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L'AFFAIRE DU COLLIER, Par Stéphanie Mesnier-Angeli


La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli


"Le casse du siècle" (Le Parisien), "Qui a braqué les bijoux du Louvre ?" (La Dépêche), "L'incroyable casse" (Le Dauphiné), "Un invraisemblable cambriolage" (L'Est Républicain)...

Hier, en plein jour, 4 malfaiteurs ont utilisé un monte-charge installé tranquillou rue de Rivoli pour pénétrer dans le "plus grand musée du monde", accédant directement à la galerie d’Apollon où sont exposés les précieux joyaux de l'Histoire de France. Le système d'alarme, hors service depuis plusieurs jours (La Tribune de l'Art) n'a pas fonctionné et, en 7 minutes, les malfrats ont découpé deux vitrines à la disqueuse et commis leur fric-frac, au nez et à la barbe des gardiens du musée et des visiteurs, dont certains ont filmé la scène. Puis, les voleurs sont repartis en scoot.

Ne soupçonnez pas Arsène Lupin, c'est à la portée des Tuche.

Dans leur fuite, la couronne de l'impératrice Eugénie leur a échappé. Elle a été retrouvée dans un caniveau, « brisée et cabossée » (AFP). Mais les couronnes royales et impériales, les diadèmes et les bijoux, des milliers de diamants, de pierres précieuses et de perles qui vont être « fondues ou vendues à la découpe », ont disparu. Chaque pièce volée est un morceau d'histoire, une part du patrimoine national, une œuvre d'art. La broche-reliquaire de l'impératrice Eugénie, par exemple : ses diamants agencés en ailes de papillon sont ceux que Mazarin avait légués à Louis XIV. Le diamant central, le plus spectaculaire, était le quatrième bouton du justaucorps du roi Soleil, avant d'être utilisé comme boucle d'oreille par Marie-Antoinette, puis d'orner le corsage d'Eugénie...

 

   Dans un communiqué, Rachida Dati (min. Culture), rend grâce au « grand professionnalisme et à la réactivité des agents du Louvre », se félicitant de « l'absence de blessés » et adressant ses « remerciements sincères ». Son collègue de l'Intérieur, Laurent Nuñez, estime qu'« on ne peut pas tout empêcher ». Traduction : Ce n'est la faute de personne, vous avez tous été formidables !

Le Louvre est une passoire, des bijoux valant des centaines de millions d'euros ont été barbotés, et l'État présente des félicitations ? Pas une once de dignité, nulle part ? Ni Laurence Des Cars, la patronne du Louvre, ni Dominique Buffin, sa chef de la sécurité nommée dans une « volonté de féminisation du recrutement » (Le Monde) n'ont l'idée de démissionner ?

« Pendant 40 ans, on ne s'est pas intéressé à la sécurisation des musées », a reconnu benoitement Dati (TF1). Le 15 septembre, des cambrioleurs ont dérobé pour 600.000€ de pépites d'or au Museum d'Histoire naturelle à Paris. L'une d'elles pesait 5,25 kilos et datait de plus d'un milliard d'années (France Info). Et le 3 septembre, le musée de Limoges s'est fait voler pour 10M€ de porcelaines rares. Les musées, « moins sécurisés que les banques", font face à la « convoitise grandissante » des groupes criminels (France 24).

 

   Pour Marine Le Pen, « ce vol au Louvre est une nouvelle épreuve pour notre pays, une blessure à l’âme française ». Jordan Bardella, lui, a évoqué « une insupportable humiliation ». L'affaire a attiré les médias du monde entier. Anne Hidalgo a apporté son « soutien aux équipes du Louvre » et Gérard Araud, président des amis du Louvre, regrette « la politisation au moindre incident »  (sic).

À l'étranger, on s'étonne : « Il est stupéfiant que des joyaux de la Couronne soient si mal gardés » (Times, WSJ, Die Welt). Bendor Grosvenor, l'un des plus célèbres historiens d'art, dit sa consternation devant « l'échec de sécurité d'un des plus grands musées au monde ».

 

   Jamais Trump ne livrera de missiles Tomahawk à Kiev, mais il livrerait bien l'Ukraine à la Russie. Le Financial Times rapporte que lors de son entrevue avec Zelensky, Trump n'a proféré que  « cris, menaces et injures », reprenant « mot pour mot les éléments de langage du Kremlin ». Le Washington Post s'interroge : « Comment, après un simple coup de fil à Poutine, Trump a-t-il pu à ce point se retourner ? » Le dictateur russe exige « toute la région de Donetsk », et Trump a intimé Zelensky de la lui donner. Il a aussi rendu hommage à la « solide économie » de la Russie (en réalité aux abois), et à sa « puissance militaire », qu'il qualifiait quelques jours plus tôt de « tigre de papier ».

Ainsi, on voit ce que pourrait être la rencontre Trump/Poutine à Budapest, où l'Américain cèderait tout à Poutine, et d'abord le Donbass, par-dessus la tête de Zelensky. Les Européens, qui acceptent la venue d'un criminel de guerre sur le sol, vont-ils réagir ?

 

   Avant son incarcération, demain, à la Santé, Sarkozy a reçu les anciens PM François Fillon et Edouard Philippe, Philippe de Villiers, François-Xavier Bellamy et Rachida Dati. Il a échangé au téléphone avec Marine Le Pen, et Emmanuel Macron pourrait le voir « avant mardi » (Tribune du Dimanche). Dans Le Figaro, Sarko se fait bravache : « Ils ont voulu me faire disparaître, et ça me fait renaître ». Il emporte dans sa cellule « Le Comte de Monte-Cristo en deux volumes et la bio de Jésus par Jean-Christian Petitfils ». Soit il espère un miracle, soit il compte se faire la malle.

 

   En Bref : Lagardère annonce que Sarkozy resterait au conseil d'administration depuis la prison - À Gaza, les exécutions de Gazaouis par le Hamas se poursuivent, et les bombardements israéliens ont repris durant quelques heures - Pour ceux qui ont passé le week-end dans une grotte, sachez que le PM Sébastien Lecornu a acheté des poireaux samedi matin, au marché de Vernon (Eure) - Donald Trump a publié une vidéo d'IA le montrant coiffé d'une couronne aux commandes d'un avion en train de déverser de la merde sur ceux qui manifestent contre lui (AP) - Le 12 septembre à Saint-Pétersbourg, des militants de 19 nationalités issues de l'extrême droite néonazie (dont la France, avec notamment Alain Soral) se sont réunis sous la houlette d'Alexander Dougine, fondateur du "parti national-bolchevique" russe.

Dutronc, forcément...


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste (Canard Enchaîné), écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre gracieusement cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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