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PLAN SOCIAL CHEZ BACK MARKET, par François-Michel Lambert, conseiller en stratégie écologique


 

Back Market licencie 13% de ses effectifs ce qui révèle que cette entreprise qui vend des millions de smartphones et ordinateurs, valorisée plus de 5 milliards d’euros, emploie à peine plus de 700 salariés dans le monde. Pourquoi ? Back Market n’est qu’une plateforme internet qui sous-traite la quasi-totalité de l’activité physique de son offre produits : le sourcing des produits à reprendre, le reconditionnement, une partie de la distribution, le SAV.

Positionné comme intermédiaire dans un marché où le produit doit garder un prix bas (le prix de la seconde main doit se décaler nettement du prix neuf), les marges sont étriquées. Concurrencé d’un coté sur le sourcing (approvisionnement) coûteux en produits reconditionnés face à d’autres offreurs de seconde main, locaux ou nationaux, Back Market est de l’autre côté sous la pression du prix du neuf un marché qu’il ne maîtrise pas. D’autres surcoûts se rajoutent (notoriété pour établir nouveau canal de vente, surcout relatif de la garantie, fidélisation, …).

 

La question se pose de son avenir. Même à 5 milliards de valorisation.

Une seule voie : devenir le canal de distribution qui intègre ensemble produits neufs et reconditionnés, sur la même plateforme. Pour que l’acte d’achat ne soit plus un arbitrage entre « produit neuf » et « produit reconditionné », pour qu’il se fasse sur le prix et les caractéristiques de chaque produit. Demain on achètera son Smartphone au prix que l’on souhaite avec les caractéristiques attendues, peu importe de savoir s’il est neuf ou reconditionné, on voudra du prix, du fonctionnel et de la garantie.

 

Back Market pourra-t-il muter n’étant pas constructeur ni un canal de distribution historique ? J’en doute.

Au mieux Back Market sera racheté par Apple ou Samsung comme un vulgaire canal de distribution. Avant de disparaître dans l’offre globale d’Apple ou Samsung, offre globale qui intégrera indifféremment neuf et 2eme main.

Ce n’est pas nouveau, la FNAC le fait très bien sur les livres. Entre autres.

 

Conclusion : le point sensible de toute modèle d’économie circulaire est la maîtrise du sourcing.

Et le coeur du réacteur d’une économie circulaire c’est la chaîne de valeur maîtrisée, qui se fera par la révolution de la supplychain, la chaîne logistique circulaire afin de "garder la main" sur le produit (voire la matière) où qu’il soit et à n’importe quel moment de son utilisation. Pour toujours créer plus de valeurs avec moins de ressources. Il faut fusionner les mondes linéaires et circulaires. Tout est à construire.

 

Voir : " Le champion de l'électronique reconditionné Back Market se sépare de 13% de ses effectifs ", latribune.fr : https://lnkd.in/eje3uYD4


François Michel Lambert, membre du conseil du PRé, est président de SOROA, conseil en stratégie écologique.   Ancien député (2012-2022), fondateur de l'Institut National de l'Economie Circulaire (INEC) en 2013, expert en management logistique, il entre en politique en 1992 en adhérant à Génération écologie, aux côtés de Brice Lalonde, fut député écologiste (EELV, puis SER) de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône, sous la 14e législature (2012-2017) puis sous la 15e législature (2017-2022) (LaREM, puis Libertés et Territoires). Membre de la Commission Développement Durable et Aménagement du Territoire, président du Groupe d'étude "économie collaborative", il a également présidé le Groupe d'Amitié France-Cuba (où il est né).

Auteur du rapport "Stop aux pollutions plastiques. 49 solutions pour agir"; président de la commission nationale logistique : présentation de la stratégie nationale "France Logistique 2025 "; en 2016, rapporteur de la mission "biomasse " (60 % des énergies renouvelables en 2020), rapport rendu en juin 2013. Il est à l'origine de la création du Club des parlementaires pour l'économie circulaire. Lauréat en 2013 de la Marianne d'or du développement durable pour son action.

Dernier livre paru : Cannabis Ecce Homo (Sydney Laurent Editions, mai 2022).

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