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LA RENAISSANCE DE L'HUMAIN EST LA SEULE CROISSANCE QUI NOUS AGREE, par Raoul VANEIGEM

 

Les coups de boutoir que la liberté porte à l’hydre capitaliste, qui l’étouffe, font fluctuer sans cesse l’épicentre des perturbations sismiques. Les territoires mondialement ponctionnés par le système du profit sont en butte à un déferlement des mouvements insurrectionnels. La conscience est mise en demeure de courir sus à des vagues successives d’événements, de réagir à des bouleversements constants, paradoxalement prévisibles et inopinés.

 

Deux réalités se combattent et se heurtent violemment. L’une est la réalité du mensonge. Bénéficiant du progrès des technologies, elle s’emploie à manipuler l’opinion publique en faveur des pouvoirs constitués. L’autre est la réalité de ce qui est vécu quotidiennement par les populations.

 

D’un côté, des mots vides travaillent au jargon des affaires, ils démontrent l’importance des chiffres, des sondages, des statistiques ; ils manigancent de faux débats dont la prolifération masque les vrais problèmes : les revendications existentielles et sociales.

Leurs fenêtres médiatiques déversent chaque jour la banalité de magouilles et de conflits d’intérêts qui ne nous touchent que par leurs retombées négatives. Leurs guerres de dévastation rentable ne sont pas les nôtres, elles n’ont d’autre but que de nous dissuader de mener la seule guerre qui nous concerne, la guerre contre l’inhumanité mondialement propagée.

 

D’un côté, selon l’absurde vérité des dirigeants, les choses sont claires : revendiquer les droits de l’être humain relève de la violence antidémocratique. La démocratie consisterait donc à réprimer le peuple, à lancer contre lui une horde de policiers que pousse à des comportements fascisant l’impunité garantie par le gouvernement et par les candidats d’opposition, avides de lui succéder. Imaginez à quels trémolos se livreront les zombies médiatiques si l’immolation par le feu d’une victime de la paupérisation débouche sur l’incendie du système responsable !

 

De l’autre, la réalité vécue par le peuple est tout aussi claire. On ne nous fera pas admettre que l’on puisse réduire à un objet de transactions marchandes l’astreinte du travail mal rémunéré, la pression bureaucratique accroissant les taxes, diminuant le montant des retraites et des acquis sociaux, la pression salariale qui réduit la vie à une stricte survie. La réalité vécue n’est pas un chiffre, c’est un sentiment d’indignité, c’est le sentiment de n’être rien entre les griffes de l’État, un monstre qui se racornit en peau de chagrin sous la ponction des malversations financières internationales.

 

Oui, c’est dans le choc de ces deux réalités — l’une imposée par le fétichisme de l’argent, l’autre qui se revendique du vivant — qu’une étincelle, souvent infime, a mis le feu aux poudres.

 

Il n’est pas de futilité qui ne soit aujourd’hui de nature à déchaîner la violence de la vie réprimée, de la vie résolue à briser ce qui la menace d’extinction.

 

L’inertie séculaire, la léthargie si bien confortées par la vieille recette « du pain et des jeux », fondent la formidable puissance de la servitude volontaire. Déjà dénoncée au XVIe siècle par La Boétie, elle demeure notre ennemi le plus implacable. En nous attaquant de l’intérieur, la servitude volontaire favorise une propension qui agit chez beaucoup comme une drogue : la volonté d’exercer un pouvoir, d’endosser le rôle de guide. L’autorité de quelques-uns a bien souvent infesté les milieux libertaires de sa morbidité. Aussi faut-il se réjouir de la détermination des Gilets jaunes et des insurgés de la vie quotidienne à rappeler sans trêve leur refus de chefs, de délégués autoproclamés, de maîtres à penser, de grenouilles de bénitier politiques et syndicales.

 

Libre à ceux qui souhaitent mourir en paix d’attendre la mort dans le confort conjoint du cercueil et de la télévision, mais nous ne laisserons pas leur gâtisme infester notre volonté de vivre.

 

Ce que nous voulons, c’est la souveraineté de l’être humain. Rien de plus, rien de moins !

