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AINSI SOIT-IL, Par Stéphanie Mesnier-Angeli


La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli


« Tout le monde peut retourner sa veste, mais il faut un certain talent pour la remettre à l’endroit » – Winston Churchill.

 

     Lecornu a sauvé son gouvernement. Aucune des deux censures (LFI et RN) n'a été votée hier. Mais sa position demeure fragile et « il reste sous la menace du PS ». Le Pen comme les Insoumis ne décolèrent pas, mais considèrent que la dissolution n'a été retardée « que de quelques semaines » (Les Échos). « La grande bataille du budget, qui s'annonce féroce, va maintenant commencer » (Le Figaro).

Sur France 2, Edouard Philippe, qui estime « ne rien devoir» à Macron, a de nouveau appelé à la démission du chef de l’État. C'est, selon lui, « la seule décision digne qui permettra d’éviter 18 mois d’indétermination et de crise». S'imaginant calife à la place du calife, Philippe est passé de « Sans lui (Macron), je n'aurais pu espérer une telle chance » (2019), à « Je ne lui dois rien » (2025).

Macron, lui, a reçu hier soir une quinzaine de députés, et a défendu la « suspension douloureuse » de la réforme des retraites (qu'il a attribuée à Lecornu), au nom de la « stabilité ». Plusieurs députés ont fait savoir qu’il n’était pas question pour eux de renier ce qu’ils défendent depuis plusieurs années en votant l’amendement qui suspendra la réforme. Trop douloureux pour eux aussi. À quoi Macron a répliqué, avec distance : « Ce n'est pas à moi de vous dire quoi voter » (BFM). L'un des participants confie à Politico l'atmosphère lunaire de la rencontre : « En gros c’était : rien n’est de ma faute et tout est entre vos mains »...

 

   "Après Gaza, Donald Trump se concentre sur l'Ukraine », annonce Le Figaro. Le président américain, qui avait promis de mettre fin au conflit en 24 heures, mais s'y est cassé les dents, a annoncé qu'il rencontrerait bientôt Poutine à Budapest. Celui-ci fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour « crimes de guerre et transferts d'enfants », mais il sera le bienvenu en territoire européen, chez son ami Viktor Orbán, le plus pro-russe des dirigeants européens. « C'est un cadeau électoral pour Orbán, en difficulté dans les sondages », estiment Domani et La Stampa.

 

   Les choses ont changé, assurent plusieurs médias. Le succès de Trump à Gaza a mis Poutine « sous pression » (RFI), et Zelinsky a démontré qu'il n'était « pas un faible » (ce que Trump déteste), qu'il pouvait « gagner la guerre » (Le Figaro). « Il faut rendre hommage aux Ukrainiens, ils se battent très bien », a admis le grand chef à cravate rouge. Poutine, en revanche, l'a « déçu » en refusant son cessez-le-feu. « Peut-être qu'il ne veut pas la paix. Peut-être que les Russes sont ainsi, ils aiment la guerre », s'est interrogé Trump. Dans la foulée, il a évoqué la livraison à Kiev de missiles Tomahawk, capables de frapper à 2.500 km de profondeur.

Mais voilà, pareil à une chaussette humide sur une corde à linge, l'humeur de Trump balance. Après avoir eu une « longue conversation extrêmement franche" avec Poutine au téléphone, il lui offre un nouveau délai « pour savoir s'il veut la paix » (rire nerveux). Et il n'est plus question de Tomahawk. « Nous ne pouvons pas appauvrir les réserves de notre propre pays en Tomahawk », a dit Trump. Et il n'en est plus besoin, ajoute-t-il, puisque Poutine est « disposé à négocier une fin diplomatique à ce conflit » (BBC). « Les craintes d'une capitulation américaine devant la Russie sont de nouveau là », déplore The Guardian.

Selon le média indépendant russe Meduza, Poutine a ainsi fait valoir son point de vue: « La fourniture par les États-Unis de Tomahawk à l’Ukraine ne changerait rien à la situation militaire, mais causerait de graves dommages aux relations entre Moscou et Washington ».

En Ukraine, on ne voit pas venir la paix, mais un déluge de bombes. Depuis le sommet Trump-Poutine, en Alaska, Moscou a même intensifié ses frappes.

 

   Tollé après un communiqué de la CGT de France Télévisions, qui accuse un reportage de France 3 Île-de-France, consacré à la commémoration du 7 octobre d'« adopter le point de vue de la communauté juive » et de relayer « les thèses du Crif ». Sur un ton des plus virulents, la CGT nie le caractère antisémite des massacres du Hamas, et reproche à la journaliste de France 3 d’avoir laissé s'exprimer une intervenante évoquant les enfants Bibas, « tués à main nue » alors qu’ils étaient otages. Une affirmation, selon le syndicat, de « l’armée israélienne, jamais confirmée » (en réalité, si, les autopsies l'ont confirmé, et Haaretz et l'AFP en font état). Enfin, la CGT prend la défense de LFI.

L'article de France 3 qui a provoqué la colère de la CGT est ici : https://france3-regions.franceinfo.fr/.../on-pense-a-ceux...

 

   En Bref : 80% des Français estiment que la Russie constitue « une menace pour l’Union européenne » (sondage Dynata/Havas), soit 8 points de plus qu'avant les incursions de drones russes dans l'espace aérien - Rachida Dati a inauguré hier soir son QG de campagne pour les municipales, dans le 12e arrondissement de Paris - Trump a autorisé les opérations de la CIA au Venezuela. Maduro a « mobilisé ses troupes et ses milices » (WSJ) - Et pour les 250 ans de l'indépendance des USA, Trump veut "son" Arc de triomphe, gigantesque et face au Lincoln Memorial, sur l’autre rive du Potomac. Il en a lui-même dessiné les plans, dit-il. Un Arc de triomphe est plus qu'un monument. "L'Arc de Trump", comme on l'appelle déjà, signerait sa victoire dans sa guerre contre sa grande obsession, « l'État profond » (CNN) - Les députés LFI-NFP proposent une loi pour « supprimer la mention du sexe sur les cartes nationales d'identité », afin que les « transgenres et non-binaires » ne se sentent plus « discriminés » - L'usine Teisseire de Crolles (Isère) va fermer en avril 2026, entrainant 167 suppressions d'emplois. La marque évoque la chute des ventes depuis 10 ans, la concurrence et des coûts trop élevés (Le Dauphiné) - Alerte rouge : « la France pourrait importer plus de produits agricoles qu'elle n'en exporte » (Ouest France) - À Marseille, la Bonne-Mère va retrouver sa couronne dorée restaurée. Let it be !

L'opportuniste, un classique, de père en fils.


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste (Canard Enchaîné), écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre gracieusement cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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