
Dans quelques jours, les droits de douane imposés sur les 2/3 des importations américaines vont bondir de 3% à 23%.
Un sacré coup de bambou. « Si vous ripostez, il y aura escalade ! », a tonné Scott Bessent, Secrétaire US au Trésor.
Mais comment Trump a-t-il calculé les tarifs appliqués à chaque pays ? Pourquoi le Vietnam, que Washington aurait intérêt à cultiver pour le détacher de la Chine a-t-il été frappé de l'un des taux les plus élevés ? D'où sort ce +24% pour le Japon ? Et pourquoi taxer une île peuplée uniquement de manchots ?...
Trump a tout simplement confié sa copie à Chat-GPT. Avec cette question : « How to impose tariffs easily ? » (Comment imposer facilement des tarifs douaniers). La réponse est la même, quelle que soit l'IA choisie : vous divisez le déficit des États-Unis avec un pays/zone par les importations américaines en provenance de ce pays/zone (M).
Exemple : en 2024, le déficit des USA vis-à-vis de l’UE est de 235Mds€ (D), alors que le montant des importations est de 600Mds€ (M). Et 235/600 = 0,39. Soit 39% que Trump, dans sa grande bonté, divise alors par 2 (parce qu’il est « gentil »). Résultat : 20%, le tarif désormais appliqué aux imports venus d’Europe (Market Watch).
C'est la 1re grande intrusion de l'IA dans la géopolitique.
En déclenchant sa « guerre économique mondiale », Trump montre sa vision d'un « nouvel ordre mondial » et son hostilité envers ses alliés traditionnels. Parmi les pays exemptés de droits de douane, on trouve la Russie, la Biélorussie et les pays qui ont en commun d'avoir voté contre la résolution de l'ONU qui condamnait l'invasion de l'Ukraine par Poutine.
Pour justifier ses hausses tarifaires massives, Trump accuse ses partenaires, en particulier l'Europe, d’avoir « arnaqué », « violé » et « dévasté » l'Amérique.
Au côté de Trump lorsque celui-ci a apposé son paraphe, un moustachu en gilet jaune fluo et casquette. Brian Pannebecker, président du groupe « Ouvriers automobiles pour Trump », s'est écrié avec des trémolos : « Les politiques de Donald Trump vont ramener les productions dans nos usines. Nous soutenons à 100% la hausse des droits de douane, nous ne vous remercierons jamais assez, Monsieur le Président ».
Ça vous fait sourire ? Auprès de l'électorat, ce discours fonctionne très bien : 30% des électeurs républicains pensent désormais que l’UE est une puissance « inamicale », voire « ennemie ». Soit 2 fois plus que sous Biden. Idem pour le Canada, perçu comme « hostile ». Parallèlement, l'image de la Russie s'est grandement améliorée (YouGouv/The Economist)
Après les annonces de Trump, la panique a gagné les Bourses. Celle de New York a lourdement chuté, les investisseurs se disent inquiets. Les prévisions de croissance, partout, sont revues à la baisse. Les dégâts s’annoncent massifs : aux États-Unis, l’inflation va doubler d’ici à la fin de l’année (USB), l'économie va ralentir, la récession est « quasi garantie pour le début 2026 » (Wall Street Journal). Les nations les plus pauvres risquent l'effondrement, rien de moins. La Nouvelle-Zélande, par exemple, petite économie ouverte au PIB inférieur à celui du Mississippi, l'État le plus pauvre des États-Unis. « C'est un désastre », écrit le Sidney Morning Herald qui titre à la Une "The Mad House".
Et comment a réagi l'Europe ? Elle se tâte... Mal préparée, divisée, elle se demande s'il faut « négocier ou riposter »(l'Opinion).
La politique commerciale relève de la Commission, qui compte répondre en 2 temps : 1)Le 15 avril, en riposte aux droits de douane sur l'acier et l'aluminium, l'UE taxera une série de produits américains. Les mêmes qu'en 2018 lors d'une 1re offensive de Trump. Une liste dépassée, car jamais actualisée. Le bourbon américain sera épargné, car Trump menace de taxer en retour les vins et spiritueux de 200%. 2)Pour le reste, on réfléchit et on verra en mai.
La joie des réseaux sociaux : sur Instagram, de fausses influenceuses trisomiques ou amputées, créées par l'IA, séduisaient des fétichistes pour leur extorquer de l'argent (Le Parisien). Et sur TikTok, un défi qui incitait les garçons à exhiber leurs parties intimes a cartonné, avant d'être « semble-t-il » retiré (Le Figaro)
Manipuler les gens est-il si facile ? TikTok a reconnu qu'en Roumanie, 27.000 faux comptes ont soutenu Calin Georgescu, le candidat pro-russe, durant sa campagne (Politico).
Fabrice Balanche, géographe et maître de conférence à Lyon II, a été pris à partie et chassé de son amphi en plein cours par des pro-palestiniens. Traité de « sale sioniste » et d'« islamophobe », il s'était opposé à la tenue d'une soirée de rupture de jeûne du Ramadan à l'université et à l'ouverture d'une salle de prière.
En Bref : JD Vance critique la condamnation de Marine Le Pen, frappée d'une peine d'inéligibilité pour avoir détourné 4M€ : « Ce n'est pas ça la démocratie ». Et Trump lance le Hashtag #FreeLePen - Les risettes de Meloni à Trump et Musk n'ont servi à rien, l'Italie est taxée comme les autres - Dans Le Point : 61% des Français approuvent la condamnation de Le Pen - Trump ne se rendra pas dans le Delaware pour rendre hommage aux 4 soldats américains tués lors d'une mission d'entrainement en Lituanie. Il participe à un tournoi de golf - Marco Rubio exige que les Européens dépensent 5% de leur PIB pour leur défense. Les USA, eux, n'iront pas au-delà de 3,5% - Bayrou se prononce contre le port du voile dans les compétitions sportives, mais « pas dans le sport » - Avant son décès, Metthew Perry aurait reçu 27 injections de Kétamine (Le Figaro) - Nanni Moretti est en soins intensifs après une crise cardiaque - Mort à 83 ans du chef d'orchestre John Nelson, grand spécialiste de Berlioz
Pour une poignée de dollars, que ne ferait-on pas ?
Coup de chapeau en passant à la performance d'Italo Vegliante

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. En procès actuellement aux prud'hommes avec la direction du Canard enchaîné qui lui refuse le droit de signer.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).
Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).
Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.
Écrire commentaire