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La lutte contre la #désinformation en Europe

 

  Comment résister aux assauts de la post-vérité, des fakes news, du mélange insidueux de la réalité et de la fiction ?

Le Comité économique et social européen s'est penché sur la question et a rendu un avis le 9 décembre 2021 sur la lutte contre la #désinformation en Europe qui vient de paraître mercredi 6 avril au @EURLex .

Cet avis portant sur les « Orientations de la Commission européenne visant à renforcer le code européen de bonnes pratiques contre la désinformation » a été rapporté par notre ami Thierry Libaert*, expert en communication des Organisations. Il a été voté à l'unanimité du @EU_EESC.

Il relève dans ses conclusions que "La désinformation est une menace pour nos démocraties et pour l’Union européenne. Mais l’accroissement de la désinformation n’est pas seulement une conséquence de la puissance des réseaux sociaux, c’est également un symptôme de défiance envers les paroles officielles. Le CESE recommande de multiplier les occasions d’échanges et de dialogues entre toutes les parties prenantes pour mieux comprendre les racines profondes de la désinformation et mieux la combattre."

 

Cet avis met l'accent sur la nécessité désormais moins de vouloir réduire les conséquences que de s'attaquer directement aux sources.

Il ne s’agit pas seulement de réduire la propagation de la désinformation, il faut d’abord prioritairement l’empêcher d’émerger.

 

 

Il renforce la stratégie de l'Union sur la question et devrait permettre de nouvelles initiatives depuis que le Parlement européen s'est particulièrement engagé depuis 2019 contre la désinformation et les actions de propagande toxique. La crise de la Covid en 2020 en a précipité l'urgence qui s’est accompagnée d’une forte vague d’informations fausses ou trompeuses, avec notamment des tentatives de la part d’acteurs étrangers d’influencer les citoyens et les débats dans l’UE. Et aujourd'hui, la guerre en Ukraine.

 

La désinformation s’est démultipliée, a « explosé » avec la généralisation des réseaux sociaux, mais on ne peut méconnaître qu’elle se nourrit de la défiance envers les institutions et les discours officiels.

 

La désinformation a aussi des racines économiques. La lanceuse d’alerte américaine Frances Haugen, ancienne employée de Facebook, a ainsi révélé en septembre 2021 que loin de lutter contre le phénomène, l’entreprise l’avait intégré à son modèle d’affaires. Une information fausse circule six fois plus vite qu’une information vraie, elle est davantage « likée », partagée, c’est un fait qu’elle crée davantage d’activité et retient davantage l’attention : elle génère plus de visiteurs, plus d’intérêt donc, et plus de ... recettes publicitaires.

 

Thierry Libaert explique : " il convient d’arrêter de se focaliser sur le combat contre les conséquences pour s’attaquer directement aux personnes et organisations à l’origine de la désinformation. Il ne s’agit pas seulement de réduire la propagation de la désinformation, il faut d’abord prioritairement l’empêcher d’émerger.

 

La désinformation est multiple, elle ne peut n’être qu’une question de crédulité anecdotique, elle peut aussi obéir à des intérêts géostratégiques de déstabilisation de puissances extra-européennes. Si les caractéristiques sont différentes, les méthodes de contrôle sont semblables et il est nécessaire de décloisonner les organes en charge de ces dispositifs pour qu’ils collaborent davantage ensemble.

 

Ensuite, il a été démontré que la grande majorité des systèmes de vérification et de modération des informations s’effectuaient en langue anglaise. Or, l’Union européenne est composée de 24 langues et certains pays, notamment ceux situés à l’Est, sont particulièrement vulnérables. Un réajustement s’avère indispensable.

 

De même, s’il est évident que les grandes plateformes (Facebook, Twitter, YouTube,…) sont particulièrement considérées, les fake news émergent souvent de plateformes moins connues auxquelles il s’agit de prêter davantage d’attention, surtout pour empêcher les fausses informations de se répandre ensuite. "

 

Comment empêcher la monétisation de la désinformation ? 

- " Il a été évalué que chaque année 400 millions d’euros étaient gaspillés en flux publicitaires sur des sites de désinformation. Couper l’intérêt financier de la désinformation par un meilleur contrôle des flux publicitaires devrait fortement réduire l’intérêt de désinformer. "

 

La désinformation se réduit-elle aux réseaux sociaux ?

- " Les médias traditionnels ont aussi une responsabilité majeure. Les politiques d’invitation systématique de pseudo experts sur les chaînes de télévision, notamment sur les chaînes d’information en continu, pour donner une apparente scientificité aux sujets traités, n’aident pas à lutter efficacement contre la désinformation."

 

Pour comprendre et combattre la désinformation, un Observatoire européen des médias numériques (EDMO) a été fondé, financé par l’UE : il a débuté ses activités le 2 juin 2020. Dirigé par l’Institut universitaire européen de Florence (Italie), l’observatoire soutient la mise sur pied et le travail d’une communauté pluridisciplinaire composée de vérificateurs de faits, de chercheurs universitaires et d’autres parties prenantes possédant une expertise dans le domaine de la désinformation en ligne.

 

est rapporteur de l’avis sur les Orientations de la Commission européenne visant à renforcer le code européen de bonnes pratiques contre la désinformation

*Thierry Libaert préside le conseil scientifique du PRé

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