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COVID-19: REVELATEUR DU SOFT POWER DE LA CHINE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, par Arnaud Houénou, politiste, Université d'Abomey-Calavi (Bénin)


Arnaud Houénou : " la crise impose de repenser le progrès, le monde, la mondialisation et l’interdépendance à l’aune des valeurs et des intérêts des Etats africains. Au regard de cette nouvelle donne gécopolitique, l’Afrique se doit de réinventer un nouveau paradigme de développement qui puisse lui permettre de limiter ses dépendances de l’Occident et de la Chine "

 

Que l’Afrique soit vue par Pékin comme une promesse d’Eldorado, soucieuse de trouver des débouchés commerciaux pour sortir de son marché saturé, en faire à l’occasion son nouvel atelier, en profitant d’une main-d’œuvre inépuisable et bon marché (payée en moyenne au quart des salaires chinois), soucieuse également de s’approvisionner en matières premières à la faveur de contrats (assez) avantageux, n’est pas vraiment une nouvelle. Ce que l’on sait peut-être moins, ce sont les ressorts utilisés en Afrique pour accélérer sa stratégie d’influence mondiale.

 

Le phénomène de la présence chinoise en Afrique n’est en réalité pas nouveau : elle remonte au XVème siècle et est devenue une politique sous l’ère Mao. Elle s’accélère depuis ces dernières années s’inscrivant dans une vraie stratégie à long terme d’affirmation de sa puissance, permettant d’asseoir le poids de la Chine en Afrique, tant au niveau économique que politique, mais aussi militaire. 45 des 54 pays que compte le continent, sont membres du club des « nouvelles routes de la soie », alors qu’ils n’étaient que deux à en faire partie lors de son lancement en 2013.

Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire de l’Afrique qui est devenue un fournisseur important en pétrole, cuivre, aluminium, uranium, platine, argent, diamants, plomb, bois bruts et terres agricoles, par le biais de prêts contre l’exploitation de ressources par des compagnies chinoises.

Elle a su développer en parallèle une forte diplomatie d’influence avec l’implantation de 54 Instituts Confucius.

Pour autant la position de la Chine est loin d’être pour l’instant hégémonique avec ses 15% de parts de marché en regard des 36% pour l’Europe (dont 6% pour le France), 7% pour les USA, 7% pour l’Inde, 4% pour l’Allemagne, 2% pour le Turquie et pareillement pour le Brésil.

Il n’en reste pas moins, comme le montre Arnaud Houénou, que la crise de la Covid-19 déployant une « diplomatie sanitaire » nouvelle semble approfondir le processus de la Chinafrique


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COVID-19: REVELATEUR DU SOFT POWER DE LA CHINE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
La crise sanitaire mondiale née de la pandémie du coronavirus, a complètement bouleversé la donne géopolitique mondiale étant entendu qu’elle a été le révélateur d’une mondialisation à marche forcée et totalement inégalitaire dominée par les grandes puissances internationales. Dans cette logique, l’Afrique au sud du Sahara, même si pour l’instant sur le plan comptable elle a enregistré moins de victimes par rapport aux autres continents, a subi de plein fouet les conséquences économiques et a souffert d’un manque de solidarité internationale en raison non seulement des difficultés des grandes puissances a pouvoir se sortir eux-mêmes de cette crise, mais aussi de la guerre de positionnement entre la Chine et les Etats-Unis sur l’échiquier international. Cet affrontement géopolitique entre les deux grands, rebat les cartes géopolitiques en Afrique avec un avantage certain pour la Chine.
COVID 19 révélateur du soft power de la
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ABSTRACT

The global health crisis, born of the coronavirus pandemic, has completely changed the world geopolitical situation, it being understood that it has been a revealer of a forced and totally unequal globalization dominated by the big international powers. In this logic, Africa south of the Sahara, even if for the moment on the accounting plan it recorded fewer victims compared to the other continents, it suffered the economic consequences and suffered from a lack of international solidarity not only because of the difficulties of the great powers in being able to extricate themselves from this and crisis, but also from the war of positioning between China and the United States on the international chessboard. This geopolitical confrontation between the two big ones, reshuffles the geopolitical maps in Africa with a definite advantage for China.


Arnaud Houénou, docteur en sciences politiques, spécialiste des questions internationales et stratégiques, est enseignant-chercheur à l'Université d'Abomey-Calavi (Bénin).

Il collabore notamment à la revue PSEI - Paix et Sécurité Européenne et Internationale – (rattachée au Laboratoire de Droit International et Européen de l’Institut du Droit de la Paix et du Développement (IDPD), à l’Université Nice Sophia Antipolis.), dans laquelle il est chargé des questions africaines en matière de sécurité et de défense.

Arnaud Houénou est membre du PRé et fait partie de ses contributeurs.

 

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