 

La paupérisation frappe à la porte avec une violence accrue, qui va la défoncer. C’en est fini de l’hédonisme des derniers jours que martèle le slogan consumériste et gouvernemental : « Jouissez d’aujourd’hui car demain sera pire ! » Le pire, c’est maintenant, si nous continuons à nous en accommoder. Cessons de croire à la toute-puissance du capitalisme et du fétichisme de l’argent. Nous avons appris que la grande farce macabre qui fait valser le monde n’obéit plus qu’à un petit ressort sordide, celui du profit à court terme, de l’absurde rapacité d’un boutiquier en faillite raclant les fonds de tiroirs.

 

Je ne parle pas d’espoir. L’espoir n’est que le leurre de la désespérance. Je parle de la réalité de toutes les régions de la terre où une insurrection de la vie quotidienne — appelez cela comme vous voulez — a entrepris de démanteler la dictature du profit et de jeter à bas les États qui l’imposent à des peuples, censés être représentés par eux. Ce que nous voulons, ce n’est pas demain, c’est maintenant, comme l’expriment très bien les aides-soignants, infirmières, infirmiers, urgentistes, médecins confrontés à la gestion économique qui déshumanise le secteur hospitalier.

 

Le système d’exploitation de la nature terrestre et de la nature humaine a mondialement plombé l’horizon. La chape de la rentabilité à tout prix ne laisse aucune issue à la générosité de la vie et au sens humain qui en favorise la pratique.

 

De toute évidence, exploiteurs et exploités sont persuadés que la marmite va exploser. La violence est inéluctable. Le problème n’est pas là. La question à résoudre sans ambiguïté repose sur une alternative.

 

Allons-nous tolérer que l’explosion sociale débouche sur un état de guerre civile endémique, sur un chaos de vengeances et de haines qui bénéficiera en fin de compte aux mafias multinationales, libres de poursuivre impunément, et jusqu’à l’autodestruction, leur projet de désertification lucrative ?

 

Ou bien, allons-nous créer des microsociétés affranchies de la tyrannie étatique et marchande, des territoires fédérés où l’intelligence des individus se libère de cet individualisme de troupeau en mal d’un guide suprême qui les mène à l’abattoir ? Allons-nous enfin oser prendre en main notre propre destinée et araser une jungle sociale où les bêtes de somme n’ont d’autre liberté que celle d’élire les bêtes de proie qui les dévorent ?

 

En 1888, Octave Mirbeau écrivait : « Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne disent rien et n’espèrent rien. Mais du moins, ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des révolutions pour conquérir ce droit. »

 

N’êtes-vous pas lassés de faire virevolter de génération en génération la même et inusable pièce de monnaie : pile la matraque de l’Ordre, face le mensonge humanitariste ?

 

Il n’y a pas de « vote du moindre mal », il n’y a qu’une démocratie totalitaire, que seule révoquera la démocratie directe exercée par le peuple et pour le peuple. Je me suis amusé au passage d’un slogan qui, si sommaire qu’il soit, appelle à une réflexion plus poussée : « Macron, Le Pen, Mélenchon, même combat de cons ! » (J’aurais préféré « même combat de capons », mais le rejet de toute forme de pouvoir et de dialogue avec l’État fait partie de ces petits plaisirs d’où viennent les grandes vagues de la jouissance individuelle et collective.)

 

Autonomie, auto-organisation, autodéfense

 

Les instances au pouvoir ne vont pas tolérer que le peuple s’affranchisse de leur tyrannie. Nous devons nous préparer à une longue lutte. Celle à mener contre la servitude volontaire ne sera pas la moindre. La seule assise dont le despotisme puisse se prévaloir, c’est la hargne sécuritaire des résignés, c’est le ressentiment suicidaire d’une majorité prétendument silencieuse qui hurle sa haine de la vie.

 

La meilleure défense est toujours l’offensive. À ce principe, amplement démontré par la tradition militaire, j’aimerais substituer celui de l’ouverture, car, à l’avantage de briser l’encerclement s’ajoute le plaisir de briser l’encasernement.

 

L’ouverture à la vie, nous la voyons à l’œuvre dans la farouche détermination des insurrections en cours. Même si certaines s’éteignent, elles repartent de plus belle. Nous le sentons dans le caractère festif des manifestations de protestation qui perdurent bien qu’elles se heurtent à l’aveuglement, à la surdité, à la rage répressive des gouvernements. C’est en me fondant sur cette ouverture que j’ai parlé de pacifisme insurrectionnel.

 

Le pacifisme insurrectionnel n’est ni pacifique, au sens bêlant du terme, ni insurrectionnel, si l’on entend par là les aberrations de la guérilla urbaine et guévariste.

