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LA PALESTINE AU MENU DE L'ONU, Par Stéphanie Mesnier-Angeli, écrivain et journaliste


La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli


   Aujourd'hui, La France reconnaitra avec d'autres pays (Australie, Canada, Royaume-Uni, Portugal...) un État palestinien. « L'étape est historique", assure Libé, qui tempère aussitôt : « La solution à deux États parait irréaliste, mais il serait tragique d'y renoncer ». Pour Le Figaro aussi, « cela ne mettra pas fin à la guerre à Gaza ni à la colonisation israélienne en Cisjordanie. Cela n'améliorera même pas la vie des Palestiniens ». La presse ce matin n'est pas naïve, les effets seront des plus limités. « La reconnaissance de l'État de Palestine n'aura aucun impact pour la paix durable, mais elle maintient sous perfusion la solution à deux États », affirme The Times« Le monde voit l'espoir d'une solution à deux États, mais Israéliens et Palestiniens eux-mêmes n'y croient pas » (The Australian). Ce que Giorgia Meloni, la PM italienne traduit ainsi: « Si l'on reconnait sur le papier quelque chose qui n'existe pas, le problème pourrait sembler résolu, alors qu'il ne l'est pas » (La Reppublica).

Aucun des pays qui va ou vient de reconnaitre l'État palestinien n'est d'ailleurs disposé à ouvrir une ambassade. Car si la reconnaissance se fait "sans condition", Paris comme Ottawa et Londres exigent d'abord « la libération des otages » (CBS).

 

   Pour autant, « fallait-il continuer à ne rien faire, laisser réduire en cendres Gaza, détourner le regard des déplacements de populations, des morts par milliers, des menaces de famine, et accepter passivement que la force piétine le droit en Cisjordanie ? », s'interroge Le Figaro. Face à « l'aggravation de la situation humanitaire à Gaza et cette guerre sans fin », pouvait-on rester les bras croisés ? (La Croix). « Alors qu'Israël veut vider Gaza de ses habitants et menace d'annexer la Cisjordanie », il fallait bien réagir (Libé).

Mais le mouvement initié par la France et l'Arabie saoudite (pays qui n'a toujours pas reconnu Israël), était-il la meilleure option ? Fallait-il le faire maintenant, sans condition et « sans le soutien des USA, incontournable juge de paix au Proche-Orient » (l'Opinion) ? Cela va-t-il "corneriser" Netanyhou ?

 

   Reconnaitre l'État palestinien (« quelles frontières, quel gouvernement ? » demande El País), à quelques jours du sinistre anniversaire du 7 octobre, alors que le Hamas diffuse des "photos d'adieu" des otages survivants, et le jour où les juifs fêtent Roch Hachana, c'est un « beau cadeau au Hamas » qui évidemment s'en réjouit (The Guardian, Le Point). En août les terroristes s'étaient déjà félicités que la « mobilisation occidentale légitimait » le 7 octobre (AFP). Dans un communiqué, le "Forum des Familles d'Otages" condamne la reconnaissance d’un État palestinien « avant la libération des 48 otages encore détenus par le Hamas ». Il s'agit d'un « impératif moral et humanitaire », et les pays qui l'ignorent « légitiment le terrorisme et les massacres du 7 octobre » (Le Parisien).

Une tribune signée par 20 personnalités françaises interpelle Macron : « Monsieur le président, vous ne pouvez pas reconnaitre un État palestinien avant la libération des otages et le démantèlement du Hamas. Et cela n'aidera pas les civils palestiniens.»

https://www.lefigaro.fr/.../monsieur-le-president-vous-ne...

Macron se défend, expliquant que sa démarche va « isoler le Hamas qui ne veut pas d'une solution à deux États » (RFI). « Le Pari risqué d'Emmanuel Macron » titre à la Une Le Parisien« Palestine, Macron joue son va-tout », titre l'Opinion qui soupçonne Macron de vouloir « redorer son blason dans le monde arabo-musulman ». Et d'écrire : « Macron devrait recevoir une standing ovation à la tribune de l'ONU, ce soir. Un probable triomphe à l'applaudimètre, son moment Villepin...» Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung« des considérations de politique intérieure » expliquent les décisions de Keir Starmer et de Macron.

