LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES

J’aime bien les poésies enfantines de Maurice Carême…
Mon ami le traducteur Martin Sorrell (non pas l'homme d’affaires, ex magnat de la pub) a réalisé avec Arc Publications un livre de poèmes de Carême pour les adultes en version bilingue intitulé Defying Fate.
Le Hérisson
Bien que je sois très pacifique
Ce que je pique et pique et pique,
Se lamentait le hérisson.
Je n’ai pas un seul compagnon.
Je suis pareil à un buisson,
Un tout petit buisson d’épines
Qui marcherait sur des chaussons.
J’envie la taupe, ma cousine,
Douce comme un gant de velours
Emergeant soudain des labours.
Il faut toujours que tu te plaignes,
Me reproche la musaraigne.
Certes, je sais me mettre en boule
Ainsi qu’une grosse châtaigne,
Mais c’est surtout lorsque je roule
Plein de piquants, sous un buisson,
Que je pique, et pique et repique,
Moi qui suis si, si pacifique,
Se lamentait le hérisson.
The Hedgehog
I’m pacific I’m pacific
But I prick prick prick –
The hedgehog started to blub.
My life’s like Tracy Beaker’s,
Like a sharp little shrub
I walk on sneakers.
Cousin Mole is soft as a velvet glove,
Pops out of mole-holes, how I’d love.
You’re a grumbler, you,
I’m reproached by a shrew.
I can hunker down
Like a conker brown
Roll prickle-ball under a shrub
And I prick prick prick
I’m pacific I’m pacific –
The hedgehog started to blub.
Copyright © Timothy Adès
- Le sourire de Maurice Carême, Bulletin de la Fondation Maurice Carême N°59 – 2016
- Défier le destin, Maurice Carême (Bruxelles, Vie ouvrière, 1987)
- Defying Fate (titre original en français: Défier le destin, publié à titre posthume en 1987) est un recueil de poèmes de Maurice Carême, en version bilingue, traduction anglaise par Christopher Pilling, introduction par Martin Sorrel (Arc Publications, 2009)
- "Le Hérisson" illustré par Bruno Gibert dans le livre La Poésie est un jeu d'enfant (Seuil Jeunesse, 2015) qui rassemble trente poèmes
- Deux petits chien, un hérisson--, Maurice Carême, illustrations Elisabeth Ivanovsky (Gautier-Langereau, collection "Petite pomme", 1988)
- Promenade Maurice-Carême, voie piétonnière de l’île de la Cité, à Paris, dans le 4e arrondissement, proche de Notre-Dame
Si vous trouvez un hérisson apparemment « mort » pendant les mois froids, ne l'enterrez pas et ne le jetez pas à la poubelle.
Personne n'a envie de voir un animal mort dans le jardin ou sur le bord de la route – mais souvent, ce n'est pas du tout un hérisson mort, mais un animal qui hiberne de novembre à mars.
Normalement, les hérissons creusent de petits terriers pour hiberner en toute sécurité. Mais avec de moins en moins d'espaces verts, de haies et de forêts, il leur devient de plus en plus difficile de trouver un endroit protégé. Beaucoup se réfugient donc dans les jardins, certains sont tellement épuisés qu'ils s'endorment dans des endroits insolites comme les bords de route ou les trottoirs.
Pendant l'hibernation, leur rythme cardiaque et leur métabolisme ralentissent brusquement, ce qui permet d'économiser de l'énergie, mais les fait souvent paraître morts aux humains.
Donc, si vous voyez un hérisson immobile, vérifiez soigneusement qu'il est en sécurité et qu'il fait suffisamment chaud pour survivre à l'hiver.
Si vous trouvez un hérisson dans votre jardin, préparez-lui un petit quartier d'hiver – comme une boîte en carton avec une ouverture remplie de feuilles sèches ou de paille, dans un endroit calme et à l'abri des intempéries.
Les hérissons sont protégés, totalement inoffensifs et extrêmement utiles :
Ils mangent des coléoptères, des escargots, des grenouilles, des lézards, même des serpents - même venimeux !
Ils détruisent également les nids de souris et n'ont pas peur des abeilles ou des guêpes. Un hérisson peut même détruire un nid de frelons sans prêter une attention particulière aux piqûres.
Les chercheurs ont également découvert que les hérissons ont une résistance naturelle à de nombreuses toxines – un phénomène qui n'a pas encore fait l'objet de recherches approfondies.
Faites donc attention aux hérissons, surtout pendant les mois froids.
Cela ne coûte rien d'aider un animal aussi petit et vulnérable, mais cela peut lui sauver la vie.
Soyons gentils avec les animaux !

Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García Lorca, Alberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.
Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e. "Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les "Chantefables" et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.
Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédaction. Lauréat entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.
Derniers ouvrages parus : "Ringelnatz the Rhymer " , édition bilingue allemand-anglais (The High Window, 4 août 2024; " Morgenstern's Magic", édition bilingue allemand/anglais des poèmes de Christian Morgenstern (1871-1914) (The High Window, 4 février 2024; "Alfonso Reyes, Miracle of Mexico" (Shearsman Books, 2019), édition bilingue espagnol/anglais; "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant" (Arc Publications, 2017), édition bilingue français/anglais, 527 pages, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.
Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Publiés généralement le week-end).
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