 

Je n’ai ni vocation de guerrier ni vocation de martyr. Je m’en remets à la vie et à sa poésie du soin de dépasser les contraires afin qu’ils ne deviennent pas contrariétés, afin qu’ils échappent à la dualité manichéenne du pour et du contre. Je mise sur la créativité des individus pour inventer une révolution dont il n’existe aucun exemple par le passé. Le désarroi et les incertitudes d’une civilisation qui naît n’ont rien de commun avec le désarroi d’une civilisation qui n’a que la certitude de crever.

 

Philosophes, sociologues, experts en pensées, épargnez-nous les sempiternelles discussions sur la malignité du capitalisme qui rentabilise son agonie. Tout le monde est d’accord sur ce point, même les capitalistes. Les vrais problèmes en revanche n’ont pas été abordés. Ce sont ceux de la base, ceux des villages et des quartiers urbains, ceux de notre propre corps, qui est tout de même, faut-il le rappeler, le vrai décideur de notre destinée, non ?

 

Plus les luttes se répandent planétairement, plus leur sens gagne en radicalité, en profondeur, en expérience vécue, plus elles se passent d’engagement militant, plus elles se moquent des intellectuels, spécialistes en manipulation subversive ou réactionnaire (car la manipulation traite l’une et l’autre comme l’avers et le revers d’une pièce de monnaie). C’est à la fois dans leur vécu existentiel et dans leur fonction sociale que les individus se découvrent sur le terrain où leur aspiration à vivre commence à saper et à déblayer le mur que les chiffres d’affaires leur opposent, comme si là s’arrêtait leur destin.

 

Non, on ne peut plus parler de l’homme abstrait, le seul que reconnaissent les statistiques, les calculs budgétaires, la rhétorique de celles et ceux qui — laïcs ou religieux, humanistes ou racistes, progressistes ou conservateurs — font matraquer, éborgner, violer, emprisonner, massacrer, tandis que, tapis dans leurs ghettos de lâches, ils comptent sur l’arrogant crétinisme de l’argent pour assurer leur impunité et leur sécurité.

 

La dictature du profit est une agression contre le corps. Confier à la vie le soin de nous immuniser contre le chancre financier qui corrompt notre chair implique une lutte poétique et solidaire. Rien de tels que les feux de la joie de vivre pour réduire en cendre la morbidité du monde ! La révolution a des vertus thérapeutiques, insoupçonnées jusqu’à nos jours.

 

Écologistes, qu’allez-vous brailler à l’amélioration climatique auprès d’États qui vous narguent en polluant chaque jour davantage, alors qu’il est urgent d’agir sur un terrain où les questions n’ont rien de mondanités intellectuelles. Des questions telles que :

 

Comment passer des terres empoisonnées par l’agro-alimentaire à leur renaturation par la permaculture ?
Comment interdire les pesticides sans léser le paysan qui, piégé par Monsanto, Total et consorts, détruit sa santé en détruisant celle des autres ? Comment rebâtir sur des bases nouvelles ces petites écoles de village et de quartier que l’État a ruinées et interdites pour promouvoir un enseignement concentrationnaire ?
Comment boycotter les produits nocifs et inutiles que le harcèlement publicitaire nous enjoint d’acheter ?
Comment constituer des banques d’investissement local où la monnaie d’échange palliera opportunément l’effondrement monétaire et le krach financier programmé ?
Comment couper court aux prélèvements fiscaux que l’État affecte aux malversations bancaires, et entreprendre de les investir dans l’autofinancement de projets locaux et régionaux ?
Surtout, comment propager partout le principe d’une gratuité que la vie revendique par nature et que le fétichisme de l’argent dénature. Gratuité des trains et des transports publics, gratuité des soins, gratuité de l’habitat et de l’autoconstruction, gratuité graduelle de la production artisanale et alimentaire locale.

 

Utopie ? Y a-t-il pire utopie que le fatras de projets absurdes et délétères que déballent, sous les yeux fatigués des téléspectateurs, ces cabotins sans talent qui agitent le spectre de leurs guerres de commis-voyageurs, réitèrent sans fin la pitrerie du combat des chefs, voilent sous de faux débats les vraies questions existentielles et sociales, éclipsent le terrorisme d’État par un terrorisme de faits-divers où la folie suicidaire croît avec la paupérisation et un air ambiant de plus en plus irrespirable ?

