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MA PAUVRE CECILE, J'AI 73 ANS, Par Stéphanie Mesnier-Angeli


La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli


Hans Heinrich Bebie
Hans Heinrich Bebie

 

     Et les grands perdants sont... les retraités et les mutuelles de santé, qui financeront le gel de la réforme des retraites exigé par les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement Lecornu. Ainsi, mutuelles et assurances seront taxées davantage (quitte à répercuter cette hausse sur leurs clients), et les pensions seront « sous-indexées par rapport à l'inflation », ce qui entrainera une baisse du pouvoir d'achat. Bercy entend « donner la priorité aux jeunes actifs » et « rééquilibrer les efforts entre générations ». Les retraités sont ainsi désignés comme des privilégiés, qui disposent d'une « situation patrimoniale favorable » et dont le niveau de vie est « en moyenne, légèrement supérieur à celui de l'ensemble de la population ». Ils ont bénéficié de « toutes les réformes sociales », et « d'un prix de l'immobilier qui a permis des investissements massifs » (RMC, Info). Et en prime, ces profiteurs ont l'impudence de vivre de plus en plus vieux. Qu'ils paient !

Pourtant, les derniers chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) indiquent que le montant moyen des pensions est de 1.829€ net pour les hommes et 1.186€ net pour les femmes. Et le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) précise : « Le niveau de vie des retraités s'est effrité ces dernières années », il n'est plus que « très légèrement supérieur à celui de l'ensemble de la population ». En cause, « des prélèvements de plus en plus lourds » et une « surestimation des revenus réels de leur patrimoine ». Oublie-t-on que ces retraités ont connu la semaine de 40 heures, et des paquets d'heures sups ?

 

   En 1981, François Mitterand reconnaissait l'évident point faible de sa retraite à 60 ans : « On pourrait se trouver en difficulté de paiement à cause de la pyramide des âges ». Avant de l'écarter avec un sourire : « Je pense que ce seront à mes successeurs de s'en occuper ». En 2025, ses successeurs, menés par Olivier Faure, ont-ils saisi le problème ? (archive en commentaire)

 

   L'illusion du « Il suffit", a encore frappé, affirme l'Opinion. De la gauche vers la droite : « Il suffit de faire payer les riches, les fraudeurs, les étrangers"... Hier, le RN et LFI ont proposé des « contre-budgets ».

Au RN, on vante un budget « conforme à la pensée économique nationaliste et populiste », avec 36Mds€ d'économies, qui « passent par une réduction des dépenses publiques de 50Mds€ ». Le RN pointe 32,4Mds€ de « dépenses inefficaces, voire inutiles », et propose la baisse de la contribution française à l’Union européenne, aux « agences et opérateurs de l’État », de l’Aide publique au développement. Et bien sûr, la réduction des coûts liés à l’immigration, évaluée à 11,9Mds€, avec une obligation de 5 ans de travail à temps plein pour les étrangers souhaitant bénéficier des prestations sociales, la transformation de l’aide médicale d’État en aide médicale d’urgence. Enfin, les collectivités territoriales devront consentir 5Mds€ d'économies.

Pour les recettes, le RN mise sur leur augmentation, de 31Mds€ : lutte contre la fraude fiscale et sociale, impôt sur la fortune financière, taxe sur les rachats d’actions, etc. L'objectif annoncé est de « rendre 25Mds€ de pouvoir d’achat » aux Français, notamment avec la baisse de la TVA sur l’énergie et la suppression de la TVA sur les produits de 1ère nécessité (Sud Ouest, Figaro, LCP).

Dans Les Échos, des économistes critiquent le chiffrage :

https://www.lesechos.fr/.../les-economistes-pointent-les...

 

   Pour LFI, c'est le tout-à-l'impôt qui financerait « 168Mds de dépenses » (Le Figaro). Parmi ces dépenses, le salaire minimum relevé à 1.600€ net (vs 1.430€ aujourd'hui). La hausse de 10% du point d’indice des fonctionnaires (22Mds) et la hausse « de tous les minima sociaux ». Le coût de réforme des retraites voulue par LFI (âge de départ 60 ans) est chiffré à 25Mds€. S'ajoute à cela une série de « grands plans », pour les SDF, pour l’éducation, « contre les discriminations », pour l'énergie renouvelable, « pour sortir la filière agricole des pesticides et du cancer », etc.

Côté recettes, LFI table sur 180Mds€, grâce surtout à des hausses d'impôts « en allant chercher l'argent là où il est » (Panot). Hausse de l'impôt sur les successions, rétablissement de l'ISF, nouvelle « taxe climat », instauration de la taxe Zucman, etc.

Philippe Aghion, prix Nobel d'économie, a mis LFI  « sur le même plan que le RN », disant qu'il ne faisait  « pas confiance » au mouvement de Mélenchon ou à celui de Marine Le Pen  « pour gérer la France » (BFM).

 

   Trump a enfin pris, cette nuit, des sanctions sur les hydrocarbures russes. Elles s'annoncent douloureuses pour l'économie de Poutine, qui marque le pas. Les prix ont bondi, l'inquiétude règne en Inde et en Chine. La demande s'est déplacée vers les pays du Golfe (Gulf News). Ces sanctions, établies par les élus Républicains du Sénat, étaient prêtes depuis 9 mois. Il aura fallu 9 mois au président à la cravate rouge pour comprendre qu'il se faisait promener par Poutine. « Nos conversations ne vont nulle part », s'est-il plaint (Le Point). À Moscou, Poutine a été saisie d'une « colère froide » à l'annonce de ces sanctions (Reuters).

 

   En Bref : Pour The Spectator (Londres), « le braquage du Louvre a réveillé deux grandes angoisses des Français : la peur de l'insécurité et celle du déclin de la France » - Selon Bruno Retailleau (ex-min. Intérieur), le  « vrai » nombre de clandestins en France approche le million (LCI) - Les deux hommes qui ont scié l'olivier planté en mémoire de Ilan Halimi ont été condamnés pour destruction d'un bien public, mais les juges n'y ont pas vu de caractère antisémite (Le Parisien). Ils avaient juste envie de couper du bois ? - JD Vance a jugé « offensants et étranges »  les votes de la Knesset israélienne sur l'annexion de la Judée-Samarie. Et Trump a prévenu que si l'annexion devenait effective, « Israël perdrait tout soutien des États-Unis » . Washington garde Netanyahou à l'œil, ce que les médias appellent le "bibisitting" - La ville d'Albi se classe 5e dans le classement Forbes des 10 villes culturelles d'Europe à visiter en 2026 - Le passage à l'heure d'hiver se fera dans la nuit de samedi à dimanche - Bruno Le Maire annonce un nouveau livre en février prochain. Patience...

"Ma pauvre Cécile, j'ai 73 ans..."


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste (Canard Enchaîné), écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre gracieusement cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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