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Le retour de la REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli


La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli


« Tout l’art du bon gouvernement consiste à plumer l’oie de façon à obtenir le maximum de plumes avec le minimum de cris » 

Jean-Baptiste Colbert.

 

     L'agence américaine Fitch a dégradé la note souveraine de la France de AA- à A+, justifiant sa décision par « l'instabilité politique qui affaiblit la capacité du gouvernement à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d'ampleur ». Concrètement : l'emprunt de la France pour rembourser sa dette va devenir plus coûteux (Le Monde). Et la crédibilité du pays auprès de ses partenaires se détériore. "Le grand déclassement de la France en Europe", titre Le Figaro« La promesse de Macron était de renforcer l'Europe, son héritage va être de l'avoir affaiblie », cingle un eurodéputé néerlandais. L'Italie est devenue « plus stable que la France », la voix de Macron ne porte plus, et la dérive des comptes publics est alarmante. La Grèce ou le Portugal ont su redresser la barre, mais « le manque de volonté collectif de la classe politique française" inquiète, et pas seulement l'Allemagne, notée AAA (Le Figaro).

 

   Pour l'heure, le nouveau PM a annoncé vouloir retirer la suppression des jours fériés proposée par Bayrou et lancer « un grand acte de décentralisation". Il compte « mettre fin aux privilèges " des ex-membres du gouvernement », et « faire le ménage » dans les comités Théodule en recrutant « des hauts fonctionnaires en retraite ». La nouvelle équipe ne devrait guère changer de l'ancienne et « ne sera pas présentée rapidement » (Ouest France).

Comment Lecornu compte-t-il s'y prendre pour amadouer les socialistes qui ont posé 3 exigences : la taxe Zucman, la promesse de ne pas utiliser l'art. 49.3, la suspension de la réforme des retraites.

Pour la taxe Zucman, ce devrait être niet. En plus de s'annoncer inconstitutionnelle, elle pose de nombreux problèmes. Dans l'Opinion, la Tech française s'oppose à cette taxe, « contre-productive »« inopérante »« aberrante ». La gauche elle-même peine à la défendre. Et si Glucksmann en fait l'alpha et l'oméga du soutien des socialistes au gouvernement (France Info), Hollande s'oppose à la taxation de l'outil de travail (BFM). Sur Europe 1, Éric Coquerel, député LFI et président de la commission des Finances, a joyeusement confondu valorisation boursière, chiffre d'affaires et résultats... « La taxe Zucman est un révélateur de la stupéfiante méconnaissance des mécanismes de base de l'entreprise et de la finance d'une partie des universitaires et de la classe politique », dénonce L'Express.

Thomas Piketty, lui, a proposé sur BFM que ceux qui n’ont pas l’argent pour payer la taxe Zucman « vendent leurs actions aux salariés »... Ce qui suppose qu'ils aient l'argent pour les acheter. Pour Mistral, par exemple, 250 salariés devraient acheter 280M€ d’actions chaque année (Les Échos).

 

   Lors de la Fête de l'Humanité« la gauche a étalé ses désaccords » (Libé). Les Insoumis ont attaqué les socialistes, jugés « d'un rouge trop rose pâle », et Fabien Roussel a sommé les riches, qualifiés de « parasites » et de « nuisibles » par les camarades, de « rendre l'argent ». Paul Watson, le défenseur des baleines, traité d'« écofasciste » et d'« écoraciste », a été violemment chahuté. Olivier Faure a été accusé par les Insoumis de complicité avec le « macronisme pourrissant », mais Marine Tondelier, pour les Verts, a été applaudie. Venu débattre, le patron du Médef a été copieusement hué. « On arrive à faire des entreprises sans patrons. Par contre, on n'arrive pas encore à faire des entreprises sans salariés », a balancé le sénateur PC Fabien Gay, ignorant visiblement que les trois quarts des entreprises en France n'ont pas de salariés... Enfin, si les drapeaux palestiniens étaient partout, la guerre en Ukraine et les envois de drones dans le ciel de l'Europe étaient nulle part : « Nous ne voulons pas de cette guerre », a balayé Roussel sur BFM.

 

   Dans Le Figaro, Michael Walzer, grand philosophe de l'éthique de la guerre et défenseur d'un sionisme libéral, dénonce « l'obstination militaire de Netanyahou » et l'extension des colonies en Cisjordanie. Si la guerre contre le Hamas était justifiée après le 7 octobre, elle est devenue « une faute morale ». Extraits :

« C’est devenu une guerre criminelle, menée par un gouvernement criminel. Tous mes amis en Israël sont dans la rue depuis des semaines, des mois, pour s’opposer au gouvernement et à la guerre ».

Le Hamas a toujours été et demeure « une organisation terroriste criminelle, enracinée au sein de la population civile, avec la création d’une véritable ville souterraine où les civils servent de bouclier humain ». Comment le combattre sans tuer un grand nombre de civils ? telle est la question.

Au passage, Walzer regrette : « Il y a un an, une paix aurait été possible (...) avec le soutien de Biden, l’aide de l’Égypte et de l’Arabie saoudite, car le monde arabe sunnite se retournait contre le Hamas (...) Mais Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite n’ont pas voulu de cela », estime-t-il. Quant à la création d'un État palestinien, ce n'est pour lui pas la priorité. « Il faut d'abord mettre fin à la guerre et nourrir les Gazaouis ». D'autant que « le 7 octobre a agi comme un vaccin contre cette idée pour de nombreux Israéliens » (Le Figaro)

 

   En Bref : Le Parisien s'inquiète de « la menace russe aux portes de l'Europe » - Énorme succès de la manifestation anti-immigration à Londres, samedi, qui à l'appel de Tommy Robinson, a réuni entre 110.000 et 150.000 personnes - Inflation, chômage et croissance faible aux États-Unis sont la conséquence de la hausse des droits de douane par Trump - En Espagne, la Vuelta n'a pas pu aller à son terme en raison des violences de manifestants pro-palestiniens qui menaçaient la sécurité des coureurs, parmi lesquels des Israéliens (L'Équipe). Le PM espagnol Pedro Sanchez, qui regrette de ne pas avoir l'arme nucléaire pour s'opposer à Israël, a apporté son soutien aux manifestants, provoquant une tempête politique (El País) - L'assassinat de Charlie Kirk provoque une onde de réactions en Europe. Giorgia Meloni (Italie) et la droite radicale Vox (Espagne) ont lancé : « la violence est à gauche, nous ne nous laisserons pas intimider » (Il Giornale) - Teddy Riner veut se présenter à l'Élysée en 2027 (Le Figaro). On est sauvés - Sœur Bernadette, Sœur Regina, et Sœur Rita, trois religieuses autrichiennes, placées de force en maison de retraite après la fermeture de leur couvent, ont réussi à s'évader. « J'ai été obéissante toute ma vie, mais là c'est trop ! » s'est révoltée sœur Bernadette, qui veut choisir sa façon « d'entrer dans l'éternité ». Les nonnes ont réintégré le couvent abandonné, où il n'y a plus ni eau ni électricité ni de rampe dans l'escalier... (BBC)

Pour commencer la semaine avec légèreté et entrain, on peut compter sur "Tonique & Man".


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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