 

A-t-on assez pris conscience que, dans leur diversité, voire dans leurs divergences, les Gilets jaunes et les mouvements revendicatifs formaient un formidable groupe de pression capable de boycotter, bloquer, paralyser, détruire tout ce qui pollue, empoisonne, appauvrit, menace notre vie et notre environnement ? Nous faire sous-estimer notre puissance et notre créativité relève des mécanismes démocratiques de la tyrannie étatique et marchande. Plus que sur ses gendarmes, la force illusoire de l’État repose sur un effet de propagande qui nous presse à chaque instant de renoncer à la puissance poétique qui est en nous, à cette force de vie dont aucune tyrannie ne viendra à bout.

 

Or, pendant ce temps-là...

 

Au Chili, la lutte contre la vermine qui prolifère sur le cadavre de Pinochet a ravivé la conscience que tout doit repartir de la base, que les représentants du peuple ne sont pas le peuple, que l’individualiste manipulé par l’esprit grégaire n’est pas l’individu capable de réfléchir par lui-même et de prendre le parti de la vie contre le parti de l’argent qui tue. Il faut laisser au peuple la conquête d’une intelligence qui lui appartient et que les diverses formes de pouvoir s’attachent à lui ôter.

 

Il en va de même en Algérie, au Soudan, au Liban, en Irak. Je fais confiance au Rojava pour transformer sa retraite momentanée en offensive.

Les zapatistes ont, quant à eux, répondu aux arguments économistes du socialiste López Obrador en accroissant le nombre de leurs bases (caracoles) et de leurs conseils de bon gouvernement, où les décisions sont prises par le peuple et pour le peuple.

 

La revendication opiniâtre d’une démocratie à Hongkong oscille entre d’une part une colère aveugle, prête à se satisfaire d’un parlementarisme partout remis en cause, et d’autre part une colère lucide qui ébranle et fait trembler par sa persistance la gigantesque pyramide du régime totalitaire chinois (qu’inquiète la menace d’un krach financier.) Qui sait ? Le lierre s’infiltre partout, et le passé insurrectionnel de Shanghai n’est pas loin.

 

Le Soudan secoue le joug de la tyrannie et du pouvoir militaire, l’Iran vacille. Le Liban est un coup de semonce pour le Hezbollah et pour l’islamisme dont la défroque religieuse ne masque plus l’objectif politico-pétrolier. L’Algérie ne veut pas d’un ripolinage gouvernemental. L’Irak découvre que la réalité sociale l’emporte sur l’importance accordée aux rivalités religieuses. Restent les Catalans, les seuls à vouloir un État alors que le « plus froid des monstres froids » est partout criblé de flèches. Mais il n’est pas impossible que les indépendantistes, engagés dans une impasse par le bras de fer opposant l’État madrilène à la non moins étatique Generalitat, respirent soudain les remugles du cadavre franquiste que l’esprit nationaliste a sorti de ses cimetières. Donc il n’est pas impossible que leur revienne la mémoire des collectivités libertaires de la révolution de 1936 où se forgea une véritable indépendance, avant que le parti communiste et son allié, l’État catalan, les écrasent.

 

Ce n’est qu’un rêve mais la vie est un songe et nous sommes entrés dans une ère où la poésie est le passage du rêve à la réalité, un passage qui marque la fin du cauchemar et de sa vallée de larmes.

 

Ouvrir un espace vital à celles et ceux que paralysent le désarroi et l’angoisse du futur, n’est-ce pas la pratique poétique qui fait l’insolente nouveauté de l’insurrection de la vie quotidienne ? Ne la voyons-nous pas dans la déperdition du militantisme, dans l’érosion de ce vieux réflexe militaire qui multiplie les petits chefs et leurs troupeaux apeurés ?

 

Sous la diversité de ses prétextes, l’unique revendication qui s’exprime aujourd’hui sans réserve, c’est la vie pleine et entière.

 

Qui s’y tromperait ? Nous ne sommes pas dans le tumulte de révoltes prévisibles ou inattendues, nous sommes au sein d’un processus révolutionnaire. Le monde change de base, une vieille civilisation s’effondre, une civilisation nouvelle apparaît. Les mentalités compassées et les comportements archaïques ont beau se perpétuer sous un ersatz de modernité, une nouvelle Renaissance émerge au sein d’une histoire que son inhumanité met en capilotade sous nos yeux. Et ces yeux se dessillent peu à peu. Ils découvrent chez la femme, l’homme et l’enfant un génie d’expérimenter innocemment des innovations inouïes, des énergies insolites, des formes de résistance à la mort, des univers qu’aucune imagination n’avait osé mettre en branle par le passé.

