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LE VERTIGE DU VIDE, par Jean Naem

 

Laïcs et religieux radicaux face à face pour répondre au vertige du vide !
Deux suicides de jeunes en quelques jours, celui aussi d’une enseignante.

Devant de vraisemblables fractures intimes, malgré tout, les messages laissés dénoncent le vide et la perte de sens, d’avenir et d’espérance.

La vie politique française ne s’en soucie guère.

Ces morts sont de sombres et ignorés icebergs.

Ils se dressent néanmoins dangereusement devant ces paquebots ignorants du monde et mercantiles comme ceux qui détruisent Venise.

Ce sont des glaces sans teint derrière lesquelles la jeunesse observe, désabusée, ses élites, ses aînés qui ne font plus référence.

 

 

Les partis, les peoples de la vie publique gèrent ces crises comme des boutiquiers gourmands devant de nouvelles marchandises à fourguer.

Ça défile sur le pavé, sur les talkshows, petites musiques glauques et délétères : Gilets Jaunes, Femmes victimes, Migrants, GPA, Véganisme, Glyphosate, huile de Palme, perturbateurs endocriniens, chacun sa cause, chacun son business. Notre vision du monde, le projet national ? Vous repasserez, on a plus ça en stock, trop cher et trop long à fabriquer.

 

Le vide et le néant font de la jeunesse la première victime.

La jeunesse a besoin de combats à gagner. « Étant elle-même beauté, la jeunesse n'a pas besoin de sérénité : dans l'excès de ses forces vives, elle se laisse volontiers vampiriser par la mélancolie. » disait Stefan Zweig.
Cette mélancolie est puissamment présente dans notre société. Et pour cause, les quinquas sexas d’aujourd’hui sont les produits de la « bof génération » qui succéda à l’exaltation des soixante-huitards. L’Everest du vide fut atteint avec le quinquennat Hollande. Ce fut, est-ce un hasard, le temps de l’affermissement de l’islamisme radical, sur notre sol et au sein d’une partie moins négligeable qu’on le croit, de notre jeunesse.

Ce fut le temps du Djihad et des attentats.
Aujourd’hui la contagion se propage vers les jeunes filles maghrébines. Pas très surprenant, elles sont les oubliées de la société alors qu’elles sont les principales bénéficiaires de la République.
De bonnes âmes leur livrent clef en main le bourgeois mâle français de souche comme la source des mots et le grand Satan de la discrimination. C’est le moteur de la manifestation de Novembre.

 

Un dessin plutôt réussi mettait en scène un islamiste et un soutien de CHARLIE s’insultant de « passéiste ». J’ai pensé à Péguy, la jeunesse serait-elle réac ? Au-delà d’elle, la seule parole politique audible, ou qui porte, ne serait-elle pas celle des réacs, de Gauche ou de Droite, laïcards ou religieux ?

 

« Ce que nous savons, ce que nous voyons, ce que nous connaissons de toute certitude, c’est que pour l’instant nous sommes l’arrière-garde. Nous sommes les derniers. Presque les avant-derniers… », écrit Péguy dans Notre jeunesse. Il précise : « Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin C’est-à-dire : le monde de ceux qui ne croient à rien, pas même à l’athéisme, qui ne se dévouent, qui ne se sacrifient à rien. Exactement : le monde de ceux qui n’ont pas de mystique. Et qui s’en vantent. »

Ce « rien », les islamistes le remplissent chaque jour, ils ne craignent pas l’excès. Ils réussissent un tour de force extraordinaire : dans une société numérique et mondiale, ils mobilisent une jeunesse sur un texte archaïque du VIIième siècle !

 

Nous, les « laïcs » parlons « loi de 1905 » et nous faisons vieux ! Il faudrait rénover les textes… Diable, Mais c’est le lot de toute loi humaine, en forme de droit positif. Nous agissons sur du sable.

Dans le célébrissime discours de 1903, à Albi, Jean Jaurès dit « Ce qui faisait la force invincible de la République, c'est qu'elle n'apparaissait pas seulement de période en période, dans le désastre ou le désarroi des autres régimes, comme l'expédient nécessaire et la solution forcée. Elle était une consolation et une fierté ». Remplaçons la République par l’Islam et nous avons le cœur du credo de la propagande radicale.

Une consolation et une fierté …

 

Comment consoler une génération trahie ? Depuis 1993, les gouvernants ont coché toutes les cases des mensonges : égalité homme femme, justice, accueil des étrangers, dignité de notre politique étrangère, lutte contre le chômage, logement, insécurité, mobilité, école de qualité, rien n’a marché. On comprend que ce monde qui fait le « malin » comme l’écrit Péguy, est insupportable.
Consoler et retrouver la fierté, s’il y a un printemps républicain à faire éclore, il doit mesurer sans crainte et avec réalisme, l’immensité du fossé que nos pères et proches cousins ont creusé avec la jeunesse.

 

C’est un travail de réparation qu’il faut engager, comme dans la vigne après les dégâts du gel et de l’hiver. Mais comment parler ? Christiane Taubira, dans un joli livre, propose le « murmure » à la jeunesse ». Mais où murmurer ? Où s’écouter ? Où remplir le vide de l’immense héritage intellectuel et moral de la République ? A l’école…

 

Commençons par l’Ecole. Remettons y la République, la Liberté de conscience, l’Egalité des droits, la Fraternité de destin. L’épisode FCPE a remis un temps l’école au milieu du village.
Le printemps de l’école républicaine, ce sera l’obligé réveil des professeurs. Leur reprocher leur part du vide ne servira à rien, même si je la crois réelle. Comme les politiques, ils ont perdu pied et sont devenus les spectateurs déprimés de leur impuissance à faire des élèves des égaux. Faute de savoir-faire ce qu’il faut, ils font ce qu’ils savent, aurait dit le Maréchal de Saxe.
Si parti laïc il faut, ce parti sera celui de l’Ecole.

 

Dans une tradition du «Mai» (déjà le printemps républicain) on plantait le premier jour de mai un arbre pour fêter le printemps. C'était un reste d'un rite païen...

Les révolutionnaires ont repris cette tradition pour l'appliquer à «l'amour de la Liberté». La tradition de plantations d'arbres sera reprise à chaque étape importante du progrès des libertés : 1830, 1848, 1871, 1945.

Le 2 Mars 1848, c'est Victor Hugo qui préside la cérémonie, Place des Vosges à Paris.

 

Notre maison familiale est une ancienne école, au centre de la cour règne un tilleul plus que centenaire, essence symbolique républicaine.

Il me plait à penser qu’il fut planté en 1871… Chaque printemps, il refleurit, ses fleurs ont des vertus apaisantes.
L’école, c’est la Paix.

 

Jean Naem, praticien Organisation & Management, spécialiste de l’habitat social et de l’immobilier d’intérêt général, local et environnemental, est directeur «Habitat Collectif » chez Océa Smart Building (expertise en pilotage de la performance immobilière et environnementale).

Collaborateur cabinet du Premier  Ministre Michel Rocard (Sept1988-juillet 1989).

Vice-Président Relations internationales Unef Id (Janv 1987-Juin 1988), vice-Pt de l’Université  Paris I Panthéon Sorbonne (mai 1987- mai 88)

 

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