La REVUE DE PRESSE de Stéphanie Mesnier-Angeli

Les Russes « renforcent leurs infrastructures, installent des radars, construisent des abris pour avions de chasse » et ont envoyé des soldats à la frontière avec la Finlande. Une « activité militaire intense » observée par les satellites qui inquiète Helsinki, désormais membre de l'OTAN (NY Times).
Donald Trump a des dons de fin psychologue. Il vient d'avertir les dirigeants européens que « Poutine ne veut pas faire la paix, pensant qu'il va gagner la guerre » (Wall Street Journal). Et pourquoi diable Poutine penserait-il autrement, puisque Trump l'a réhabilité sur la scène internationale et qu'il cède à ses exigences ?
Le constat est net, dressé par le NY Times : depuis janvier, Trump a cajolé Poutine, ses désolidarisant des alliés traditionnels de l'Amérique. « Il n'a pris aucune sanction financière, même lorsque Poutine a refusé tout cessez-le-feu. Il a centré la diplomatie sur sa seule personne, privilégiant le contact direct, montrant une obsession pour l'accord économique et commercial comme gage de prospérité, y compris avec la Russie » (NYT). Pour quel résultat ? Cette diplomatie du paillasson ne lui a rien rapporté.
« Plus personne ne peut exclure un retrait des Américains d'Europe », écrit Le Figaro. Et l'ambassadeur US à l'OTAN, Matthew Whitaker, l'a d'ailleurs reconnu : « Pour vous, la Russie est la plus grande menace. Pour nous, c'est la Chine ». Traduit par Trump, cela donne : « La guerre en Ukraine, c'est pas ma guerre ». Et les Européens feraient bien de s'activer, car l'avenir de la sécurité en Europe dépendra de l'issue de la guerre.
« La guerre est la nouvelle normalité en Russie, l'Ukraine n'est qu'une étape », déclare l'historien russe Sergueï Medvedev. « Avec ou sans cessez-le-feu, elle continuera. En Ukraine, puis contre des pays de l'OTAN ». L'Occident a trop longtemps dormi, considérant la fin de l'URSS comme la fin de l'Histoire. Va-t-il falloir apprendre à vivre sur un continent pour longtemps en proie au chaos ? « Pour avoir la paix, il ne suffira pas d'avoir une Russie sans Poutine. Il faudra une post-Russie », conclut Medvedev (Le Figaro).
L'antisémitisme, qui a explosé depuis le 7 octobre 2023, continue de se répandre sur la planète. Les assassinats de Sarah Lynn Milgrim et de Yaron Lischinsky, deux employés de l'ambassade d'Israël qui sortaient du musée juif de Washington, en sont la sinistre confirmation. Les visages des jeunes gens, qui allaient se marier, sont à la Une de nombreux journaux.
Embarqué depuis l'attaque du Hamas dans la plus longue guerre de son histoire, Israël est devenu l'objet de récriminations indignées dues à la situation catastrophique à Gaza. Les mots « génocide », « nazis », « extermination ethnique », employés sans précautions et à tort et à travers produisent leurs effets. Le tueur de Chicago, 30 ans, « communiste radicalisé », membre, selon des médias américains, du Party for Socialism and Liberation. Il a crié « Free Palestine ! » après son forfait. « Autrefois, les terroristes islamistes criaient Allah Akbar, maintenant, ils crient Free Palestine », a relevé l'ex-PM israélien Naftali Bennett. Yaïr Lapid, chef de l'opposition à la Knesset, voit dans la tuerie de Washington « le résultat direct des manifestations que l'on a pu voir à travers le monde avec des appels à l'intifada globale ». Le ministre de la Diaspora, lui, aurait accusé : les gens qui comparent Israël aux nazis sont partenaires de ce qu'il s'est passé » (RFI, i24).
En France, une polémique touche les insoumis. Le député Thomas Portes a publié sur X un « Free Palestine ! » avant de le retirer, et sur RTL, Éric Coquerel n'a pas condamné l'attentat, accusant Israël et réclamant que « le génocide cesse à Gaza ».
L'Afrique du Sud, qui a accusé Israël de « génocide » contre les Palestiniens, se voit à son tour accusée de « génocide contre la minorité blanche » du pays. Cette vieille théorie complotiste portée par l'extrême droite anglo-saxonne a été reprise par Trump dans le Bureau ovale, où était reçu le président Cyril Ramaphosa, en présence d'Elon Musk, né en Afrique du Sud. Devant les caméras, Trump a brandi des « preuves", des photos de pierres tombales. Ramaphosa, qui avait prévu le coup, s'est inspiré de Zelensky pour garder son calme, et avait pris soin de débarquer avec une délégation « très blanche », quelques millionnaires comme Trump les aime, et d'anciens champions de golf. « Je suis désolé, je n'ai pas d'avion à vous offrir », a-t-il finement glissé (Financial Afrik, Le Monde).
À noter que, selon Le Figaro qui a mené l'enquête, Trump n'a pas bonne réputation dans le monde du golf. Il triche régulièrement, agit avec sans-gêne et se voit accusé d'entacher l'image de ce sport (Le Figaro)
En Bref : Le gouvernement va renforcer la sécurité des « lieux symboliques » juifs - Darmanin a une « idée assez simple » pour « arrêter la drogue dans les quartiers » : la fin de l'argent liquide - L'Opéra Bastille à Paris n'a que 35 ans, mais déjà, le parement de pierres agrafées a été intégralement refait (sans grand succès, car il ne tient toujours pas). Et maintenant la scène risque de s’effondrer. Coût estimé des travaux : 400M€ (Le Parisien) - En Europe, et pour la première fois, Tesla est dépassé en nombre de ventes de véhicules électriques par le constructeur chinois BYD - La Mairie de Paris veut 60% de logements sociaux à Paris. Pour y parvenir, l'adjoint Emmanuel Grégoire prévoit de racheter (à bas coût) les logements de classe F ou G que les propriétaires ne peuvent louer et n'arrivent pas à vendre. Simple comme une spoliation sous couverture écologique ! - En Australie, l'automne est cruel. La Nouvelle-Galles du Sud est sous les eaux - En librairie, les œuvres d'Ardisson, Nicolas Bedos et Louis Sarkozy font pschitt. Ceux de Demorand et d'Anouk Grimbert sont des succès - L'Université d'Harvard n'a plus le droit d'accueillir des étudiants étrangers -Le Danemark adopte le départ à la retraite à 70 ans en raison de l'allongement de l'espérance de vie.
Finir la semaine avec le gentleman du swing.

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).
Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).
Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.
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