 

Nous sommes là où tout commence.

 

N.B : Nous remercions Raoul Vaneigem et La Voie du Jaguar pour nous avoir donné leur accord afin de pouvoir reproduire ici ce texte, ainsi que Marc Tomsin  pour son amabilité. Ecrit le 17 novembre 2019, ce texte  a été mis en ligne initialement le 23 novembre sur le site "La voie du Jaguar " .

La renaissance de l’humain est la seule croissance qui ...

lavoiedujaguar.net/La-renaissance-de-l-humain-est-la-seule-croissance-qui...

 

Il est destiné à paraître dans un ensemble plus large chez un éditeur au printemps 2020.

 

Raoul Vaneigem, né en 1934 à Lessines en Belgique, est écrivain et médiéviste, membre de l’Internationale situationniste de 1961 à 1970. Fils d’un cheminot socialiste anti-clérical, il fréquente les Faucons rouges, une organisation de jeunesse socialiste. Il suit des études de philologie romane à l'Université Libre de Bruxelles (de 1952 à 1956). Agrégé de lettres, il enseigne à l'École normale de Nivelles dans le Brabant et écrit, à 22 ans, un mémoire sur Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. Par l'intermédiaire d'Attila Kotanyi, il fut mis en contact avec Guy Debord, et il a participé activement à l'IS jusqu’à sa sortie, suite à un désaccord avec Guy Debord.

 

Auteur d’une quarantaine de livres et textes divers dont :

(Le fameux) Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations (Gallimard, 1967 ; rééd. Folio, 1992) d’où furent tirés plusieurs des slogans célèbres de Mai 68.

Plus près de nous :

Appel à la vie contre la tyrannie étatique et marchande (Editions Libertalia, 2019).

Contribution à l’émergence de territoires libérés de l’emprise étatique et marchande (Rivages, 2018).

Propos de table (Le Cherche Midi, 2018)

De la destinée (Le Cherche Midi, 2015)

Rien n'est fini, tout commence, livre d'entretiens avec Gérard Berréby (Allia, 2014)

Histoire désinvolte du surréalisme (Editions Libertalia, 2013)

Lettre à mes enfants et aux enfants du monde à venir (Le Cherche Midi, Paris, 2012)

Les Cueilleurs de mots, illustré par Gabriel Lefebvre, 2012

L’État n’est plus rien, soyons tout (Editions Rue des Cascades, Paris, 2010)

Le Chevalier, la Dame, le Diable et la Mort, 2003

De l’inhumanité de la religion, 2000

Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l’opportunité de s’en défaire (Seghers, Paris 1990) — prix quinquennal de l'essai de la Communauté française de Belgique 1991

Nous qui désirons sans fin, 1996

Histoire désinvolte du surréalisme (publié sous le pseudonyme de Jules-François Dupuis chez Paul Vermont éditeur, en 1977, puis réédité aux éditions de l’Instant en 1988 et chez Libertalia, 2013)

La Résistance au christianisme. Les hérésies des origines au XVIIIe siècle (Fayard, Paris 1993)

Le Livre des plaisirs (éd. Encre, 1979 ; rééd. Labor, Bruxelles 1993)

Le Mouvement du libre-esprit. Généralités et témoignages sur les affleurements de la vie à la surface du Moyen Âge, de la Renaissance et, incidemment, de notre époque (Ramsay, 1986 ; rééd. L'Or des fous, 2005 avec préface de l'auteur et notice et bibliographie de Shigenobu Gonzalvez). Etc.

 

La voie du Jaguar a fait ses premiers pas sur l’Internet en 2012. Inspiré par le mouvement social d’Oaxaca (sud du Mexique en 2006) - son titre fait référence à une figure symbolique du monde amérindien - La Voie du Jaguar se veut un " espace d’informations et de correspondance pour l’information individuelle et collective ". Enracinée dans l’histoire de la rébellion zapatiste de la fin du 20e siècle au Chiapas, La Voie du Jaguar cherche à faire entrer en correspondance ce mouvement à l’histoire sociale européenne (Commune de Paris, révolution espagnole, Mai 68...) et aux luttes qui s’organisent de façon autonome sur d’autres continents.

