Je viens de mener une étude comparative entre deux grands réseaux sociaux : le bistrot et le twitter. Les résultats sont clairs. Avantage net pour le premier, à tous points de vue, sanitaire, social, économique, politique, linguistique, sexuel et psychiatrique.
Au bistrot :
- tu bois généralement en groupe, or on sait qu'il faut boire seul avec modération : un ver solitaire ça va, trois vers bonjour les dégâts
- les conneries que tu racontes sont diffusées dans un périmètre restreint et laissent peu de traces
- ceux qui t'écoutent, pintés comme toi, en fait ne t'écoutent pas, tu peux donc laisser couler tranquillement ta théorie sur la tentative d'assassinat de Donald Trump organisée par des martiens financés par Olivier Faure
- tu écris rarement sur le zinc, tu t'exprimes oralement, donc beaucoup moins de fautes de français en circulation ; amélioration de la santé mentale des fabricants de claviers
- rien n'est enregistré, aucune chance qu'on te ressorte dans dix ans ta blague à la con sur les juifs, les arabes ou les radiesthésistes transgenres
- quand tu pars pisser, tout le monde voit que tu pars pisser et peut alors jaser sur toi, sans blesser ton ego ni relancer la guerre des Malouines
- à partir de la 5e tournée, les groupes parlementaires trinquent dans la bonne humeur, la France s'apaise
- à partir de la 10e, tout le monde s'en fout du string de Le Pen et du râtelier de Mélenchon et personne ne se souvient de ce qu'a dit Rachidi Data
- tu soutiens par ta présence amicale les corporations françaises durement éprouvées : viticulteurs, brasseurs, torréfacteurs, limonadiers, sculpteurs de tabourets
- tu participes à l'animation commerciale de ta ville
- tu n'es pas obligé d'utiliser des émoticônes débiles, ni les sigles et abréviations bizarres, comme "mdr" ou "hihihi", tu meurs vraiment de rire, tu vomis sur les sandales de ton voisin et participes au développement artistique de ton quartier
- la tenue de camouflage du bistros est beaucoup plus élaborée et efficace que celle du twittos : tandis que le premier prend l'air après une cuite, reprend ses esprits en rentrant à la maison où il racontera qu'il y avait un boulot de dingue au bureau, le second cramponné à son smartphone dans la salle à manger prend illico le statut de poivrot, bref beaucoup moins de divorces et relance de la natalité
- quand tu n'es pas d'accord avec quelqu'un, tu ne paumes pas des plombes à lui répondre, tu dis simplement : remets-lui un jaune, Gérard
- le fake n'existe pas, c'est juste l'expression temporaire d'une altération du discernement due à l'ingurgitation excessive d'un produit liquide d'origine incontrôlée
Bref, pour sauver la République, arrête de twitter, picole !
Vianney Huguenot est journaliste, enseignant, formateur. Chroniqueur sur France Bleu Lorraine et France Bleu Alsace, il y anime une émission ("Les rencontres de Vianney Huguenot" ) dans laquelle il nous fait découvrir les lieux insolites et secrets de la région Grand Est. Il anime également " Sur ma route " une émission co-produite par la chaîne de télévision mosellane ViàMoselle TV (anciennement Mirabelle TV) et la TV locale ViaVosges au cours de laquelle, à travers les souvenirs d’enfance et le regard de personnalités, il donne à voir la région Grand Est et nous fait partager son sentiment géographique. Collaborateur de plusieurs journaux, magazines et revues, Vianney Huguenot est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages, entre autres : « Les Glorieux », 364 p (Editeur La Valette, coll République, août 2023); « Les Vosges comme je les aime » (Vents d'Est, 2015);« Jules Ferry, un amoureux de la République » (Vents d'Est, 2014); « Jack Lang, dernière campagne. Éloge de la politique joyeuse » (Editions de l'aube, 2013); « Les Vosges par le cul de la bouteille » (Est livres, 2011, préfaces de Philippe Claudel et Claude Vanony).
Vianney Huguenot co-anime la rubrique Tutti Frutti du PRé.
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