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BIODIVERSITE - SATELLITE - ECOSYSTEME, par Dominique Lévèque

 

Pour la première fois à l’échelle mondiale, une équipe internationale impliquant un chercheur deux-sévrien INRA du Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS, Université de La Rochelle), Nicolas GROSS et des scientifiques argentins et espagnols, montre les effets positifs de la biodiversité végétale sur la stabilité et le fonctionnement des écosystèmes terrestres.

Grâce à l’analyse de données satellitaires et des observations sur 123 sites dans le monde (à l’exception de l'Antarctique), les chercheurs révèlent que l’influence de la biodiversité sur les écosystèmes est tout aussi importante que celle du climat ou du sol.

Leurs résultats sont publiés dans la revue PNAS le 30 juillet 2018.

 

 

L’humanité dépend directement des services fournis par les écosystèmes pour son bien-être, son développement et sa survie. Exemple phare : les services associés à la production de biomasse par la végétation ainsi que sa stabilité au cours du temps pour assurer l’alimentation humaine et animale, la fertilité des sols ou encore la production de bois et de combustible.

 

Si depuis 20 ans, de nombreuses études ont démontré l'importance de la diversité végétale dans le maintien et la stabilité des écosystèmes, elles ont été réalisées dans le cadre d’expérimentations en conditions contrôlées et dans un nombre d’écosystèmes restreint.

 

Les scientifiques ont examiné des écosystèmes contrastés, composés de plantes très différentes, aux histoires géologiques et climatiques diverses : la savane africaine, les déserts steppiques en Chine, la pampa en Amérique du Sud, des forêts australiennes ou encore les maquis du bassin méditerranéen et les steppes nord-africaines.

 

La variation temporelle de la couverture végétale obtenue par image satellite a été utilisée comme indicateur de la stabilité de l'écosystème puis a été liée à la diversité végétale observée sur le terrain. Au-delà du nombre d'espèces végétales, ils ont également analysé l’effet de la diversité fonctionnelle des plantes, c’est-à-dire la diversité de leurs tailles, de leurs formes ou de la physiologie de leurs feuilles associées à la capacité des plantes à survivre dans des conditions climatiques pouvant être très variables dans le temps.

 

Leurs résultats révèlent que les effets positifs de la diversité végétale sur la stabilité des écosystèmes sont détectables dans le monde entier et dans tout type d’écosystèmes.

Ils suggèrent que la biodiversité a une influence positive et aussi importante que le climat ou le type de sol sur la stabilité et le fonctionnement des écosystèmes.

 

Les travaux montrent que, dans le contexte actuel du changement climatique et l’augmentation global de l’aridité, la relation entre la stabilité des écosystèmes et la diversité des plantes peut être modifiée.

Dans les zones de faible aridité, le contrôle de la stabilité des écosystèmes dépend principalement de la diversité fonctionnelle des plantes. Dans celles de forte aridité, ce rôle de stabilité est principalement joué par le nombre d'espèces présentes sur le site.

 

Or, les écosystèmes arides de la planète abritent 38 % de la population mondiale dont 90 % sont localisés dans des pays en voie de développement, des populations souvent très dépendantes de la stabilité temporelle des ressources naturelles. Préserver différentes facettes de la biodiversité des plantes apparait comme essentielle dans un contexte de changements globaux et d’aridité croissante pour maintenir la stabilité et le fonctionnement des écosystèmes dont l’humanité dépend.

 

Dominique Lévèque est secrétaire général du PRé

 

 

Contact(s) scientifique(s) :

Nicolas Gross, chercheur Inra (05 49 09 96 13) Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CNRS, Université de La Rochelle)
Département(s) associé(s) :
Santé des plantes et environnement, Écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques
Centre(s) associé(s) :
Nouvelle-Aquitaine-Poitiers

Référence :Climate mediates the biodiversity-ecosystem stability relationship globally. Pablo García-Palacios, Nicolas Gross, Juan Gaitán et Fernando T. Maestre. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. 30 juillet 2018.

 

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