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Dominique Lévèque (lundi, 02 décembre 2019 09:24)

    Comme me l’a dit Marc Tosmin de La voie du Jaguar, « la problématique républicaine est bien différente de la problématique libertaire » ! Certes, mais il n’empêche qu’au PRé, nous ne dédaignons pas échanger entre personnes de pensée différentes, voire antagonistes en apparence ou pas. Au reste, sur certains points de nos analyses, nos emprunts à la philosophie sociale d’un Proudhon ou d’un Dewey, notre attachement au mutuellisme, au développement individuel par exemple, notre positionnement anti-autoritariste, la recherche d’une société durable qui n’exclut pas par principe des formes d’auto-organisation ici ou là, notre intérêt pour la démocratie associative, la social-écologie que nous essayons de promouvoir pourrait être qualifiée par certains aspects de « libertaire »…
    En fait, la réalité et l’imaginaire ne sont pas pour nous antinomiques. Ce dialogue du réel et de l'utopie surgit régulièrement depuis la création du PRé en 2010. Il va jusqu’à se pratiquer en beaucoup de ses membres. Cette tension se faufile sans arrêt dans nos propres repères individuels. Nous ne croyons pas que le réel doive se limiter à ce qui existe. Nous « militons » pour que les frontières de l'impossible soient repoussées grâce à une meilleure connaissance du poids tyrannique du passé comme celui des imperfections de chacune et chacun (pas seulement celles de nos gouvernants, mais aussi celles que l'on perçoit le matin dans sa salle de bain, devant sa glace, mais qui sont vite oubliées dans les cafés du commerce de nos dénonciations ordinaires).
    Ce qui nous différencie assurément étant notre rapport à l’Etat et au fédéralisme.
    Si nous ne détestions adjectiver à tout va (comme le font certains sur la laïcité par exemple), on pourrait cependant qualifier ce chemin de traverse par l'expression paradoxale de social-écologie libertaire. Social-écologie, pour l'action au sein des institutions, sa volonté de lier enjeux écologiques et question sociale, et sa vision de l’à-venir. Libertaire, pour l'arrachement à la tendance normalisatrice de ces mêmes institutions. Alors certes, cette visée est loin d’être la tasse de thé de certains anarchistes satisfaits de leurs poses face au monde. Ou des technos pus et durs. Les premiers croyant dur comme fer avoir des droits de propriété sur l'utopie, et les seconds, sur le réel.
    Ce n’est pas que nous nous plaisons, au PRé, à cultiver un tel paradoxe devant la complexité du monde, mais nous avons juste l’envie de tenter, fusse de manière gauche, de se définir en positif, en ne se contentant pas d'une étiquette négative limitée (Cf ; l'anti-libéralisme ou l’anti-ultra libéralisme des mouvements sociaux des dernières années). Car ces dernières années (depuis la fin des années 9O), tant le réel de la politique institutionnelle que le réel de la critique sociale apparaissent en mal d'utopie.
    Il ne nous froisse donc pas - bien au contraire - que l'utopie puisse nourrir le réel et inversement le réel, l'utopie. Mais nous restons lucides : nous ne méconnaissons pas qu’à certains moments de l'histoire, la société a été malade d'un trop-plein d'utopie et, à d'autres, de trop peu d'utopie. Laquelle de ces deux situations vivons nous aujourd’hui ?

  • #2

    Dominique Lévèque (lundi, 02 décembre 2019 09:27)

    "Les rêves n'ont plus d'repaires", dit la chanson. Cette nostalgie, qui balise de ses feux intermittents notre quotidien et aliment notre mélancolie, réussira-t-elle à nous mettre en colère et en mouvement pour autre chose que pour le prix de l'essence ?
    En attendant, nous sommes ravis de cet échange qui se poursuivra peut-être…
    Merci à Raoul Vanegem pour qui : « Cela fait, depuis le Mouvement des occupations de mai 1968, que je passe – y compris aux yeux de mes amis – pour un indéracinable optimiste, à qui ses propres rengaines ont tourné la tête. Pourquoi mon attachement viscéral à la liberté s’encombrerait-il de raison et de déraison, de victoires et de défaites, d’espoirs et de déconvenues, alors qu’il s’agit seulement pour moi de l’arracher à chaque instant aux libertés du commerce et de la prédation, qui la tuent, et de la restituer à la vie dont elle se nourrit ?
    J’ai à l’endroit du sens humain la même confiance. »