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LES 100 PREMIERS JOURS, Par Stéphanie Mesnier-Angeli

 

     Donald Trump s'apprête à fêter les 100 premiers jours de son second mandat. Les sondages catastrophiques s'accumulent.

De 54% en janvier, sa cote de popularité est passée sous les 40%, soit le niveau le plus bas pour un président américain après cent jours de pouvoir. Ses partisans s'interrogent : Trump fait pourtant ce qu'il avait clairement annoncé, alors pourquoi ses électeurs l'abandonnent-ils, trois mois plus tard ? Hyperactif, il a déjà signé 140 décrets présidentiels, soit autant que Joe Biden en quatre ans...

Peut-être parce que la "win" n'est pas au rendez-vous, explique l'Opinion. Pas de paix en Ukraine, une politique tarifaire catastrophique, des coupes budgétaires faites n'importe comment... Trump se lamente et ne comprend pas. En février, il confiait à Netanyahou : « Ils ne me donneront jamais le Nobel de la Paix. C'est dommage, je le mérite ». Et ce week-end, lors des obsèques du pape (où on l'a beaucoup vu somnoler sur sa chaise), après avoir rencontré Zelensky, il s'est publiquement interrogé : « Peut-être que Poutine ne veut pas arrêter la guerre, qu'il ne fait que me manipuler. Peut-être qu'il faut le traiter différemment...» Cet éclair de lucidité durera-t-il ?

Sur le terrain, privés de tout soutien américain depuis l'élection de Trump, les Ukrainiens sont à la peine. Et avec l'aide active des Nord-Coréens, Poutine est enfin parvenu à reprendre la poche de Koursk, qu'occupaient les Ukrainiens depuis août 24. « L'aventure du régime de Kiev a totalement échoué », s'est réjoui le maître du Kremlin à la télévision. Selon différents experts, Poutine préparerait désormais une « nouvelle offensive d'ampleur sur le sol ukrainien". Il a d'ailleurs lancé : « Nous allons les achever » (La Dépêche).

 

   Son peu brillant début de mandat n'empêche pas Trump d'envisager déjà un 3e mandat. « Je préfère ne pas en parler », a-t-il déclaré avec des pudeurs de gazelle dans une interview à Time magazine. Mais son site officiel propose des casquettes rouges et des t-shirts "Trump 2028". Son nouveau slogan ? « Réécrire les règles » (Les Échos).

Mais la réécriture des règles est déjà à l'œuvre, et le changement de régime s'est illustré dans une folle séquence : l'arrestation, samedi, dans "son" tribunal, d'une juge élue du Winsconsin, Hannah Dugan, accusée d'avoir protégé un immigrant sans-papier. Le message de Trump est clair : voilà ce qui vous arrivera si vous contestez mon autorité (NBC News).

Faire plier les contre-pouvoirs. Le Figaro consacre une pleine page à « la mutation forcée du Washington Post et du Los Angeles Times sous l'ère Trump ». Édifiant.

 

   «Vive émotion après le meurtre d'un musulman dans une mosquée du Gard » (Le Figaro). Aboubakar Cissé, un Malien de 24 ans, a été tué à coups de couteau, dans « un acte de violence inouï » (procureur). L'assassin est né à Lyon en 2004, d'origine bosniaque et issu de la communauté des gens du voyage (BFM et Midi Libre), sans emploi, il ambitionnait de « tuer plusieurs personnes pour être qualifié de tueur en série ».

Les Insoumis ont promptement récupéré l'affaire, criant à l'islamophobie (piste privilégiée) et organisant une manif place de la République, dont le député socialiste Jérôme Guedj s'est fait expulser aux cris de « Sioniste, dégage» et autres fraternelles joyeusetés. Ritchy Thibault, l'attaché parlementaire d'Ersilia Soudais (LFI), a appelé à la formation de « brigades d'autodéfense » : « On ne peut pas compter sur les institutions. La police, la justice véhiculent l'islamophobie et le racisme (...) CNews, Monsieur Bolloré et l'extrême droite ont du sang sur les mains ». Au début d'avril, Ritchy Thibault s'était déjà fait remarquer en appelant à « déborder le dispositif » des forces de l'ordre lors du rassemblement du 1er-mai. Et avant cela, en octobre, le même appelait à l'intifada dans les rues de Paris. Autant d'appels à l'insurrection qui lui valent une saisine de la justice par Bruno Retailleau (Le Monde).

 

   Éric Lombard, le ministre de l'Économie, a totalement vrillé. En pleine guerre commerciale avec les Américains, il s'est rendu la semaine dernière à Washington, porteur d'un « message d'amitié ». Il a plaidé pour un « nouveau partenariat » États-Unis-Europe et un « véritable accord de libre-échange ». Or ce n'est ni la position de Bruxelles ni celle de Macron. À son retour, Lombard a donc sorti ses rames, bredouillant qu'il aurait dû « être plus précis », blablabla... Voilà qui ne va pas arranger ses rapports avec Macron, qui « l'a dans le pif » (Politico).

 

   En Bref : L'Argentine va connaître la croissance la plus forte d'Amérique du Sud - Gare aux IPP, ces médicaments anti-acidité. Sur le long terme, ils favoriseraient le cancer de l'estomac (Prescrire) - Gare aussi aux « relations karmiques » qui sont des « montagnes émotionnelles", avertit Vogue. Késako ? « On croit que c'est de l'amour, mais c'en n'est pas". Mais encore ? « Chaque relation est karmique à son niveau »... Même la politique de Trump est plus simple - Avec son costume bleu, Trump a enfreint le "dress code" imposé par le Vatican. Mais Melania a marqué des points en portant une mantille - Instant humour avec Arielle Dombasle dans Madame Figaro« Je me suis toujours rangée du côté des humbles dans la vie » - Acheter une cave est « un investissement malin au rendement intéressant » (BFM) - L'auteur de best-sellers, Alexandra Fröhlich, a été retrouvée assassinée dans sa péniche, à Hambourg. Elle a notamment écrit Ma belle-mère russe et autres catastrophes - Dans l'affaire des prisons attaquées, des interpellations sont en cours.

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Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. 

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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