La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli
Avec nos voeux de prompt rétablissement à Stéphanie qu'un méchant virus a frappé depuis jeudi dernier.

La condamnation était attendue, et elle a fait boum. Nicolas Sarkozy a écopé de 5 ans de prison ferme pour "association de malfaiteurs", dans le dossier du financement libyen supposé de sa campagne présidentielle de 2007. Sarko a aussitôt crié à l'injustice, se disant "innocent", et certains de ses amis n'ont pas hésité à le comparer au capitaine Dreyfus. Pour les journalistes du JDD, Sarko est l'incarnation d'Edmond Dantès, le héros du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. Dans leurs colonnes, l'ex-président se dit victime d’un "complot", d'une "vendetta judiciaire", et clame sa détermination pour la reconnaissance de son honnêteté" et la défense de "l’Etat de droit" (rien que ça). "Ce n'est pas moi qui suis humilié, mais la France"...
Dès la condamnation connue, le PM Sébastien Lecornu lui a téléphoné (La Tribune Dimanche), tout comme Emmanuel Macron, qui exprime dans le Parisien son "amitié pour l’homme et sa famille". Des lieutenants de Le Pen (RN) lui ont apporté leur renfort, menant la charge dans divers médias. François Bayrou et d'autres élus du centre ont dit leur "trouble".
Tout cela serait plus convaincant si ces politiques n'avaient pas voté les lois qu'aujourd'hui ils dénoncent, et s'ils n'avaient pas attendu, pour tempêter, d'être eux-mêmes concernés.
Impliqué dans 11 affaires judiciaires, Sarko a déjà été 3 fois condamné, 2 fois en 1ère instance et une fois de manière définitive. À chaque fois, c'est un festival d'indignations enflammées et de protestations mélodramatiques sur le thème : "les juges rouges mettent la démocratie en danger".
Ainsi, la classe politique s'est-elle bruyamment émue de "l'exécution provisoire des peines", oubliant qu'elle avait été votée et confirmée par les députés. Ceux qui aujourd'hui pleurnichent, estimaient alors la justice "trop laxiste" et clamaient qu'il fallait "rendre les peines prononcées immédiatement applicables". Résultat : l'exécution immédiate des peines concerne 86% des condamnés à 2 ans de prison et plus. Elle n'est donc pas réservée à Marine Le Pen ou à Nicolas Sarkozy.
Quant au délit d'association de malfaiteurs (façon bande à Rapetou), il avait été supprimé par Mitterrand/Badinter en 1983, mais rétabli par Chirac en 1986 (vengeance posthume ?...).
https://www.publicsenat.fr/.../association-de-malfaiteurs...
Attaquer la justice est une vieille ficelle qui permet de déplacer le sujet du débat et d'occulter les faits. Les juges sont jetés en pâture, les menaces de mort pullulent... Le 1er président de la Cour d’appel de Paris a appelé "solennellement" au respect de la justice. Le min. de la Justice démissionnaire, Gérald Darmanin, a apporté son plein soutien aux magistrats. Et Macron a dénoncé des "attaques et menaces de mort inadmissibles" contre plusieurs magistrats.
Sébastien Lecornu, lui, cherche toujours son gouvernement façon mouton à cinq pattes. Il affrontera, jeudi 2 octobre, une nouvelle journée de manifs et de grèves. Selon la presse, ça sent le sapin, ou plutôt la motion de censure et la dissolution. Son prédécesseur, Michel Barnier, fait son retour au Palais Bourbon, élu hier à Paris avec 62% des voix (23% de participation), battant à plates coutures la socialiste Frédérique Bredin.
La bonne nouvelle nous vient de Moldavie, qui confirme sa volonté de tourner le dos à la Russie pour se rapprocher des démocraties européennes. Le PAS (parti au pouvoir), a obtenu lors des élections, hier, plus de 50% des voix, contre 24% pour les pro-russes du BEP. L'artillerie lourde déployée par Moscou pour déstabiliser le scrutin (des centaines de millions d'euros pour des campagnes de désinformation) n'aura pas suffi. Les Russes avaient accusé la présidente moldave, Maia Sandu, d'être impliquée dans un trafic de réfugiés ukrainiens ou encore d'avoir acheté le sperme de Brad Pitt (Courrier international).
Pour déstabiliser les pays de l'UE, Moscou ne recule devant rien. Une chaîne de télévision russe, Zvezda, entièrement générée par l'IA et animée par des avatars de journalistes vedettes, diffuse des faux aussi sophistiqués que grossiers et vulgaires. L'Anglais Boris Johnson, plus vrai que nature, déclare en russe avec un fort accent british : "Nous ne chions pas, nous fertilisons la politique mondiale". Et Macron, en tutu rose, habille Zelensky comme une poupée, tout en reconnaissant que "l'Otan est seul responsable de la guerre en Ukraine" (Le Figaro).
En bref : Selon une étude du Conseil d'analyse économique, l'État paye entre 78% et 126% de cotisations retraite pour les fonctionnaires, contre seulement 17% pour le privé - Trump a encore reporté d'une semaine les sanctions contre le groupe pétrolier serbe NIS, détenu par le géant russe Gazprom - Après que la Maire écologiste de Strasbourg a fait parler d'elle en apparaissant vêtue d’un keffieh palestinien, posant devant une carte du Proche-Orient sur laquelle Israël avait disparu, nouvelle polémique avec une campagne d'affichage "Strasbourg la douceur de ville", illustrée par une femme voilée. Qu'en pensent les Afghanes et les Iraniennes ?... - Un homme de 67 ans a été victime d'une violente agression antisémite à un arrêt de bus dans l'Essonne (BFM) - Recrudescence des cas de Covid en France, avec le variant "Frankenstein". La campagne de vaccination commencera début octobre - Des Britanniques ont découvert des pièces d'or de l'époque Tudor en jardinant (estimées à 260.000€). La fameuse récompense du jardinier !
Sur le nouvel album de Gautier Capuçon, "Gaïa" (la voix de la Terre), ce "Tàmâr Mĕtūshelāḥ", en duo et composé par la pianiste italienne Olivia Belli.

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).
Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).
Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé et livre aimablement cette Revue de presse depuis septembre 2024.
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