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HOMMAGE A SEVERIANO DE HEREDIA (1836-1901)

Une plaque a été apposée lundi 5 octobre à Paris, dans le 17°, en hommage à Severiano de Hérédia (1836-1901), maire de Paris, militant laïque originaire de Cuba

Mme la Maire,


Mme et MM les parlementaires, les élus, les responsables associatifs,

Mesdames Messieurs,


Je suis très heureuse d’être avec vous aujourd’hui, chère Anne, pour évoquer la remarquable histoire de Severiano de Hérédia , évocation si roborative à l’heure décidément triste où le débat public est occupé par des polémiques d’un autre temps ; où le mot « race » est brandi comme un repoussoir ; à l’heure des régressions idéologiques qui n’ont aucun effet sur les vraies questions, les vrais problèmes et qui ne donnent aucune vraie solution.


Aujourd’hui au contraire, notre société a besoin de « se ceindre les reins » (comme dirait Aimé Césaire) pour trouver en elle-même, dans sa diversité, dans la tolérance et le dialogue, les moyens de trouver les réponses aux défis qui s’imposent à elle.

Je salue Paul Estrade, qui a effectué un travail considérable pour que Severiano de Hérédia trouve toute la place qui lui est due dans nos mémoires et dans notre histoire.

J’ai eu l’honneur de préfacer son ouvrage, « Severiano de Hérédia : ce mulâtre cubain que Paris fit maire et la République ministre ».

Il est important que nous puissions rendre hommage à un homme qui incarne les valeurs républicaines et qui montre par son parcours que le racisme n’est pas une fatalité inexorable. Cet homme, mulâtre, petit fils d’esclave, de surcroit né à la Havane, à la peau noire a été élu président du Conseil de Paris en 1879, en quelque sorte ce fut le premier homme de couleur (et seul à ce jour) maire de Paris. Lui rendre hommage c’est d’abord rappeler que ce fut possible.

L’histoire est faite de ces contradictions, de ces évolutions qui expliquent que Severino de Hérédia fut élu conseiller du quartier des Ternes en 1873, président du conseil municipal de Paris (l’équivalent de maire de Paris) en 1879, puis député en 1881 avant d’être nommé ministre des Travaux Publics du cabinet de Maurice Rouvier en 1887. Mais qu’il retomba ensuite dans l’oubli.

Il fut un acteur des luttes pour les libertés républicaines.

Le destin de Severino de Hérédia me rappelle celui d’un autre homme de qualité : le Chevalier de Saint-George, qui a donné son nom à une autre rue de la capitale, que Bertrand Delanoë a inaugurée en 2002. Fils d’esclave, virtuose, escrimeur habile, compositeur adulé en son temps, Saint-George a lui aussi été oublié avant d’être remis à l’honneur.

Il est heureux que notre pays veuille assumer aujourd’hui tout ce qui lui appartient, reconnaissant que son passé doit être transcendé pour donner des raisons d’espérer à chacun de ses enfants et de ses citoyens. Et ce, quelle que soit la couleur de sa peau, quelle que soient ses croyances, ou ses origines.

C’est notre devoir en tant qu’homme et femme politique, que de défendre ces valeurs cardinales de notre République : Liberté, Egalité et Fraternité.

Nous n’avons pas d’autre alternative.


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