
« Face au monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement »
Francis Blanche.
L'Opinion voit un « effet Trump » dans différentes élections récentes : au Canada, Mark Carney a «renversé les prédictions » en tenant un discours opposé à celui de Donald Trump. Et ce week-end, en Australie, le PM a été reconduit par un « raz-de-marée travailliste » (Financial Review), ne se privant pas de critiquer vertement Trump lui aussi. Son adversaire conservateur était pourtant favori, avec 10 points d'avance au mois de janvier.
By René Garza
À l'inverse, en Grande-Bretagne, le parti de Nigel Farage, l'artisan du Brexit, vient d'enregistrer dessuccès historiques aux élections locales en reprenant le discours de Trump (The Guardian). « Bien sûr, il serait audacieux de tirer des conclusions péremptoires de ces élections dans 3 trois pays anglo-saxons culturellement proches des États-Unis », écrit l'Opinion, qui tire tout de même quelques leçons : le populisme brouillon de Trump « inquiète » les électeurs, « la droite n'a aucun intérêt à singer les populistes ou à s'allier avec eux », mais elle a intérêt à apporter des réponses sérieuses à la colère des électeurs.
En Roumanie, le 1er tour de l'élection présidentielle, annulée voilà 5 mois pour cause d'ingérences russes, se tenait hier. Faut-il voir un « effet Poutine » dans la victoire de George Simion, chef de l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR) ? Avec plus de 40% des voix, le leader d'extrême droite (comme Marine Le Pen, il n'aime pas qu'on le dise d'extrême droite), affrontera au 2d tour Nicusor Dan, le maire de Bucarest (21% des voix).
L'AUR est un parti récent, né en 2019 et qui a prospéré sur la crise du Covid. Pour dédiaboliser son parti, Simion a écarté avant l'élection les antivax et les complotistes les plus voyants. Porté par un puissant courant de « dégagisme » face aux partis de gauche et de droite corrompus, Simion est décrit comme « national-populiste" ou « nationaliste néo-libéral », « souverainiste, antiparlementariste, anti-européen », mais surtout « opportuniste, amoureux de l'argent, assoiffé de pouvoir ». Il est « agressif et provocateur », fan de Donald Trump et raffole des réseaux sociaux. Il est opposé au soutien à l'Ukraine, au nom de la paix, car Simion se dit « pacifiste », comme Poutine (Le Figaro). La Roumanie est membre de l'Otan et frontalière de l'Ukraine.
Jusqu'à présent, elle a assuré les livraisons d'armes avec efficacité.
Les Roumains ignorent-ils que Poutine lorgne les terres roumanophones de la Moldavie ? N'ont-ils pas assez souffert de l'emprise soviétique et des Ceaușescu ?
François Bayrou a eu une idée : soumettre à référendum un projet de redressement des finances publiques, afin de s'assurer du soutien de l'opinion (JDD). En outre, cela lui permettrait de contourner l'Assemblée sur laquelle il n’a aucun contrôle, et où son gouvernement risque d'être censuré à l’automne. Mais, car il y a un mais, seul le Président peut décider de cette procédure.
En clair, Bayrou propose, Macron dispose.
Pour l'heure, l'idée d'un tel référendum est accueillie mollement par la classe politique. Pour les Insoumis, c'est « techniquement saugrenu », et pour les LR : «Pas besoin de référendum pour savoir que les Français en ont assez des augmentations d'impôts » (Laurent Wauquiez sur France 3).
Wauquiez aussi, a eu une idée. Après avoir annoncé qu’il voulait envoyer les « étrangers dangereux sous OQTF » se cailler les miches à Saint-Pierre-et-Miquelon, il propose la création d’une commission d’enquête parlementaire « sur les liens entre La France insoumise et les réseaux islamistes ». Il faut « établir un cordon sanitaire », autour de LFI, « cheval de Troie de l’islamisme ». Réaction de Bompard, pour LFI : « Wauquiez est à la dérive (...) Va-t-il interdire le couscous en France ? » (LCI). Il n'y a pas à dire, ça vole haut.
Après 3 ans de croissance sous Biden, l’économie américaine souffre (comme tout le monde) de l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. De +2,4% au dernier trimestre 2024, elle s'est ratatinée à -0,3% au 1er trimestre 2025. La confiance des consommateurs est au même niveau qu’au pire de la crise du Covid. Quant au déficit commercial, il est à son plus haut. Soit un trou de -162Mds$. Good job, Donald !
En Bref : Emmanuel Macron lance « Choose Europe For Science » et ambitionne de prendre « le leadership mondial de l'innovation scientifique » (La Croix) - Bayrou lance son plan « Ambition France Transports » et veut débattre du financement des routes (Libé) - Après le tir d'un missile par les Houthis du Yémen sur l'aéroport Ben Gourion, Lufthansa, Air France et 10 autres compagnies suspendent leurs vols vers Israël - Selon l'Ademe, se faire livrer à domicile par Amazon est plus écolo que d'aller faire du shopping - Les femmes de plus de 50 ans sont particulièrement fascinées par la maigreur. Sur les tapis rouges, Demi Moore, Nicole Kidman et autres Angelina Jolie sont des squelettes ambulants. Danger pour la santé, souligne Le Figaro - L'hôtel Westin Paris Vendôme, racheté par l'émir de Dubaï ferme pour des travaux estimés à 1Mds € (Le Parisien) - Trump a publié une photo de lui en pape, ce que l'Église catholique, en deuil de François, juge de « mauvais goût » - Poutine craint que les Ukrainiens ne gâchent son défilé du 9 mai avec leurs drones diaboliques. Xi Jinping sera là ainsi que le président Lula ainsi que Maduro. Belle brochette, en effet.
Est-il possible que, ce week-end, vous ayez échappé à ça ?
https://www.youtube.com/watch?v=dR4XsdaUtSQ
L’ensemble A Nocte Temporis, Reinoud Van Mechelen (ténor et direction) présente des airs pour ténor de Mozart. Un album formidable.

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).
Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).
Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.
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