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SATIE, de Patrick Roegiers, Par Stéphanie Mesnier-Angeli

 

     Musicien génial et mélancolique, excentrique érudit et marginal avant-gardiste, Érik Satie (1866-1925) n'est pas qu'une longue silhouette à barbichette et lorgnons, collectionneur de parapluies. L'hommage de Patrick Roegiers en témoigne.

 

   Il n'est certes pas le premier à succomber au charme des mélopées lentes, suspendues comme des gouttes après l'averse, enroulées en boucles telles de lascives volutes, jusqu'à "satie-ration". Vladimir Jankélévitch avant lui s'était penché sur le "mystère" Satie, concluant que le génie composait le matin à jeun, dégrisé des excès de la veille, parfaitement réveillé après l'ivresse de la nuit... Mais en chapitres courts et bien troussés, Patrick Roegiers rend contagieux son amour pour Satie, tord le cou à quelques idées reçues et nous dit à quel point Satie est moderne, actuel, sa musique intemporelle et atemporelle.

 

   Satie naît à Honfleur en 1866. Il perd sa mère à 6 ans et il a 12 ans lorsqu'il débarque à Paris. Il s’inscrit au Conservatoire, joue dans les cabarets de Montmartre, où il vit. À 20 ans, il compose Ogives et, deux ans plus tard, ses trois Gymnopédies pour piano, après avoir lu Salammbô de Flaubert. Il se lie avec Debussy, rencontré au Chat Noir. Moins avec Ravel, qu'il considère comme « un compositeur d'avant-hier », et s'intègre parfaitement à la vie musicale parisienne. En 1913, il assiste à la création du Sacre du printemps.

 

   Les Six Gnossiennes naissent dans son gourbi d’Arcueil, puis les Trois morceaux en forme de poire, et les Véritables préludes flasques (pour un chien). Sur la partition figurent de singulières indications de jeu : « Reculez en vous-même »« Ouvrez la tête », ou « Riez sans qu’on le sache ».

 

   Aux obsèques du musicien, en 1925, « ni fleurs ni couronnes, ni parapluies ni parasols, ni paravents ni parasites ». On retiendra cette vérité du maître : « Je préfère la musique que j'aime à celle que je n'aime pas ». Et c'est tant mieux.


 

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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