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GET SUNK, par Stéphanie Mesnier-Angeli


La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli


« La guerre résout parfois les problèmes que la diplomatie ne parvient pas à régler », rappelle l'Opinion.

Hors sol, les Européens ont bien du mal à admettre cette cruelle vérité, mais chacun peut constater que « les discussions sur le nucléaire iranien duraient depuis 2003 »... Soit 22 ans de négociations ! Et elles n'ont pas empêché les Iraniens, « multipliant mensonges, atermoiements et manigances », d'être à deux doigts de posséder la bombe (l'Opinion).

« La haine d'Israël et des juifs est l'aphrodisiaque le plus puissant du monde arabe », aimait à rappeler Hassan II. Particulièrement pour les dirigeants iraniens, qui appellent explicitement à la destruction de l'État hébreu, qualifié de « tumeur cancéreuse ». La République islamique est donc pour Israël une « menace existentielle ». Les Échos soulignent que « l'Iran soutient aussi les organisations les plus terroristes de la planète, notamment le Hamas, le Hezbollah et les Houthis. A l'extérieur, le régime est menaçant. A l'intérieur, il opprime son peuple avec archaïsme. On reste stupéfait que l'extrême gauche, en France, défende cette théocratie brutale».

 

   Pour la grande majorité des médias israéliens, l'opération "L'éveil du lion" est « une guerre de survie, pas de diversion ». Les frappes n'ont rien d'improvisé. Elles ont été longuement préparées par le renseignement militaire et le Mossad. Pour Yediot Aharonot, c'est « une décision à la Ben Gourion » et « il serait bon pour tout le monde que le régime iranien tombe dans les poubelles de l'histoire ».

L'Iran a promis d'intensifier ses représailles, les victimes civiles juives et arabes israéliennes sont déjà nombreuses (13 morts et 350 blessés), mais contrairement à d'autres peuples, « celui d'Israël ne se rue pas en masse sur les aéroports. Il réagit différemment et cherche , à n'importe quel prix, à réintégrer son foyer».

L'Iran était parvenu au « seuil nucléaire », il était temps d'agir, écrit Maariv qui rend hommage à Netanyahou. Mais Haaretz (gauche) estime l'ambition de renverser le régime des mollahs «insensé ». Et il n'y a « aucune garantie » sur son remplaçant. Pire, cela pourrait « renforcer les factions messianistes ».

 

Le Figaro s'inquiète : si l'audace a souri à Netanyahou, « on ne l'a pas entendu décrire les conditions d'une sortie de crise ou les contours du jour d'après ». Les Échos renchérissent et craignent une régionalisation du conflit. Comme La Croix, qui craint « un engrenage sans précédent ».

Rien que le répit procuré par ces bombardements dans la course à la bombe sera une victoire pour Tel-Aviv, écrit le Financial Times« Israël ne construit pas un meilleur lendemain, mais détruit ce qui peut le menacer ». Et les Israéliens encouragent les Iraniens à profiter de l'occasion pour « se soulever ».

 

   « Téhéran a fait l'erreur de ne pas croire à la détermination d'Israël » (La Tribune). Mais en frappant brutalement, Netanyahou a-t-il bien calculé les risques ? Il espère réduire la menace nucléaire, mais aussi entraîner la chute du régime (selon plusieurs médias, certains hauts dirigeants ont fait leurs valises), et au-delà, redessiner le Moyen-Orient. À Gaza, le Hamas est très affaibli.

Le Hezbollah a été décapité au Liban. En Syrie, le régime de Bachar, allié de l'Iran et de la Russie, est tombé. Au Yémen, les Houthis ont pris des coups sévères. Restait l'Iran... Grâce aux frappes contre les sites nucléaires iraniens, « les Occidentaux devraient gagner quelques années de tranquillité », estime Le Parisien, qui rappelle que frapper ces sites est tout un art, car il faut « éviter les fuites radioactives ».

 

   En Iran, le bilan des frappes est déjà lourd (128 morts et 900 blessés). Rien n'est prévu pour protéger les civils, auxquels on conseille de se réfugier dans le métro ou dans les mosquées. Les Iraniens fuient la capitale. « Grâce à une préparation minutieuse et un timing parfait, Israël est sur le point de réussir, estime Die Welt : le régime iranien craint pour sa survie ».

 

   Poutine, allié et client de l'Iran qui le fournit en missiles et drones Shahed pour frapper l'Ukraine, a offert ses services de « médiateur ». Les Russes se réjouissent du conflit israélo-iranien : il détourne l'attention des Occidentaux et va faire monter les prix du pétrole, ce qui profitera à l'économie russe (FT).

Trump, lui, hésite, tout à son obsession d'apparaitre comme un « homme de paix ». Les États-Unis n'ont pas pris part à l'opération, mais la soutiennent. Avec cette limite posée par Trump : ne pas toucher au guide suprême Khamenei (Daily Telegraph). Et cet avertissement : « Toute la force et la puissance » américaine sera mobilisée si les USA sont attaqués « de quelque manière que ce soit » (The Times). Le sénateur républicain Graham pousse à l'action : « S’il faut fournir des bombes, qu’on les fournisse… Peu importe lesquelles. S’il faut voler aux côtés d’Israël, qu’on vole avec Israël ».

La diplomatie de Trump apparait pour ce qu'elle est : creuse. Poutine n'a pas voulu de sa main tendue dans le conflit avec l'Ukraine, l'Iran l'a mené en bateau depuis la reprise des négociations, à Oman. Son impuissance à assumer la régulation pacifique de l'ordre international crée « un chaos global » (WSJ).

 

   Pas de brèves pour ne pas rallonger cette longue chronique, mais un mot sur les débats de ce week-end au PS, qui ne sentent pas la rose. Jérôme Guedj a qualifié à la tribune Mélenchon de «salopard antisémite", lequel réclame des excuses. «Je me languis de croiser (Guedj) à l’Assemblée...», a menacé Delogu.

L'antisémitisme mine la gauche. LFI a refusé de qualifier de « terroriste » l'attaque du Hamas, le 7 octobre, de « terroriste », Jérôme Guedj a été « expulsé d'une manifestation » par des Insoumis, parce que juif, et LFI soutient désormais la République islamique d'Iran. Olivier Faure n'a pas fermé la porte à une alliance avec LFI, contrairement à son rival malheureux, Meyer-Rossignol. Le PS, moribond et sans projet, est plus divisé que jamais (Le Monde, Le Parisien).

 

La musique et la voix de Matt Berninger, le chanteur de The National, qui vient de sortir un disque.


 

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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