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BERBERIS VULGARIS, par Jean-Claude Ribaut, chroniqueur gastronomique

 

   On ne trouve guère les feuilles, les baies ou les racines d’épine-vinette (Berberis vulgaris) sur les marchés, car l’industrie pharmaceutique monte la garde. Cet arbuste serait, dit-on, l’hôte d’un redoutable champignon pathogène des céréales : la rouille noire du blé.

 

Ce n’est pas du tout l’avis des médecines chinoise ou ayurvédique, qui utilisent depuis belle lurette la « berbérine », aux alcaloïdes puissants, pour ses propriétés antibactériennes.

 

Dans l’Égypte ancienne, macérée avec des graines de fenouil, l’épine-vinette faisait baisser la fièvre. Mais surtout – découverte récente – cette plante agit très efficacement sur la glycémie, responsable du diabète de type 2. De 425 millions aujourd’hui sur la planète, les diabétiques passeraient, selon l’OMS, à 622 millions d’ici 2040. Une mine d’or qui explique la réticence des labos.

 

 

Dessin de Declozeaux / Remerciements à Siné Mensuel

 

Mais l’épine-vinette a plus d’un tour dans son sac. Ses épines saillantes rendent infranchissables les haies et les halliers plantés de cet arbuste. La bourgeoisie pavillonnaire, reconnaissante, accueille l’épine-vinette dans ses recettes : les jeunes pousses, acidulées, sont préparées comme l’oseille, les baies encore vertes se confisent au vinaigre à la façon des câpres et les remplacent comme condiment. Avec les sucs des baies à maturité, on prépare des gelées et des sirops rafraîchissants. Mêlées à du sucre, les baies fermentent jusqu’à donner un vin d’un rouge éclatant qui peut faire illusion.

 

À moins d’être soi-même botaniste et coureur des bois, on trouve l’épine-vinette chez les pépiniéristes, chez les herboristes comme complément alimentaire sous son nom arabe, « berberis », et aussi sur Internet, sous forme de baies déshydratées, de sirops ou de décoctions.

 


Jean-Claude Ribaut, architecte, écrivain, chroniqueur gastronomique.

Collaborateur à LaRevue : pour l'intelligence du monde, SINE Mensuel, Dandy magazine, Tentation (trimestriel), Plaisirs (magazine suisse bimestriel), Le Monde de l'épicerie fine, Le Monde des grands Cafés, le Petit journal des Toques blanches lyonnaises, Atabula (plateforme d’information et d’opinion numérique sur la gastronomie en France et à l’étranger), Chroniques d'architecture, etc. Après avoir officié au journal Le MONDE pendant 25 ans (1989-2012), et avoir fait ses premières armes journalistiques dans COMBAT.

Membre fondateur de la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires (M.F.P.C.A – Le Repas gastronomique des Français) depuis 2007; membre fondateur de La Liste depuis 2015.
Ancien chroniqueur au Moniteur des Travaux Publics (1979-1995), Régal, Thuriès, Guides Gallimard des Restaurants de Paris (1995).

 

Dernier ouvrage paru : "Voyage d'un gourmet à Paris" (Calmann-Lévy, 2014). Prix Jean Carmet 2015.

Jean-Claude Ribaut est membre du conseil scientifique du PRé et co-anime la rubrique "Tutti Frutti".

 

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