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EUROPE : POUR UN SURSAUT DE LA SOCIETE CIVILE, par Thierry Libaert


Christophe Castaner sera-t-il tête de liste pour LREM et Nicolas Bay pour le Rassemblement National ?

Yannick Jadot a-t-il eu raison de fermer la porte à Benoît Hamon ?

Quelle personnalité pourra représenter LR et le PS ?

 

La manière dont se préfigure le débat des élections européennes du 26 mai prochain n’augure rien de bon.

 

D’autres sujets tout aussi inquiétants émergent. Ces élections seraient pour les Français un moyen d’alerter le gouvernement sur la crise migratoire, elles devraient être perçues comme un référendum anti Macron.

Ressenties comme sans réel enjeu, les élections européennes apparaissent une fois de plus comme un levier d’opposition ou de soutien au gouvernement en place.

 

Quant au débat européen lui-même, il est fort probable qu’il se focalise sur la question centrale des mouvements populistes : faut-il plus ou moins d’Europe ? Question qui amène implicitement la réponse : il en faudrait forcément moins.

Le projet européen, ce grand rêve de personnalités remarquables, de Jean Monnet à Simone Veil, de Robert Schuman à Jacques Delors ; il n’en sera donc pas question.

Il ne sera pas non plus question d’adapter ce projet au monde d’aujourd’hui ni à celui de demain, en pleine période de remise en cause de nos modes de vie.

 

Avant même de s’interroger sur l’Europe que nous voulons, le débat se focalise déjà sur sa dénonciation. Le risque est donc tout autant celui d’une explosion populiste que celui d’une indifférence électorale, à l’exemple des trois derniers scrutins où l’abstention avoisinait les 60 %.

 

Malgré cela, une chose est sûre : l’Europe de demain ne pourra pas se faire sans les européens. Le citoyen européen a longtemps été le grand oublié de la construction de l’Union et son rôle a été cantonné aux grandes consultations électorales.

 

Pour siéger depuis maintenant 8 ans au Comité Economique et Social Européen, où je suis le point de contact de la délégation française, je peux témoigner de l’ampleur des travaux que nous effectuons pour une consommation plus durable, la protection des données, les échanges universitaires, la transition écologique. A chaque fois, nous sommes capables de dépasser nos désaccords pour trouver le compromis acceptable pour le plus grand nombre. Il en est de même dans les Comités Economiques, Sociaux et Environnement, que ce soit en région ou au niveau national. Lorsqu’elle s’organise, la société civile est capable de faire bouger les lignes.

 

Rappelons-nous le Grenelle de l’Environnement où se réunirent plusieurs jours des collectivités locales, des experts, des Organisations syndicales, des ONG, des entreprises. Peu y crurent vraiment et, au final, plus de 200 propositions émergèrent. Certes, toutes n’aboutirent pas et chacun se souvient du déclin régulier du soutien politique. Mais l’évènement fut fondateur d’une nouvelle dynamique.

 

Nous sommes convaincus que seuls les citoyens européens peuvent réveiller l’espoir européen. Les politiques sont dans leur rôle de canalisation des passions publiques et les organisations de la société civile n’entendent pas s’y substituer. Mais ce que nous réussissons dans nos instances de travail, ce que nous avons réussi lors du Grenelle de l’Environnement, nous pouvons le faire pour l’Europe.

 

C’est à un grand rendez-vous pour proposer notre vision de l’Europe, de ce que nous tous, associations, fédérations, mouvements de la société civile, devons porter. L’objectif est de permettre à la France de retrouver sa place au cœur d’un grand projet européen refondé.

 

La société civile doit impérativement reprendre la parole sur un sujet où le politique s’est trop souvent montré défaillant et déconnecté des préoccupations et espérances réelles de chacun. Ces élections européennes peuvent et doivent être l’occasion d’une transformation profonde.

 

Alors commençons dès maintenant: Parlons désormais moins de l’Europe et parlons davantage des européens.

 

 

Thierry Libaert est membre du Comité Economique et Social Européen, dont il est le point de contact de la délégation française. Il est également membre du GIE « Toute l’Europe » et du comité d’orientation des consultations citoyennes.

Thierry Libaert est membre du conseil des membres et du conseil scientifique du PRé.

 

 

 

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