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LONDON CALLING, Par Stéphanie Mesnier-Angeli

     Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a salué hier le changement de politique des États-Unis, qui "coïncide largement" avec la vision russe. Avec ce début d'alliance impériale, un nouveau monde s'ouvre.

 

   London calling ! Après le traquenard dont a été victime Zelensky dans le bureau ovale, vendredi, réunion d'urgence, hier, à Londres, avant le Conseil européen extraordinaire, jeudi, à Bruxelles. Le menu ne varie guère : "Comment sauver l'Ukraine ?" (Tribune du dimanche). Quelle défense européenne, sans le parrain américain ? Mais :

1)Les Européens ne semblent pas avoir encore compris que, face à Poutine, ils étaient seuls. Ils s'efforcent de sauver ce qui peut l'être de l'alliance avec les États-Unis.

"Je veux faire comprendre aux Américains que le désengagement de l’Ukraine n’est pas dans leur intérêt", a affirmé Macron, qui n’a "aucun doute" sur le fait que "la destinée manifeste des Américains est d’être du côté des Ukrainiens". Que les USA basculent du côté de la Russie est pour Macron "inimaginable" et il n'exclut pas de "reparler à Poutine".

"Courir après Trump risque de n'apporter, au mieux, qu'une réponse bancale et provisoire à une crise profonde. Quand les masques sont tombés, inutile de les remettre", estime Le Figaro pour qui Trump a "changé de camp" et commis une "trahison".

2)Le sommet a donné lieu à de grandes déclarations volontaristes. Mais "quelles décisions concrètes ? Produisant quels effets ? À quelles échéances ? En la matière, un optimisme débridé n'est pas la solution la plus raisonnable", estime l'Opinion. Et les 27 ne peuvent s'en prendre qu'à eux, ils se sont laissé vivre et n'ont "rien anticipé".

3)En effet, souligne Le Point. "Aucun pays européen n'est en mode économie de guerre. Aucun contrat d'achat d'avions F35 américains n'a été dénoncé".

 

   Le président ukrainien est le 1er chef d'État à être officiellement invité à Sandringham, le domaine très privé de la famille royale d'Angleterre. Charles III l'a accueilli chaleureusement, multipliant les gestes d'amitié. "The King's show of solidarity", titre le Daily Mail. De quoi rendre Trump orange sanguin.

 

   Fidèle à sa ligne pro-russe, Marine Le Pen a réduit le clash à la Maison-Blanche à des "frictions" : "C'est assez normal" (BFM). Elle ne croit pas que Poutine soit mal intentionné. La Russie ne constitue pas une menace, l'Ukraine déjà perdu, et Macron nous mène vers une troisième guerre mondiale.

Quant à l'idée d'une européanisation de la dissuasion nucléaire franco-britannique : "On ne doit pas la partager, c'est un élément de notre souveraineté", s'est-elle offusquée, trahissant son ignorance de la question (il ne s'agit pas du tout d'abandonner notre souveraineté). Dans Le Figaro, Macron sort la sulfateuse : "Ces sujets ne souffrent pas d’amateurisme. Mme Le Pen n’est pas sérieuse. Sinon, elle ou M. Bardella seraient venus à la réunion que j’ai faite la semaine dernière. Mais l’un était à Washington pour découvrir que M. Steve Bannon faisait des saluts nazis. Quant à Mme Le Pen, je comprends qu’elle était en vacances…"

 

   Pour régler le différend qui oppose la France à l'Algérie, Retailleau propose d'y aller par étapes et d'établir un rapport de forces. Exemples de mesures : "l’établissement d’une liste de persona non grata à expulser du territoire français", "une suspension de l’activité des compagnies aériennes et maritimes algériennes", "l’ouverture d’un contentieux international sur la violation, par l’Algérie, de ses engagements", ou "la dénonciation des accords de 1968" (Le Figaro). Mais Macron s'oppose à ce dernier point (Le Parisien).

 

   Afin de "libérer l'énergie américaine", Trump vient de mettre fin à l'interdiction faite aux opérateurs de navires de limiter leur vitesse à 10 nœuds (18,52 km/h) dans les eaux occupées par les baleines de Rice et de ne pas s'en approcher. Ces baleines sont parmi les plus rares et les plus fragiles au monde, il en reste moins d'une centaine. Selon les associations de défense des animaux, la décision de Trump pourrait "précipiter leur disparition" (Slate).

https://www.slate.fr/.../donald-trump-menace-baleines...

 

   En Bref : Meloni chute dans les sondages. En cause, selon les analystes, sa proximité avec Trump et Musk - Débat cet après-midi à l'Assemblée sur l'Ukraine - Au Salon de l'agriculture, François Hollande a battu un record : 6 huîtres en 2 minutes - Je n'ai pas regardé la remise des César, mais si j'en crois ce que j'ai lu, elle fut sans surprises. Quant à la cérémonie des Oscars, Audiard est reparti déçu. "Anora", le film de Sean Baker, a triomphé : meilleur film, meilleure actrice (Mickey Madison), meilleur acteur (Adrian Brody) - Aurore Bergé veut fermer les salons de massage parisiens qui abritent de la prostitution - À Dijon, la médiathèque Champollion, située dans un quartier populaire, a été incendiée deux fois en deux semaines - Disparition de Jean-Claude Lamy, journaliste et écrivain, à 83 ans. Il était l'un des rares à connaitre le véritable nom de Rouletabille - Disparition d'Herbert Leonard, à 80 ans, interprète de cet inoubliable tube, mais aussi, grand spécialiste de l'aéronautique soviétique (eh oui).


 

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. En procès actuellement avec la direction du Canard enchaîné qui lui refuse le droit de signer.

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

 

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