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APPEL A UN TRAVAIL COOPERATIF, par Dominique Lévèque

Après le « raté » connu par la Tribune de Nicolas Hulot ( « Le temps est venu » publiée le 6 mai dernier) érigeant 100 principes et cinq propositions, sans doute principalement à cause d’une question de tempo et de son registre largement incantatoire le rendant inaudible par temps de codid-19 et post-confinement incertain, alors que la question d’un projet politique alternatif conjuguant social et écologie n’a jamais été aussi prégnante et de l’ordre des possibles, nous souhaitons mettre en forme et approfondir la production du PRé sur ce projet de société que nous nous évertuons à valoriser depuis 2010 : la « social-écologie ». Avec une charpente idéologique claire, accessible, et des propositions concrètes hiérarchisées qui ne relèvent pas uniquement d’un inventaire à la Prévert, mais révèlent notre désir de repenser notre rapport aux sciences, à la démocratie, la vie quotidienne, à l'égalité des sexes, aux valeurs, aux arts, à la philosophie, à la vérité. Comme à nos idées, nos critères moraux, esthétiques ou politiques qui ne constituent, à l'évidence pas, des données éternelles.

 

 

Notre démarche depuis 2010 se veut pragmatiste, car tout est continûment "in the making", en train de se faire. Notre (folle) ambition est d’espérer en finir avec tous les ensembles clos, de défiger l'homme, la nature, la science, la société hors les sphères étanches et fermées sur elles-mêmes dans lesquelles elles sont trop souvent, pour concevoir leurs relations dans ce qu'elles ont de mobile et d'évolutif.

 

Le défi pourrait sembler évident à relever tant la première étape, celle de la bataille culturelle sur l’idée même d’écologie, les enjeux de la transition énergétique & écologique, ont été intégrés par la population dans sa grande majorité. Sauf que l’on voit bien combien la chose est à la fois plus compliquée et complexe qu’il n’y a parait. Sa traduction, sa mise en musique ne va pas de soi. Il suffit de voir combien, chaque fois ou quasiment chaque fois que l’on aborde une question écologique, on tombe très souvent sur une controverse (Eoliennes, aéronautique, voitures électriques, à hydrogène, nucléaire, transition énergétique, « sixième extinction », biodiversité, anthropocène, décroissance, progrès, pesticides, jardineries sous serre, Bio, locavore, etc.). Sans compter que « l’écologie politique » reste impuissante à l’échelle nationale. Et que les formations existantes traditionnelles peinent à l’exprimer, à se l'approprier réellement et à la pratiquer en actes.

 

L’écologie est devenue - par la force des choses -  la nouvelle matrice politique à gauches, et sans doute aussi pour une plus petite part, à droite, sauf que pour l’instant rien n’émerge vraiment en termes de projet politique cohérent.

 

La greffe en botanique comme en politique reste un art difficile (sic !)

 

Comment, instruits par le corona virus, pourrions-nous procéder à un travail de propagation latérale, de globalisation en quelque sorte ? Comment aider l’Etat à apprendre de la situation dans un contexte où les corps intermédiaires que sont les partis politiques, toujours touchés par un procès en légitimité, ne sont pas en état pour l’instant de vitaminer la vie de la Cité ? Surtout lorsque l’on sait que l’Etat n’est pas naturellement réceptif à un changement de paradigme de cet ordre !

Sachant par ailleurs que le temps n’est pas vraiment devant nous.

Dans un contexte où les syndicats eux-mêmes connaissent également une crise de confiance qui fait qu’ils n’interagissent guère et qui rend difficile le colletage, la sélection, la valorisation de la parole des travailleurs, salariés et non-salariés.

 

Comme le suggérait déjà très justement le sociologue et philosophe Bruno Latour à propos de la « grande consultation citoyenne » voulue par le Président Macron en décembre 2018, la méthode des Cahiers de doléances, peut être un moyen, un processus d’autodescription qui permette d’aller au-delà de la plainte avec la possibilité pour chaque individu d’exprimer ses pertinences sur les enjeux du moment tout en présentant l’opportunité pour l’Etat d’apprendre à écouter vraiment pour se mettre au diapason.

 

Un mouvement horizontal d’introspection est une étape sans doute indispensable dont on peut considérer qu’elle a été entamée pendant la période de confinement général. Reste la phase d’échanges, d’expression des besoins et des désirs citoyens dont il serait heureux qu’elle puisse partir de la description de nos vécus. Ensuite se posera la question de comment faire pour agréger les réponses, sans doute aussi dans un deuxième temps les désagréger pour faire apparaître les bonnes réponses.

 

Encore que se posera inévitablement la question de l’échelle. Quelle serait la bonne échelle ?

La commune ? Le territoire ? Le maillage associatif ?

Le PRé peut être utile dans cette phase.

 

Dans cette perspective, nous aimerions intéresser les membres et les sympathisants du PRé à prendre leur part du travail coopératif en les invitant à rejoindre l’actuel groupe de réflexions sur le sujet. Pour essayer d’interpenser au mieux et au plus large.

Belle journée !

 

 

Contact : dominique-leveque@pourunerepubliqueecologique.org

 

 

 

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