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LAICITE : AUJOURD’HUI, C’ETAIT L’ANNIVERSAIRE DE LA LOI de 1905, par Dominique Lévèque

 

Il y a 114 ans, le 9 décembre 1905, le Président de la République Émile Loubet promulguait l’une des lois les plus importantes jamais votées par le Parlement depuis la première Déclaration des Droits de l’homme, la loi de Séparation des Églises et de l’Etat. Instituant par là-même le cadre de notre vie commune.

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on en a pas beaucoup parlé. Ni au sommet de l’Etat, ni au niveau des partis politiques, pas davantage au niveau des réseaux dits sociaux qui sont pourtant prompts à charrier beaucoup d’inepties. Perso, je n’ai rien vu, ni entendu. Il y a bien sûr l’actualité sociale qui gomme tout. Mais je ne suis pas certain que même sans cela, on l’eût davantage évoquée. Je goûte généralement peu les commémorations, surtout lorsque l’on en abuse, mais là, c’est vraiment nada, sauf en province où des initiatives ont pu être prise ici ou là. Vous me direz, on n’a pas plus entendu parler de commémoration de la révolution de 89…

Je n’ai pas vérifié, mais je me demande même si elle était inscrite au calendrier des commémorations officielles ?

 

La laïcité est devenue en France un principe de la République qui assure la liberté de chacun et la protège, qui permet à chacun d’adhérer à telle ou telle option spirituelle, de croire en ce qu’il veut ou de ne pas croire. La laïcité n’a pas à voir avec la tolérance, elle a à voir avec un principe de non-confessionnalité, un principe de droit politique. Elle n’est pas un système de contrôle de la religion par l’Etat, elle est un système de séparation des Eglises et de l’Etat. Elle protège la liberté de consciences et la conjugue avec l’égalité des droits des individus citoyens. Elle aide la République à se fonder sur la visée de l’intérêt général, du bien commun à tous.

 

Elle s’attache à préserver l’État et les institutions de la vie sociale, pour le moins, de la tutelle religieuse. Et à ne jamais revenir à quelque régime de religiosité que ce soit, comme ce fut le cas historiquement sous l’Ancien régime avec un "régime de catholicité". Il s’agit ni plus ni moins que de maintenir les conditions qui préservent l’État de l’emprise de la religion mais aussi d’empêcher qu’une partie religieuse de la société puisse asservir le reste de la société.

 

Elle n’est pas une « religion » d’Etat, elle n’est pas un texte sacré, mais une loi principielle. Elle n’a pas à être révisée. Même si elle peut, le cas échéant, être changée -  après tout elle l’a déjà été depuis 1905 -  pour s’adapter au temps présent si nécessaire. Mais, pour paraphraser Montesquieu, si tel devait être le cas, il ne faudrait y toucher que d’une main tremblante !

 

Quoi qu’il en soit, elle n’a nulle besoin d’être instrumentalisée, comme on le voit  depuis près de sept ans, ni par quelques-uns de ses partisans déclarés ni par ses adversaires déclarés ou en tenue camouflage.

 

Elle n’a aucunement besoin que l’on bêtifie à son sujet. Elle n’exige en rien à ce que la République demande aux croyants d’être « modérés », pas plus qu’elle ne consent à ce que la laïcité soit modérée, ce qui n’aurait pas de sens.

 

La République laïque ne promeut aucun particularisme spirituel, pas plus que culturel, encore moins contre un autre, elle est mûe par le seul souci d’émanciper le droit de l’emprise de tout particularisme.

A l'heure de son anniversaire, la laïcité n’a pas besoin d’être adjectivée pour être comprise ou pour être de son temps. Elle a surtout besoin, aujourd’hui comme hier - un peu plus aujourd'hui qu'hier ? -  que ses principes soient juste réellement inscrits dans la réalité et qu’on les fasse vivre. On, c’est-à-dire, l’Etat, les acteurs politiques et sociaux, et nous toutes et tous qui sommes les citoyens.

 

Dominique Lévèque est secrétaire général du PRé

 

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