7% pour l’Inde, 4% pour l’Allemagne, 2% pour le Turquie et pareillement pour le Brésil.

Il n’en reste pas moins, comme le montre Arnaud Houénou, que la crise de la Covid-19 déployant une « diplomatie sanitaire » nouvelle semble approfondir le processus de la Chinafrique


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COVID-19: REVELATEUR DU SOFT POWER DE LA CHINE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
La crise sanitaire mondiale née de la pandémie du coronavirus, a complètement bouleversé la donne géopolitique mondiale étant entendu qu’elle a été le révélateur d’une mondialisation à marche forcée et totalement inégalitaire dominée par les grandes puissances internationales. Dans cette logique, l’Afrique au sud du Sahara, même si pour l’instant sur le plan comptable elle a enregistré moins de victimes par rapport aux autres continents, a subi de plein fouet les conséquences économiques et a souffert d’un manque de solidarité internationale en raison non seulement des difficultés des grandes puissances a pouvoir se sortir eux-mêmes de cette crise, mais aussi de la guerre de positionnement entre la Chine et les Etats-Unis sur l’échiquier international. Cet affrontement géopolitique entre les deux grands, rebat les cartes géopolitiques en Afrique avec un avantage certain pour la Chine.
COVID 19 révélateur du soft power de la
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ABSTRACT

The global health crisis, born of the coronavirus pandemic, has completely changed the world geopolitical situation, it being understood that it has been a revealer of a forced and totally unequal globalization dominated by the big international powers. In this logic, Africa south of the Sahara, even if for the moment on the accounting plan it recorded fewer victims compared to the other continents, it suffered the economic consequences and suffered from a lack of international solidarity not only because of the difficulties of the great powers in being able to extricate themselves from this and crisis, but also from the war of positioning between China and the United States on the international chessboard. This geopolitical confrontation between the two big ones, reshuffles the geopolitical maps in Africa with a definite advantage for China.


Arnaud Houénou, docteur en sciences politiques, spécialiste des questions internationales et stratégiques, est enseignant-chercheur à l'Université d'Abomey-Calavi (Bénin).

Il collabore notamment à la revue PSEI - Paix et Sécurité Européenne et Internationale – (rattachée au Laboratoire de Droit International et Européen de l’Institut du Droit de la Paix et du Développement (IDPD), à l’Université Nice Sophia Antipolis.), dans laquelle il est chargé des questions africaines en matière de sécurité et de défense.

Arnaud Houénou est membre du PRé et fait partie de ses contributeurs.

 

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L'HIPPOPOTAME, par Théophile Gautier / Timothy Adès

LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

 

Théophile Gautier (1811-1872) nous a livré ce charmant poème dédié à l’HIPPOPOTAME, qui figure dans le Recueil La comédie de la mort (1838), la pièce maîtresse de sa période romantique; mais en étudiant les régions qu’il y énumère, on peut craindre qu’il ne se soit trompé d’animal. Alors nous pouvons penser à deux des plus grands et magnifiques mammifères, de plus en plus coincés et menacés dans leurs habitats par les pressions et déprédations humaines. Ils ont de jolis noms allemands qui ne remontent pas au grec : Nashorn, Nilpferd. Parfois agressifs, néanmoins on les adore tous deux !

 

Philippe Roland, dessin à l'encre de chine

 

‘Sauver le rhinocéros’ : voici deux vidéos qui ne montrent pas la douleur :

En Sumatra : https://www.youtube.com/watch?v=kmI7-SMFgUo

et (ne pas dépasser la minute 2.20) https://www.youtube.com/watch?v=lsMs2hPANfA

 


L’HIPPOPOTAME

 

L’hippopotame au large ventre
Habite aux jungles de Java,
Où grondent, au fond de chaque antre,
Plus de monstres qu’on n’en rêva.

 


Le boa se déroule et siffle,
Le tigre fait son hurlement,
Le buffle en colère renifle,
Lui dort ou paît tranquillement.

 


Il ne craint ni kriss ni zagaies,
Il regarde l’homme sans fuir,
Et rit des balles des cipayes
Qui rebondissent sur son cuir.

 


Je suis comme l’hippopotame:
De ma conviction couvert,
Forte armure que rien n’entame,
Je vais sans peur par le désert.

 

THE HIPPOPOTAMUS

 

The sturdy Hippopotamus
inhabits jungles Javanese
where snarl in caverns bottomless
undreamable monstrosities.

 


The boa hisses and unscrews;
snuffles convulse the buffalo;
the tiger caterwauls. He chews,
or slumbers, tranquillissimo.

 


He fears not kris nor assegai,
he looks at man and stands his ground;
he laughs, when shots from the sepoy
spatter his leather and rebound.

 


The hippopotamus and I
have an impenetrable hide.
In armour-plate of certainty
I roam the plains with dauntless stride.

 

Publié dans: ‘In the Company of Poets’  chez Hearing Eye

 


Translation: Copyright © Timothy Adès


Timothy Adès est poète traducteur-britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Louise Labé, Robert Desnos, Jean Cassou, Georges Pérec, Alberto Arvelo Torrealba, du poète vénézuélien des Plaines, du mexicain Alfonso Reyes, de Bertold Brecht et de Sikelian. Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les Chantefables de Robert Desnos en anglais. Lauréat des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán. Timothy Ades est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique Tutti Frutti.

 

Derniers ouvrages parus : "Alfonso Reyes, Miracle of Mexico" (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant "(Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, his poems with my versions.

Timothy Adès | rhyming translator-poet

www.timothyades.com
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