 

   Lors d'un colloque organisé par le Washington Institute (18/9), la voix modérée de Samer Sinijlawi, Palestinien membre de l'opposition au sein du Fatah, a esquissé une 3e voie entre le Hamas et Mahmoud Abbas. « La reconnaissance de New York n’est qu’un théâtre politique (...) Le seul État qu’il faut convaincre de reconnaître l’État palestinien, c’est Israël. Sans cela, il ne se passera rien (...) Il ne sert à rien de faire pression sur Israël, car cela produit l’effet inverse. Il faut convaincre Israël de changer », et l'initiative en revient aux Palestiniens, seuls capables de le faire. « Nous devons faire nos devoirs, nous les Palestiniens. Reconnaître le droit des Juifs à exister sur cette terre. Faire émerger un nouveau leadership grâce à des élections. Et quand on aura changé, alors les Israéliens changeront. Tout le reste n’est qu’illusion ».

https://www.washingtoninstitute.org/.../recognizing...

 

   De leur côté, furieux, Trump et Netanyahou accusent Macron et Starmer d'offrir une « récompense absurde au terrorisme » (NY Times) Le PM israélien a promis des « mesures de rétorsion » contre la France. Mettra-t-il fin à la coopération militaire avec Paris, qui a besoin des informations sur le terrorisme dans la région que lui transmet Tel-Aviv ? Ce serait un « coup dur » (Les Échos).

Quant au ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), il a réagi avec sa mesure habituelle : « Cette décision est une récompense pour les meurtriers des unités Nukhba ». Il a demandé l’application sans délai de la souveraineté israélienne en Judée-Samarie, ainsi que la « destruction totale » de l’Autorité palestinienne (i24).

 

   Et pendant ce temps, dans un silence assourdissant, Poutine bombarde l'Ukraine avec constance, et « franchit les frontières de l'Otan ». Il teste les limites et les réactions des Européens en poussant le bouchon toujours plus loin (Tagesspiegel). Ceux-ci ne mouftent pas et « paient des années d'hésitation », tandis que Trump s'en lave les mains, ce qui rassure Poutine : l'article 5 de l'Alliance ne jouera pas en cas d'attaque russe. Selon la CDU allemande (droite), il faudrait être clair et, à la prochaine incursion, abattre les Mig russes (Die Welt).

 

   En bref : Plus de 200.000 personnes ont dit adieu à Charlie Kirk, icône "éternelle" du mouvement MAGA. Elon Musk et Trump s'y sont retrouvés en essuyant une larme - Trump a déclaré qu'il ne fallait pas avoir d'empathie pour Biden, atteint d'un cancer : « C'est un type stupide, un fils de p*te" »(CNN) - Le centre Pompidou ferme aujourd'hui pour 5 ans de travaux - La législative partielle qui s'est tenue à Paris, hier, place Michel Barnier largement en tête du 1er tour, devant la socialiste Frédérique Bredin - Paul Watson dans Le Figaro : « Je suis intervenu devant un millier de partisans de la chasse aux phoques, j'ai défendu les loups au Canada face à des trappeurs, ces publics étaient moins hostiles que les militants de la Fête de l'Huma ! » - Pour bien dormir, BFM conseille la position latérale et un coussin entre les genoux - Records de pluie dans le Sud-Est et les Côtes-d'Armor - Brigite Bardot sortira son "BBcédaire" le 1er octobre.

Le retour tant attendu de Stephan Eicher 


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014); En basse campagne (Grasset; 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000); Fort Chirac (Grasset, 1999); Sale Temps pour la République (Grasset, 1997); Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995); Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre à titre amical cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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