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C'EST TOUT UN ART D'ETRE CANARD, par Claude Roy / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


 

Un poème de Claude ROY (1915-1997), poète, écrivain, journaliste, romancier, essayiste, critique, collagiste, traducteur de poésie chinoise… lauréat  de nombreux prix dont celui du premier Goncourt/Poésie en 1985 et du prix Guillaume-Apollinaire en 1995 pour l'ensemble de son œuvre, du prix Femina-Vacaresco (1970), du Grand prix de la Société des Gens de Lettres (1984), du prix du Mai du Livre d'art (1996); Résistant (Croix de Guerre) ; ‘ le cœur triste, l’esprit gai ’ selon Marthe Robert ; son épouse était la grande comédienne et auteur dramatique Loleh Bellon. ‘La famille est charentaise, d'un pays qui donne, à en croire Chardonne et ses admirateurs, le goût du bien-dire.’ – alors, comme notre ami Dominique Lévèque…

 

 

 

 Claude ROY // Henri Cartier Bresson

Une belle lecture du poème par Mme Anne Métais : https://www.youtube.com/watch?v=OwMTu-lMgP4

 

C’est tout un art d’être canard

 

C’est tout un art

D’être un canard

Canard marchant

Canard nageant

Canards au vol vont dandinant

Canards sur l’eau vont naviguant

Être canard

C’est absorbant

Terre ou étang

C’est différent

Canards au sol s’en vont en rang

Canards sur l’eau s’en vont ramant

Être canard

Ça prend du temps

C’est tout un art

C’est amusant

Canards au sol cancanants

Canards sur l’eau sont étonnants

Il faut savoir

Marcher, nager

Courir, plonger

Dans l’abreuvoir.

Canards le jour sont claironnants

Canards le soir vont clopinant

Canards aux champs

Ou sur l’étang

C’est tout un art

D’être canard.

 

 

It’s quite a knack to be a duck

 

It’s quite a knack

to be a duck

a swimming duck

a walking duck.

A flying duck’s a waddling duck

a water duck’s a wand’ring duck

To be a drake

on land or lake

it’s what compels,

it’s something else

Ducks on dry land parade, a row

on water, ducks proceed to row

To be a drake

can only take

time, it’s an art

that cheers the heart

A duck on land’s a cackle-box

a water duck’s miraculous

Drakes can bring off

the walk run swim

in cattle-trough

the plunge of him

The duck of dawn goes trumpeting

the duck of dusk goes tottering

To be a drake

on lea or lake

It’s quite a knack

to be a duck.

 

 Translation: Copyright © Timothy Adès


- Loleh Bellon
- Enfantasques, première parution en , Claude Roy (Gallimard, 1974)

Claude Roy à propos de son recueil de poèmes - Vidéo Ina.fr

ina.fr/video/I12054559 Invité sur le plateau de Bernard PIVOT, Claude ROY présente son recueil de poèmes "Enfantasques"

- Moi je, Essai d'autobiographie (collection Folio, 1978)

- Loleh Bellon et Claude Roy


Timothy Adès est un poète traducteur-britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, de Federico García Lorca, d'Alberto Arvelo Torrealba, d'Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a aussi réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e.

"Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables" de Robert Desnos en anglais. Lauréat des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique Tutti Frutti.

 

Derniers ouvrages parus : " Alfonso Reyes, Miracle of Mexico " (Shearsman Books, 2019). Bilingual Spanish/English, "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant " (Arc Publications, 2017) : 527 pages, bilingual text, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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Commentaires: 1
  • #1

    Dominique LEVEQUE (lundi, 13 septembre 2021 12:22)

    Mille mercis à Timothy Adès de nous avoir offert ce poème de Claude Roy. Personnellement, cela me ravit tant Claude Roy fait partie de mon panthéon personnel aussi bien en tant que poète, écrivain, qu’en tant qu’homme engagé. Je l’ai découvert, jeune homme, à la faveur de ses chroniques littéraires au Nouvel Observateur. Elles m’ont donné envie d’aller plus avant dans la découverte de sa production personnelle, magnifique : au lycée, j’ai avalé Un seul poème, Les Soleils du romantisme, Nous, Somme toute, Nouvelles Enfantasques, plus tard, Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer ? Les Chercheurs de Dieu, Le chat qui parlait malgré lui, Permis de séjour, 1977-1982, À la lisière du temps, L'Étonnement du voyageur, 1987-1989, Le Rivage des jours, 1990-1991, La Conversation des poètes, Les Rencontres des jours, 1992-1993…
    Au plaisir de le lire, de me sourcer dans la musique et la justesse de ses mots, j’ai eu le plaisir d’ajouter celui de faire sa connaissance au début des années 80, de mes années de fac : je l’avais invité à venir à Bordeaux pour une conférence dans le cadre de mes activités au sein du groupe local des Etudiants socialistes où je militais alors, ville où lui-même avait passé une partie de ses études. Il me fit le don d’accepter une correspondance épistolaire entre nous. Nous étions en 1982, malheureusement la conférence dût être remisée à la suite de la découverte d’un cancer…